Le tribunal de Phnom Penh parrainé par l'ONU et chargé de juger les Khmers rouges a scellé jeudi le sort de l'ex-dirigeante du régime Ieng Thirith, qui pourra finir ses jours en liberté après avoir été jugée par les médecins trop faible pour assumer la tenue d'un procès.

"Les experts ont confirmé que toutes les options de traitement avaient été épuisées et que la dégradation cognitive de l'accusée était probablement irréversible", a expliqué le tribunal parrainé par l'ONU dans un communiqué, évoquant la probabilité qu'elle soit atteinte de la maladie d'Alzheimer. "Dans ces circonstances, la chambre est obligée d'ordonner la libération de l'accusée".

Le tribunal a par ailleurs insisté sur le fait que cette libération ne valait "pas décision sur la culpabilité ou l'innocence" de l'accusée et n'entraînait pas la levée formelle des poursuites.

En août, le parquet avait recommandé la libération de Thirith. "Elle sera libérée sous 24 heures si les parties concernées n'interjettent pas appel de la décision", a indiqué Neth Pheaktra, un porte-parole de la cour.

L'octogénaire, ex-ministre des Affaires sociales, sera tenue de rester sur le territoire cambodgien, de prévenir la justice de tout changement d'adresse et de s'abstenir de toute intervention dans le procès en cours ainsi que de toute communication avec la presse. La seule personne qu'elle pourra rencontrer est son époux, ex-ministre des Affaires étrangères, Ieng Sary.

Un seul verdict a été prononcé par le tribunal à ce jour. Kaing Guek Eav, alias Douch, responsable de Tuol Sleng où quelque 15.000 personnes ont été torturées avant d'être exécutées, a été condamné en février à la perpétuité.

Le tribunal continuera de juger trois hauts dirigeants du régime khmer rouge : Nuon Chea, Khieu Samphan et Ieng Sary pour les chefs d'accusation suivants : génocide, crimes contre l'humanité dans une tragédie génocidaire qui, en moins de 4 ans (1975-79), a fait quelque deux millions de morts. -AVI