Hanoi (VNA) – Ces dix dernières années, le Vietnam a compté 100.000 toxicomanes supplémentaires dont 70% en dessous de 30 ans et 5% de moins de 18 ans. Actuellement, environ 70% des toxicomanes vietnamiens consomment des drogues de synthèse. Dans certaines provinces du Centre et du Sud, ce taux s’élève jusqu’à 85-90%. Ce phénomène est devenu une préoccupation sociétale qui prend de l’ampleur dans maintes localités du pays.
Les drogues de synthèse vendues sous forme de comprimés colorés arborant toutes sortes de dessins inoffensifs. Photo: VNA
Selon une récente enquête de l’Institut central d’études sur la santé mentale, la consommation des drogues de synthèse a des conséquences fâcheuses sur la santé mentale comme physique ainsi que sur les comportements, surtout chez les jeunes. Environ 68% des consommateurs sont touchés par des phases de délire,72% d’hallucination et 23% de dépression. Pourtant, il n’existe malheureusement toujours pas de médicament pour la désintoxication.
Selon Lê Trung Tuân, Docteur d’honneur et président du conseil d’administration de l’Institut d’études sur la psychologie des toxicomanes (PSD), une enquête effectuée sur un millier d’élèves de cinq arrondissements de Hanoi et de certaines localités a démontré que seulement 4,5% d’entre eux connaissaient les effets nocifs de la drogue, tandis que 42,2% n’en n’ont pas conscience. De plus, 44% disent qu’ils sont incapables de reconnaître les signes distinctifs d’un drogué et 40% n’ont pas connaissances des moyens de lutte contre cette addiction. Par ailleurs, 56,4% connaissent la méthamphétamine, une drogue de synthèse extrêmement addictive qui s’est répandue chez les jeunes.
Ces dernières années, de nombreuses drogues de synthèse ont fait leur apparition. Bon marché et particulièrement populaires chez la jeune génération, elles sont souvent vendues sous forme de comprimés colorés arborant toutes sortes de dessins.
Le manque de connaissances est la cause principale de la consommation de ces substances chimiques synthétiques en milieu scolaire. En effet, 65% des élèves, qui n’en connaissent pas les méfaits, sont curieux et essaient à titre expérimental, 27% sont influencés par les autres.
En outre, l’institut PSD a étudié et évalué les connaissances des parents et enseignants en matière de drogue. Résultats : 32,5% d’entre eux ne connaissent pas les différents types de drogues, leurs effets, symptômes et conséquences.
Programmes de sensibilisation
Depuis 2014, l’institut PSD mène dans les écoles des recherches sur le thème "Les connaissances des élèves sur la drogue : causes et solutions". Les résultats montrent que les élèves manquent de savoirs élémentaires et de ressources pour pouvoir prévenir et lutter contre la drogue. Cette dernière est vendue sous des formes variées avec des couleurs vives comme le LSD mais aussi d’appellations attractives telles "ballon de baudruche, "champignons magiques"…Un marketing bien rôdé qui fait tomber les jeunes dans la toxicomanie.
Ledit institut a déployé un programme de sensibilisation dans les écoles lié aux jeux, avec comme devise "Apprendre pour jouer et jouer pour apprendre". Il a organisé des expériences sur les méfaits de la drogue au Centre d’écotourisme de Long Viêt, district de Ba Vi, à Hanoi.
Ici, les élèves peuvent jouer, étudier la culture des ethnies minoritaires et visité la zone d’exposition d’objets offerts par de nombreuses provinces et villes du pays sur les activités de prévention et de lutte contre la drogue. Ils ont aussi l’occasion d’échanger avec d’anciens toxicomanes, témoignages précieux dans la prévention et la lutte contre ce produit toxique.
"On s’efforce d’organiser des activités de sensibilisation de façon scientifique et attractive afin de rendre les élèves plus méfiants face à cette substance addictive", a partagé Lê Trung Tuân.
Par ailleurs, l’institut a proposé au ministère de l’Éducation et de la Formation d’élaborer des documents et outils de sensibilisation à la lutte contre la drogue ciblant les élèves ainsi que leurs parents et enseignants. Il est nécessaire d’étudier la psychologie et de choisir le contenu adéquat pour chaque tranche d’âges des élèves, d’organiser des colloques pour recueillir les idées d’experts dans les domaines de l’éducation et de la communication, et d’évaluer les élèves en début d’année scolaire pour qu’ils soient informés des dangers.
Pour leur part, les Services de l’éducation et de la formation, la direction des écoles devraient créer des conditions favorables aux programmes de sensibilisation. Il est important pour les enseignants et élèves de participer à ces cours de formation. Enfin, la coopération entre l’école et la famille s’avère aussi indispensable. – CVN/VNA