Le Centre spatial du Vietnam, en chantier depuis septembre dernier, est l’un des points essentiels de la Stratégie nationale des sciences et des technologies pour 2020 et sa vision pour 2030. Entretien avec le vice-ministre des Sciences et des Technologies, Nguyên Van Lang.

Pouvez-vous nous présenter le Centre spatial du Vietnam et sa future activité ?

L’Académie des sciences et des technologies du Vietnam a convenu d’une coopération avec l’Agence d’exploration aérospatiale du Japon (JAXA) pour la mise en œuvre du projet de Centre spatial du Vietnam. Nous coopérons avec la JAXA pour construire ses infrastructures, effectuer les transferts de technologies nécessaires ainsi que pour former nos ressources humaines. Le Centre des satellites du Vietnam relevant de cette même académie a été créé en septembre dernier, avec pour objet la gestion du projet. Ce centre spatial du Vietnam de plus de 630 millions de dollars doit être achevé en 2020.

Implanté sur 9 ha de la zone des hautes technologies de Hoà Lac (Hanoi), celui-ci aura pour missions de conduire des recherches et de fabriquer des satellites de petite taille destinés à la météorologie, aux télécommunications et à l’assistance de missions de sauvetage. Selon les prévisions, nous devrions procéder à une première mise en orbite basse en janvier 2017 d’un satellite de télédétection-radar. Un deuxième devrait suivre en 2020. De 500 kg environ, ils auront une durée d’exploitation de 5 ans. Le premier sera conçu et fabriqué dans le cadre de notre coopération avec le Japon, et le deuxième, entièrement par nos soins.

Le Vietnam est particulièrement concerné par les catastrophes naturelles comme les effets du changement climatique. Quel rôle aura le Centre spatial du Vietnam en la matière ?

Le Vietnam est effectivement l’un des cinq pays du monde à être les plus touchés par le changement climatique. C’est pourquoi le Centre spatial du Vietnam est chargé d’une mission particulière et importante : donner au pays les moyens techniques de limiter au maximum les conséquences des catastrophes naturelles. En fait, les prévisions que fournira ce centre devraient permettre d’éviter d’un à 1,5 milliard de dollars de pertes par an. En effet, ce centre a une particularité par rapport à ses homologues étrangers, il emploiera exclusivement des technologies radars, et non pas optiques. Celles-ci permettent d’obtenir des informations de grande précision en toutes circonstances, notamment atmosphériques, contrairement aux autres qui sont limitées en cas de mauvaises conditions météorologiques, même dans le spectre infrarouge... Nos satellites prendront des images des pays qu’ils survoleront, lesquelles seront commercialisées.

Quid des préparatifs des ressources humaines ?

Actuellement, nous comptons une centaine de professionnels vietnamiens dans le monde afin de se former et d’acquérir une expérience. Ainsi, l’Académie nationale des sciences et des technologies a envoyé plusieurs cadres suivre une formation et effectuer des recherches avec la JAXA. Une fois revenus, ils commenceront la conception de nos premiers satellites. Nous allons aussi coopérer prochainement avec la Russie, les États-Unis et le Mexique, notamment sous forme de stages. Par ailleurs, nos universités ont lancé des cursus, comme l’École polytechnique qui va ouvrir d’ici peu une filière des technologies spatiales. Des groupes de recherche ont été créés dans les instituts de recherche militaires comme civils. Et ces derniers temps encore, l’Institut des technologies spatiales du Vietnam a également envoyé à l’étranger plusieurs de ses experts. Selon moi, nous bénéficions a priori des conditions idoines pour assurer de bons débuts au Centre de recherche aérospatiale du Vietnam.
Que pensez-vous du futur des technologies spatiales au Vietnam ?

L’application des technologies spatiales a une incidence directe sur le développement de n’importe pays du monde, dont le Vietnam. Toutefois, celui-ci ne rêve pas de toutes les technologies spatiales, ainsi, nous n’entendons pas nous engager dans un programme d’orbiteur ou de navette spatiale. Nous nous intéressons en revanche aux technologies satellitaires et disposerons rapidement d’un corps de scientifiques et de techniciens dans ce domaine afin qu’il devienne l’un des secteurs clés de notre industrie. Et j’espère bien que le Vietnam sera présent dans quelques années sur la scène mondiale en matière d’exploitation commerciale de l’espace. - VNA