Chez les Hà Nhi, l’école pour en finir avec la pauvreté

Le goût pour les études des habitants de l’ethnie de Hà Nhi se transfère d’une génération à l’autre. Les personnes âgées conseillent toujours aux plus jeunes de bien étudier, la clé pour sortir de la pauvreté.
Le goût pour les études des habitants de l’ethnie de Hà Nhi se transfère d’une génération à l’autre. Les personnes âgées conseillent toujours aux plus jeunes de bien étudier, la clé pour sortir de la pauvreté.

Les habitants de l’ethnie de Hà Nhi vivent essentiellement dans les communes de Chung Chit et Sin Thâu du district de Muong Nhe, province de Diên Biên, ainsi que dans les communes de Mù Ca, Thu Lum et Ka Lang du district de Muong Tè, province de Lai Châu. Toutes figurent dans la triste liste des localités les plus défavorisées. Ainsi, même armés d’une envie farouche d’aller à l’école, les enfants des familles de l’ethnie de Hà Nhi éprouvent parfois bien des difficultés à suivre leur parcours scolaire, faute de ressources financières.

Étudier coûte que coûte...

Selon Lù Lo Xe, ancien président de la commune de Ka Lang, l’ethnie de Hà Nhi nourrit cette passion pour les études depuis plus de 50 ans. «Pendant les années 1960, le quotidien à Ka Lang était extrêmement difficile. Des professeurs de Kinh (ethnie majoritaire au Vietnam, ndlr) se rendaient dans chaque famille afin de conseiller les parents de permettre à leurs enfants de suivre des études dans le district de Muong Tè. C’est ce qu’ils ont fait avec mes parents, qui m’ont ainsi donné leur accord pour que je puisse aller à l’école», confie M. Xe.

Il se rappelle aussi que sa mère a beaucoup pleuré au moment où il a dû quitter la famille. «Le distance entre notre résidence et le district est d’environ 120 km. Il fallait s’y rendre à pieds ! Afin de trouver des aliments nous permettant de subsister en forêt durant la traversée, nous devions amener avec nous des couteaux, des louchets. Ces outils nous permettaient de creuser la terre pour dégoter des tubercules. Nous allions aussi dans les ruisseaux pour attraper des poissons, des crabes. Et lorsque la pitance se faisait vraiment maigre, on creusait les tiges souterraines de bananier», se souvient Lù Lo Xe.

En dépit des difficultés, jamais les élèves de l’ethnie de Hà Nhi ne songeaient à abandonner leur classe : «Nous faisions de notre mieux pour être de bons élèves», affirme-t-il. Lù Lo Xe s’est engagé dans l’Armée après la 4e classe (équivalent CM1, ndlr). Il a ensuite été cadre du district de Muong Tè et de la commune de Ka Lang. Lui sait mieux que quiconque l’importance des études pour la vie d’une personne. C’est pourquoi, il s’est toujours efforcé d’élever ses enfants en leur martelant ce message. Une stratégie payante, puisqu’aujourd’hui tous poursuivent une belle carrière professionnelle.

... pour des jours meilleurs

La famille de Lù Lo Xe n’est pas un cas isolé. Cette «tradition» étant en quelque sorte l’une des singularités de l’ethnie Hà Nhi. La famille de Ly Ga Xa, dans le village de Ka Lang, constitue un autre exemple. Ly Ca Xa a 34 ans. Ses parents ont donné quatre enfants, mais tous deux sont décédés il y a trois ans. Ce drame familial fait qu’aujourd’hui, sa femme et lui doivent élever six personnes : ses trois petits frères et sœurs ainsi que ses trois enfants. Une situation pour le moins compliquée, d’autant que ce foyer est le plus pauvre du village. Mais pour eux, la seule chose qui compte est de les voir tous aller à l’école.

Au village de Ta Phu, commune de Ka Lang, tous les habitants sont de l’ethnie Hà Nhi. Tous les soirs, les enfants se retrouvent en groupes de six ou sept afin de faire leurs devoirs. Selon Sung Ca Lông, secrétaire de l’organisation du Parti du village de Ta Phu : «Dix des 17 foyers du village vivent sous le seuil de pauvreté. Mais tous s’efforcent à ce que leurs enfants puissent fréquenter les bancs de l’école». Les habitants sont également motivés par le fait qu’un «enfant du village», Ly Xu Xa, tient le poste de vice-président de la commune de Tà Tông, dans le cadre du programme d’introduction de jeunes intellectuels à ce poste. Bien qu’issu d’une famille très pauvre, Ly Xu Xa a pu suivre ses études jusqu’à l’université. «Ly Xu Xa est une source d’inspiration pour les jeunes», dit Sung Ca Lông.

Selon Po Po Po Chu, président du Comité populaire de la commune de Ka Lang, cette localité compte 67 jeunes poursuivant actuellement leurs études dans les universités et collègues : «Les parents comprennent maintenant parfaitement l’importance d’envoyer leur progéniture à l’école. Pour une commune en difficulté comme Ka Lang, c’est avant tout une fierté !». – VNA

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