Les “nhà vuon” ou maisons-jardins dont regorge l’ancienne cité impériale de Huê respirent l'harmonie et représentent une architecture subtile où chaque élément s’inspire de la nature qui l’entoure. Découverte des plus prestigieuses d'entre elles.

Maison-jardin d’An Hiên
Bâtie en 1895, autrefois résidence privée de la 18e fille du roi Duc Duc, la maison-jardin d’An Hiên s’étend sur 4.608 m2 au hameau de Xuan Hoa, commune de Huong Long. Elle appartient maintenant aux descendants de Nguyên Dinh Chi, qui l'a acquise en 1936 alors qu'il était gouverneur de la province de Hà Tinh (Centre). Après sa mort, sa femme Dào Thi Xuân Yên a transplanté plusieurs espèces de plantes dans le jardin de sa famille. Cette dame était la rectrice du lycée Dông Khanh de Huê, réservé aux filles. Au lendemain de la réunification du Vietnam, en 1975, elle était aussi députée des 6e et 7e législatures de l'Assemblée nationale et aussi membre du Comité central du Front de la Patrie.

La maison prend la forme d’une voûte traditionnelle et son toit est orné des têtes de tigre et avec des dessins stylisés sur deux côtés. De l'extérieur, au milieu du portail et sous le toit, on voit un panneau gaufré en forme d’un livre sur lequel sont incrustés deux mots signifiant “An Hiên” en morceaux de terre cuite verts et blancs sur fond noir. Au-dessus du panneau, il y a symétriquement deux chauves-souris déployant leurs ailes tout en regardant vers le bas de la porte. Juste en dessous du panneau, reposant délicatement dans une forme demi-circulaire, on voit des motifs de décoration en tête de tigre colorée.

Sous la plume de maints écrivains, le jardin d’An Hiên est décrit un lieu unique qui symbolise délicatesse. On y retrouve beaucoup de fleurs, des plus courantes comme jasmin, pergularia, grenade, tournesol, mais aussi des rosiers locaux, aux plus élégantes comme différentes variétés d’orchidées. Puis des rosiers importés d’Europe par les sociétés GauJard et Meilland, mais s’y figurent aussi des fleurs de myrte sauvages et spécialement mais également un grand et gros camélia offert par l’«Association des Fleurs japonais». Sans oublier de nombreux arbres fruitiers bien précieux, tel mangoustanier, durian, litchi et notamment un sapotier de Tien Dien ramené du district de Nghi Xuân, province de Hà Tinh par un arrière-petit-fils du grand poète Nguyên Du comme un cadeau pour M. et Mme Nguyen Dinh Chi. Il s’agit d’une variété de sapotier rare qui donne des fruits parfumés et sans graines au moi de juillet.

La maison–jardin d’An Hiên fait honneur à la beauté de la ville de Huê par son historique et ses aspects bien agréables à l’heure actuelle. Une fois à l’intérieur de cette propriété charmante, les visiteurs se sentent comme dans un univers en miniature à la fois paisible et cordial. Elle a en plus le charme spécial d’un beau livre inachevé.

Maison–jardin de Lac Tinh
Le jardin de Lac Tinh a été fondé en 1889 par le poète Hong Khang. Avec son terrain de 2.070 m² , il se trouve dans l'ancien village de Duong Xuan, sis actuellement au N°65, rue Phan Dinh Phung.

Le jardin possède un beau cadre et spacieux. Tout le long de l’entrée à la maison, se trouvent symétriquement deux rangées d'hibiscus. Un peu plus loin des roses, des lauriers et des fleurs jaunes traditionnelles de Huê ( ochna atropurpurea ). Sous les arbres, on voit des petites tables et chaises à la disposotion des visiteurs pour une pose de thé, sous les feuillages frais qui filtrent les rayons de soleil parfois trop chaud en été. À la fin du parcours se trouve un écran de mur mais à la forme d’un livre en style. Le mur écran reprend la structure hexagonale de la ruche d’abeilles pour y donner un peu de transparence tout en réduisant la distance entre la maison et ses environs.

Dans le cadre du jardin de Lac Tinh, il existe quatre maisons en mitoyen. Chacune a son propre nom portant une signification particulière et liée étroitement au propriétaire.
La Maison de Nhân Hâu (Maison de bienfaisance) a une architecture ouverte, sans cloison et avec beaucoup de pots de fleurs et de bonsaïs. Elle est le lieu de réception, de contemplation des fleurs et de la lune et également lieu de distribution de secours aux pauvres.

La Maison de Hy Tran Trai est situé au milieu du jardin. À l'intérieur, elle est décorée par plusieurs sentences parallèles. Son compartiment principal possède cinquante-neuf colonnes en bois de fer avec le toit couvert de tuiles plates. La charpente est sculptée de dragon, de caractères chinois, de la nature des quatre saisons et des huit armes traditionnelles… par des artistes de talent.

La Maison de Van Trai est le lieu de travail et de détente. La Maison de Di Tam Thich The Duong est le lieu d'études et de vie des enfants et petits enfants. Les quatre maisons sont anciennes par leur style architectural de l’extérieur, par leur décoration à l’intérieur mais aussi par leurs petits objets en usage courant. Ensemble, conjuguant l’élégance et le raffinement, ces maisons invitent à voix basse les visiteurs à la quiétude et au silence.

Maison-jardin de la princesse Ngoc Son
La princesse Ngoc Son est la fille du roi Dông Khanh. Quand elle s'est mariée, l’empereur lui a accordé un terrain de 2.370 m² pour construire sa propre résidence. Dans le jardin, il y a un écran, un bassin aux paysages artificiels et un lac aux fleurs de lotus. La propriété de la princesse Ngoc Son a été édifiée très tôt par rapport aux autres et est toujours bien conservée par les générations descendantes. L'ensemble du terrain est méthodiquement aménagé conformément à des règles de la géomancie orientale comprenant un écran, un lac, et la position de dragon et tigre, etc.

Le compartiment principal a été construit au style architectural des maisons en bois traditionnel. Entrant dans la maison, nous pouvons ressentir une l’ambiance solennelle et ancienne, totalement différente de la vie ordinaire. L'ensemble de la maison manifeste la vie élégante, l’âme saine et la passion pour l’art du propriétaire.

La maison principale tourne le dos à la route pour deux raisons, à savoir la bonne direction appropriée à l’astrologie de son propriétaire et la séparation de la vie urbaine bruyante. Ici, l'harmonie des trois éléments: architecture - homme – nature, a atteint une parfaire finesse, une merveilleuse attraction à ceux qui y sont venus. – AVI