Une vie dédiée à la pratique de la flûte Amap
La flûte
Amap est un instrument original, propre à l’ethnie Cor. Seules les
femmes de cette ethnie savent en jouer. Fabriquée avec une tige d’Amap,
une plante commune sur les flancs des collines des districts de Trà Bông
et Tây Trà, la flûte mesure environ 30 cm et ressemble à une baguette. À
une extrémité, on pratique une ouverture, et l’autre extrémité est
fermée par une languette de cire d’abeille de 2 cm de long. Quand on
joue de la flûte, cette languette vibre et créé des sons uniques.
"Fabriquer une Amap est assez simple mais faire en sorte qu’elle sonne
juste n’est pas facile. À l’heure actuelle, peu de gens savent encore en
fabriquer", note Mme Bay.
Chaque jour, avec sa nièce Hô
Thi Lâm, elle joue de la flûte Amap. Il y a des airs qu’on peut
interpréter seule, par exemple une berceuse. Il y a aussi ceux qui
nécessitent deux artistes en même temps. À ce moment-là, les deux
personnes jouent chacune à une extrémité de la flûte. Il s’agit de
l’originalité de cet instrument. Quand on réalise un numéro en duo, le
rôle de l’interlocutrice est très important car il exige des talents de
narratrice.
Pour les gens de l’ethnie Cor, le son de
l’Amap fait partie de l’inconscient collectif. Il retentit pendant
toutes les célébrations, toutes les activités de la vie quotidienne.
Pourtant, bon nombre de jeunes sont indifférents à cet instrument. Dans
l’espoir de préserver cette tradition, Hô Thi Bay se montre obstinée à
transmettre son savoir-faire, en assurant des cours à domicile.
Un jeune Jrai et sa passion pour le lithophone
Né en 1990 et ayant grandi dans le district montagneux de Duc Co, dans
la province de Gia Lai, sur les Hauts Plateaux du Centre, le jeune Ro
Cham Khanh de l’ethnie Jrai est membre du Centre culturel et sportif du
district. Il peut jouer de divers instruments modernes comme l’orgue, la
guitare et la batterie, et il sait également jouer de plusieurs
instruments traditionnels comme le T’rung (xylophone en bambou), la
flûte, la khèn (flûte de Pan). Il sait aussi fabriquer des lithophones
pour accompagner les chants de l’ethnie Jrai.
Sa vie
quotidienne est étroitement liée aux chants des oiseaux, aux murmures
des ruisseaux, aux airs folkloriques de son ethnie. Le jeune homme ne
sait pas comment son amour pour ces choses simples s’est transformée en
passion pour la musique. "Il reste très peu d’instruments de musique
Jrai. Donc j’essaie d’en fabriquer pour mon ethnie. Une fête villageoise
sans instruments traditionnels, c’est tellement triste. Il faut en
jouer pour que les jeunes s’intéressent à l’identité culturelle de leur
ethnie", confie-t-il. C’est ainsi que l’idée de fabriquer un lithophone
lui est venue.
De la parole aux actes, il n’y a qu’un
pas. Le jeune homme écume les magasins vendant de la pierre de taille
pour acheter des fragments de pierre brisée. Après plus d’une semaine
passée à affûter, découper, puis sélectionner les meilleures pierres, il
achève un lithophone 16 tons. Depuis, cet instrument l’accompagne lors
des représentations qu’il donne pour les gens des hameaux de son
district. Il chante le patriotisme, la beauté du pays natal, des airs
folkloriques... Ro Cham Khanh n’oublie pas de transmettre ses techniques
aux élèves de l’école-internat de son district dans l’espoir que ces
derniers puissent entretenir cette tradition de leur ethnie.
Les réalisations de l’artiste octogénaire Hô Thi Bay et du jeune Ro
Cham Khanh méritent notre admiration. Nous sommes fiers d’eux car à
notre époque trépidante, peu de gens s’attachent encore à préserver et
valoriser l’identité culturelle du peuple. De bons exemples à suivre...
-VNA