Chaleur et convivialité pour la fête de saint Gióng
Cette année, la fête a réuni des douzaines de milliers de participants
et spectateurs malgré la température, qui a flirté avec les 38°C. La
zone autour du temple de saint Gióng était noire de monde, les gens ne
voulant manquer sous aucun prétexte la 2e plus grande fête populaire au
Vietnam, après celle des rois Hùng à Phú Tho (Nord).
L'événement a été parfaitement organisé et encadré, puisqu'aucun
débordement n'a été à signaler. Les autorités locales ont mobilisé 200
personnes pour assurer la sécurité de l'événement.
Le nom
de Phù Ðông Thiên Vuong (prince céleste du village de Phù Ðông) ou de
Thanh Gióng (saint Gióng) est connu de tous les Vietnamiens, petits et
grands. Il est lié à une légende vieille de mille ans, vantant les
exploits d'un enfant soldat né dans le village de Phù Ðông, district de
Gia Lâm, en banlieue de Hanoi. Phù Ðông abrite depuis des lustres un
ensemble de sites dédiés au saint Gióng, dont le Temple supérieur (dédié
au culte du saint), construit au 11e siècle, le Temple-mère (dédié à sa
mère) et le champ de bataille de Dông Dam, lieu où se tient la fête.
Chaque année en effet, cette légende est reconstituée en grande pompe.
Les préparatifs débutent des mois à l'avance. Selon la légende de Gióng,
une femme paysanne de Phù Ðông tombe un jour enceinte après avoir
marché, par curiosité, sur une empreinte de pied colossale alors qu'elle
se rend au marché. Un an après, elle met au monde Giong qui, pendant
trois ans, reste au lit, muet comme une carpe et incapable de faire
trois pas.
À l'époque, le pays est attaqué par des
hordes d'envahisseurs venus du Nord. Des messagers de la cour royale
parcourent le pays pour lever des armées de volontaires. Un jour, l'un
d'entre eux débarque à Phù Ðông. À peine l'appel retentit-il que le
petit Gióng se dresse sur son séant et s'exprime pour la première fois
de sa vie : "Maman, fais-le venir ici !"
Entre joie et
crainte, la mère demande au messager de rencontrer l'enfant, toujours au
lit. Gióng demande alors à celui-ci de lui apporter un cheval, une
armure et un bâton, tous en acier et d'une taille gigantesque.
La tâche est immédiatement confiée aux meilleurs forgerons du pays. Le
jour où le cheval d'acier est amené à Phù Ðông, le chétif garçonnet se
transforme en Hercule. Après avoir mangé comme dix, Gióng revêt sa
lourde armure, saisit son bâton et bondit sur son cheval d'acier qui,
immédiatement, s'anime et hennit. Peu de temps après, le chevalier Gióng
se précipite courageusement sur les troupes ennemies, les envoie
valdinguer avec son bâton, épaulé par son cheval qui, tel un dragon,
crache des flammes qui embrasent tout le champ de bataille.
Lorsque son bâton se brise, Gióng arrache une touffe de bambous et
poursuit les ennemis affolés. Une fois les envahisseurs boutés hors du
pays, le chevalier monte au sommet d'une colline. Là, il ôte sa
cuirasse, se tourne vers son village natal et se prosterne pour faire
ses adieux à sa mère et aux villageois. Puis, il enfourche son cheval
divin et s'envole pour disparaître dans l'azur.
La fête
du temple de Phù Đổng, qui se déroule le quatrième mois lunaire dans le
village de la naissance du dieu, reproduit symboliquement ses exploits, à
travers la conduite d’un cheval blanc dans une bataille et
l’orchestration d’une danse du drapeau complexe qui symbolise la
bataille proprement dite. De jeunes hommes reçoivent un entraînement
complet pour jouer les rôles des commandants gardiens du drapeau, du
tambour, du gong, de l’armée et des enfants, tandis que 28 filles âgées
de 9 à 13 ans sont choisies pour jouer les généraux ennemis. Les
mouvements de danse du commandant gardien du drapeau ainsi que le son du
tambour et du gong évoquent le déroulement de la bataille ; des
papillons en papier s’envolent du drapeau pour disperser symboliquement
les envahisseurs.
La fête du saint Gióng a été reconnue en 2010 par l'UNESCO en tant que patrimoine immatériel de l'Humanité. -VNA