Coronavirus : chomage, un casse-tete pour tous ! hinh anh 1Fermeture des commerces face au coronavirus. Photo : Ngoc Thang/CVN

Hanoï, 5 avril (VNA) - Une enseignante fabrique des masques. Un guide touristique se tente à la pâtisserie. Une agente immobilière s’improvise vendeuse en ligne... Voici quelques exemples de virage complet de métier en ces temps difficiles où la pandémie de coronavirus impacte négativement le gagne-pain de plusieurs dizaines de milliers de travailleurs à travers le pays.

Apparue au Vietnam depuis deux mois environ, l’épidémie de coronavirus a chamboulé la vie de toute la population et se répercute de manière négative sur l’économie nationale. Fermeture des écoles, interruption provisoire des endroits non nécessaires…, tout cela a radicalement changé la physionomie des grandes villes. Et les gens ayant perdu leur travail en raison des nouvelles règles du confinement cherchent à se débrouiller dans cette situation précaire, en exerçant des métiers qu’ils n’auraient jamais imaginé pratiquer un jour...

Professeurs deviennent brodeurs ou vendeurs

Juste une semaine après les vacances du Têt, les écoles ont toutes fermé à cause de la propagation du coronavirus. Les enseignants ont donc dû suspendre leur travail et rester à la maison. Cependant, Nguyên Phuong, propriétaire de deux écoles maternelles privées à Hô Chi Minh-Ville, continue à payer un loyer mensuel de 72 millions de dôngs. Pour rien.

En mars dernier, elle a demandé à son locateur une réduction de 50% du loyer en raison de l'inactivité des locaux. En vain. Phuong doit tout de même s’acquitter d’un montant de 65 millions de dôngs afin de les préserver.

"Depuis un mois, je confectionne des masques de protection. Un millier en ont été vendus. Heureusement qu'en plus de l'enseignement, je sais aussi coudre", a-t-elle confié. 

Mais ce n'est pas tout. Nguyên Phuong vend également à livraison des nouilles à la ciboule de Chine qu'elle prépare elle-même, au prix de 25.000 dôngs le bol.

"La semaine dernière, j’ai acheté des raisins rouges de Ninh Thuân (Centre) pour la confection de cidre de raisin que je vends également. Je propose aussi des galettes de riz mélangées aux épices. En outre, je prépare d’autres plats cuisinés comme le bœuf au caramel ou les nouilles de riz au bœuf pour les commandes en ligne", a-t-elle ajouté.

La directrice s’efforce de travailler sans répit en dépit du confinement, afin de "payer les loyers de mes deux écoles". En espérant que l’on puisse retourner au travail après la fin de la pandémie.

Depuis deux mois, Nhân Châu, enseignante d'un collège à Huê, province de Thua Thiên-Huê (Centre), vend en ligne des produits de consommation. "Mes collègues et moi, nous n’avons plus de salaire en raison de la fermeture des écoles. Nous devons donc trouver un autre emploi pour pouvoir s’en sortir", a-t-elle expliqué.

"Tandis que mes amis cuisinent elles-mêmes des desserts salés ou sucrés pour livrer à domicile, j’ai choisi de revendre certains produits, des livres notamment, car mes enfants sont encore petits", a-t-elle précisé. Châu leur propose sur Zalo et Facebook. Mais dans le contexte actuel, le commerce reste difficile. Une commande de quelques centaines de milliers de dôngs, "ça apporte déjà de la joie", a-t-elle sourit.

Guides touristiques et agents immobiliers ne sont pas épargnés

L’épidémie n’épargne presque personne et d’autres métiers sont également touchés, notamment à cause de la rupture des services liés au tourisme. C’est le cas de Phùng Tiên Dat, jeune diplômé du Collège du tourisme de Hanoï, avec deux ans d’expériences en tant que guide touristique libre.

Sans salaire fixe mais il touche un revenu mensuel d’environ 15-18 millions de dôngs, acquis grâce à sa collaboration avec des agences de voyages et autres entreprises. Ce qui lui permet une vie plutôt confortable à Hanoï. Mais c’était avant. L’arrivée imprévue de la pandémie a bloqué son travail. Soudainement devenu chômeur, il a dû retourner vivre avec ses parents à Son Tây, en banlieue de la capitale.


"Rester à la maison est effectivement ennuyeux. C’est ainsi qu’a germé dans ma tête l’idée d’un petit commerce : vente en ligne de desserts faits maison", a raconté le jeune. Se déplacer plusieurs dizaines de kilomètres chaque jour entre sa maison à Son Tây et le district de Gia Lâm, il cherche à élargir sa clientèle grâce aux réseaux sociaux. Tiên Dat s’avère flexible face à cette situation difficile.

Le marché immobilier, lui non plus, n’est pas exclu de ce bouleversement économique. Trân Thi Lan, agente immobilière expérimentée de la Société par action Dât Xanh à Nha Trang, province de Khanh Hoà (Centre), est devenue malgré elle vendeuse de produits issus de nids de salangane. Elle a su profiter de la liste de ses clients afin de leur présenter ses produits. Comme tout le monde, Trân Thi Lan a dû s’adapter, au fur et à mesure, à ce nouveau contexte.

"Bloqués" à la capitale

Mais ce n'est pas que tout le monde a la chance d’avoir du succès avec ces emplois de fortune. Le jeune guide touristique Tiên Dat a dû arrêter la vente en ligne de ses gâteaux après une semaine. Car "seulement 15.000 dôngs de profit pour une commande qui demande parfois de me déplacer plusieurs dizaines de kilomètre dans une situation aggravée d’épidémie, c’est trop risqué et ça ne vaut pas le coup !", a-t-il expliqué.

Même sort pour Diêu Linh, collaboratrice de plusieurs agences de voyages à Hanoï, également chômeuse depuis deux mois. La nouvelle règle sur la distanciation sociale a suspendu l'activité des trois boutiques de vêtements de sa famille, ainsi que son travail temporaire.

"Nous nous sommes également lancés dans la vente en ligne mais la demande diminue. Seulement quatre ou cinq commandes chaque jour, alors que nous devons payer toujours un loyer mensuel de 35 millions de dôngs pour les locaux", a confié la jeune femme. Linh et sa famille comptent les rendre à la fin du mois, "mais nous craignons de perdre toute l'avance que nous avons avons versée".

D’autres guides touristiques venus d’autres provinces s’inquiètent aussi de leur quotidien en restant à Hanoï. Ils ont essayé de participer aux services de livraison comme Grab, GoViet ou AhaMove, mais la fermeture des magasins et restaurants les obligent à repenser à une autre solution. Même à retourner dans leur ville natale.

Outre la menace qu’elle représente pour la santé publique, la pandémie de coronavirus touche presque tous les secteurs. On ne sait pas encore quand cette crise sanitaire prendra fin, mais ses conséquences deviennent de plus en plus graves : le fardeau d’une vie précaire qui pèse lourdement sur les épaules de travailleurs, cherchant sans discontinuer à survivre dans les grandes villes, à l’heure où gagner la vie devient plus difficile que jamais. - CVN/VNA
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