Hanoi (VNA) - Les fleurs de pêchers (Prunus persica) surgissent au printemps - pendant les vacances du Têt. Leur couleur rose symbolise l’amour et la joie partagée par tout le monde dans cette période unique de l’année. La plupart des familles du Nord choisissent les fleurs de pêcher pour décorer leur maison pendant le Têt.

A Nhat Tan, les fleurs de pecher de toujours sourient au vent de l’Est hinh anh 1Les pêchers sont en fleurs dans le village de Nhât Tân, à Hanoi. Photo: VNA

Il y a quatre types de fleurs de pêcher : la fleur rose foncé du pêcher bích, celle rose pâle du pêcher phai, celle blanche du pêcher bach, et celle du pêcher thât thôn, un tout petit arbre qui donne des fleurs colorées.

Considérées comme des messagers du printemps, également du Têt traditionnel, qui tombe souvent entre fin janvier et début février du calendrier solaire, les fleurs d’abricotier et de pêcher apportent un nouveau souffle vital dans la nouvelle année. Selon les ancêtres, les fleurs de pêcher sont un gage de bonheur et de bonne santé. Elles incarnent la chance et la prospérité car des centaines de fleurs ornent chaque branche.

Des villages de pêchers de Hanoi, le plus connu est celui de Nhât Tân, dans l’arrondissement de Tây Hô. Ce village floricole, appelé jadis Nhât Chiêu, est connu pour deux types de fleurs de pêcher: l’un avec des pétales roses clairs, et l’autre avec des pétales roses foncés presque rouges.

On raconte que le roi Quang Trung, après avoir vaincu les troupes Tsing durant le Têt de l’année Ky Dâu (1789), fit porter de Thang Long (Hanoi) à Phu Xuân (actuelle ville de Huê), la plus belle branche de pêcher de Nhât Chiêu, pour l’offrir à son épouse, la princesse Ngoc Hân et lui annoncer la bonne nouvelle. Cette branche représente l’attachement de la population de Thang Long au héros national.

Grâce à une météo favorable, les pêchers de Nhât Tân se sont bien développés cette année. Tout comme les fleurs. Certaines ont jusqu’à 24 pétales. Selon les anciens de Nhât Tân, le pêcher préfère les terrains sableux. Le sol de Nhât Tân est donc tout à fait adapté. Un pêcher similaire ne grandirait pas aussi bien ailleurs.

Forts de leur expérience, les cultivateurs font grandir des pêchers dont les bourgeons s’épanouissent pour le Nouvel An traditionnel. Ce savoir-faire se manifeste par une grande variété des pêchers, obtenus par les greffes et les soins attentifs qui leur sont apportés.

Une taille appropriée, qui consiste à couper les éventuelles mauvaises branches restantes et, surtout, à enlever des feuilles, a pour but d’augmenter l’alimentation et favoriser le développement des boutons, futures fleurs dont la tradition exige qu’elles s’ouvrent au Têt.

Alors que le Têt de 2021 approche à grand pas, les gens affluent vers les vergers de Nhât Tân pour acheter, louer, ou simplement admirer les pêchers et prendre des photos souvenirs.

Les vieux y viennent pour se souvenir d’un village floral qui perdure dans la mémoire des Hanoiens, depuis une centaine d’années. Quant aux jeunes, ils veulent retrouver les souvenirs d’un village floral dont leurs parents parlent souvent, où l’image des pêchers figure dans les livres, les poèmes et la mémoire des Hanoïens.

Pour pouvoir proposer de belles branches de pêchers, les horticulteurs s’y prennent plusieurs semaines, voire plusieurs mois à l’avance. Tout est calculé pour que la floraison se produise pendant le Têt.

On peut trouver à Nhât Tân de grands pêchers bien taillés qui coûtent une fortune. Il ne suffit pas d’acheter l’arbre, il faut aussi trouver le pot adéquat et ce n’est pas si simple, même si visiblement, les pots en céramique ou en bronze ont la côte.

A Nhat Tan, les fleurs de pecher de toujours sourient au vent de l’Est hinh anh 2Soigner le pêcher "thât thôn" nécessite patience et minutie. Photo : CTV

Parmi les diverses variétés de pêcher, celle de thât thôn est l’une des plus réputées. Cultivé depuis des siècles, le pêcher thât thôn, aux fleurs roses foncées charmantes, détient une grande réputation auprès des Hanoïens.  D’une grande valeur, il était dédié aux rois dans les temps anciens. Sa culture et son entretien nécessitent en effet des soins méticuleux qui se rapprochent de l’artisanat.

Le nom "thât thôn" se compose de deux mots "thât" (sept) et "thôn" (une unité de longueur, équivalente à 2,26 cm). D’après certaines personnes, le terme de "thât thôn" s’explique par le fait que tous les 15 cm de hauteur, le pêcher se ramifie. Mais selon d’autres, l’explication vient du fait que les feuilles mesurent sept thôn de long (équivalent donc à environ 15 cm).

Selon les villageois âgés, ces plantes d'agrément nécessitent un soin méticuleux,  d'où leur prix très élevé. Seules deux familles du village maintiennent encore cette culture. Il s'agit de celles des artisans Lê Hàm et Nguyên Quang Vu.

Chaque année, environ un mois avant le Têt, Lê Hàm est très occupé à déplacer ses centaines de pêchers thât thôn de son jardin à sa maison où sont installés des climatiseurs. Là, il peut réguler la température pour que les fleurs puissent s'épanouir juste à l’occasion du Têt traditionnel. Chaque plante de 30 à 40 cm de hauteur peut se vendre entre deux et trois millions de dôngs.

Spécialisé dans l'horticulture depuis 30 ans, c'est toujours avec le même bonheur que Lê Hàm voit ses plantes arborer leurs jolies fleurs roses vives à l’arrivée du printemps.

Nguyên Quang Vu, quant à lui, a équipé sa ferme de technologies spécifiques pour la culture du thât thôn. Il a en effet créé une serre spéciale où la température et l’humidité sont étroitement contrôlées afin que les pêchers, très sensibles aux changements de climat, puissent grandir dans les meilleures conditions.

Toutes les étapes de la culture, allant de l’ensemencement à la germination, exigent des soins attentifs et de solides connaissances agricoles. C’est pourquoi Nguyên Quang Vu a investi plusieurs milliards de dôngs dans sa serre afin d’assurer la croissance et la floraison des pêchers thât thôn à temps pour la fête du Têt.

En pointant du doigt un pêcher à l’allure bonsaï dont la racine rugueuse est exposée au sol, Nguyên Quang Vu informe qu’il a été planté il y a plus de huit ans. Ses plantes ont ainsi une très grande valeur économique. Certaines coûtent même 100 à 150 millions de dôngs à la simple location pendant les vacances du Têt. Et pourtant, il a peu d'efforts à faire en termes de communication. "Nous avons de la chance. À bon vin point d'enseigne, les clients se précipitent pour acheter ces pêchers à l’occasion du Têt", déclare-t-il.

Annonciateur du printemps, le pêcher est un arbre incontournable pour le  Nouvel An lunaire. L’épanouissement des fleurs célèbre de la plus belle des manières l’arrivée du printemps et, avec lui, le début de la Nouvelle Année. - VNA