Gia Lai (VNA) – Les minorités ethniques du Tây Nguyên (Hauts Plateaux du Centre) considèrent le gong comme un objet sacré qui relie les hommes aux divinités. Les acteurs de cet art sont devenus les conservateurs de la culture traditionnelle de cette contrée ensoleillée.
Les ethnies minoritaires du Tây Nguyên cherchent toujours à protéger leur culture séculaire où les gongs sont des instruments sacrés surtout utilisés lors des fêtes traditionnelles. D’autant plus que "L’espace de la culture des gongs du Tây Nguyên" a été inscrit en 2008 par l’UNESCO sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité (originellement proclamé en 2005).
La petite maison sur pilotis de Ksor Hnao, nichée à l’ombre des grands arbres, regorge de gongs. De loin retentit leur son, brisant l’atmosphère silencieuse de Kép, un ancien village Gia Rai situé au nord de la ville de Pleiku, chef-lieu de la province de Gia Lai. Ce sexagénaire, à la peau tannée par le soleil et le vent, est l’un des rares artisans du Tây Nguyên capables de réaliser toutes les étapes qui composent cet univers artistique : sculpture sur bois, confection des instruments musicaux, rajustement du son des gongs, etc.
À l’âge de 12 ans, Ksor Hnao découvre cet instrument pour lequel il nourrit depuis une passion particulière. Pour en jouer à la perfection, il suit des octogénaires qui lui apprennent à maîtriser cet art. Jour après jour, il accumule de nombreuses connaissances sur la culture régionale.
L’artisan ne cesse de créer des mélodies originales. Outre ses représentations lors de festivals provinciaux et nationaux, il réfléchit toujours à transmettre à la jeune génération la quintessence culturelle des Gia Rai.
"Le son des gongs reflète l’aspi-ration à de bonnes récoltes et à une vie heureuse. Ces instruments revêtent une signification spiri-tuelle importante, celle de nous relier avec les esprits", explique Ksor Hnao.
Une passion illimitée
Dans sa vieille maison aux portes décolorées au village d’Ia Nueng, commune de Biên Hô, ville de Pleiku, l’artisan R’Com Hmyok lustre minutieusement chaque gong. Il en possède deux ensembles de 15 pièces, hérités de ses ancêtres. Ceux-ci sont soigneusement conservés et ne sont utilisés qu’à l’occasion des fêtes du village.
"Beaucoup de gens sont venus me proposer une somme importante, mais je ne les vends pas. Ces objets constituent l’âme de notre culture, il est de notre devoir de les transmettre", partage-t-il.
À 65 ans, l’artisan initie toujours l’art des gongs et la sculpture sur bois aux jeunes via une classe qu’il a ouverte. "Plus mes cours attirent de nombreuses personnes, plus la culture traditionnelle des Gia Rai se perpétuera", espère-t-il.
Selon les croyances des minorités ethniques du Tây Nguyên, les gongs ne sont pas seulement des objets sacrés, ils constituent aussi un moyen de transmission des informations entre hameaux et villages. À chaque occasion spéciale, les Gia Rai les utilisent pour diffuser l’événement auprès des habitants. Autrefois, la richesse du patriarche ne se mesurait pas à son or mais au nombre de gongs qu’il possédait.
Quant à la façon d’en jouer, chacun a sa méthode. "Le son provient de la combinaison harmonieuse et rythmique en utilisant de manière synchrone un ou plusieurs gongs". Ceux utilisés lors des festivals prennent la plus grande valeur, chacun équivalant à un éléphant ou un buffle…
Les artisans comme Ksor Hnao et R’Com Hmyok ont consacré leur vie à conserver la culture des gongs. Une passion sans faille qui fait la fierté des ethnies minoritaires et contribue à préserver l’identité ainsi que la diversité culturelles du Vietnam. – CVN/VNA