Un «quartier des cancéreux» dans la capitale

Près de l’hôpital K3 Dông Triêu, un tristement nommé «quartier des cancéreux» a vu le jour ces dernières années. Plus d’une centaine de patients désargentés y trouvent des chambres à louer.
Un «quartier des cancéreux» dans la capitale ảnh 1La présidente de l’Assemblée nationale, Nguyên Thi Kim Ngân, remet des cadeaux à des cancéreux à l’Hôpital central d’oncologie de Dông Triêu, à Hanoï. Photo : QH/CVN

Hanoi (VNA) - Près de l’hôpital K3 Dông Triêu, un tristement nommé «quartier des cancéreux» a vu le jour ces dernières années. Plus d’une centaine de patients désargentés y trouvent des chambres à louer à des prix modiques.

À quelques pas de l’Hôpital central d’oncologie de Dông Triêu, dans l’arrondissement de Hà Dông, à Hanoï, est apparu ces dernières années un quartier particulier. Appelé Kiên Hung, il a été surnommé par les habitants locaux «le quartier des cancéreux».

En effet, de nombreuses personnes frappées par cette maladie y logent pendant la durée de leur chimiothérapie. Chaque jour, on y compte quelque 150 nouveaux arrivants et autant de partants.

L’Hôpital central d’oncologie de Dông Triêu, plus connu sous le nom d’hôpital K3 - Dông Triêu, est l’un des trois établissements de traitement du cancer à Hanoï. Mis en service depuis 2012, il a contribué à alléger la surcharge de l’Hôpital central d’oncologie de Hanoï (appelé hôpital K1, sis rue Quan Su, dans le centre-ville), et de celui de Tam Hiêp, (appelé hôpital K2), dans le district suburbain de Thanh Tri.

Cet établissement de grande envergure est doté de 300 lits et d’équipements parmi les plus modernes. Bon nombre de patients viennent de provinces proches de Hanoï mais aussi de localités plus éloignées. «Nous accueillons chaque jour environ 300 nouveaux patients», informe le docteur Trân Van Thuân, directeur de l’hôpital. Selon lui, «l’hôpital est incapable de répondre à la demande de logement de tous les patients».   

Des destins tragiques

«Le traitement du cancer s’échelonne sur plusieurs tranches, chacune d’environ trois semaines. Mon mari en est à la 3e tranche. Chaque fois, nous louons une chambre chez un habitant du quartier», confie Lê Quy, venue de la province de Nam Dinh (Nord). D’une manière générale, le confort de ces chambres à louer est spartiate.

Nguyên Thi Hai, patronne d’un petit commerce, propose une dizaine de petites chambres à louer, qui sont toujours occupées. Les pensionnaires font pitié à voir : regard triste, corps efflanqué, tête rasée... Quelques-uns portent une perruque à cause de la chimiothérapie. Tous ont comme point commun des traitements longs et coûteux qui les ont rendus «plus pauvres que Job».

Nguyên Thi Quyên, 46 ans, fait partie des pensionnaires les plus fidèles. Originaire de la province de Thanh Hoa (Centre), elle souffre d’un cancer du sein. «J’ai détecté en l’an 2000 une petite tumeur au sein, mais je n’y ai pas fait attention. Le cancer n’a été dépisté qu’en 2009, suite à une perte subite de poids et d’appétit», raconte-t-elle. L’hôpital de sa province l’a renvoyée à l’hôpital K de Hanoï où elle a été opérée pour extirper la tumeur maligne.

Après l’opération, faute d’argent, elle n’a pu suivre toutes les procédures de traitement, avec comme corollaire une rechute en 2016, cette fois plus grave. «Depuis 20 mois, j’habite presque en permanence ici», soupire-t-elle. Sa mère de 80 ans l’accompagne toujours dans cette lutte difficile.

Quyên confie : «Chaque tranche de traitement coûte de 7 à 10 millions de dôngs, une somme élevée pour notre famille. Sans compter le logement, les repas et autres frais. J’ai dû emprunter plus de 20 millions de dôngs, et ne sais pas comment je me débrouillerai par la suite». Cette situation est aussi celle de nombreux pensionnaires du «quartier des cancéreux».

Ainsi, Van But, 35 ans, originaire de la province de Thai Nguyên (Nord), est en phase terminale d’un cancer de la gorge : «Depuis deux ans, je ne quitte pas ce quartier. J’ai passé beaucoup de tranches de traitement, mais en vain. J’ai dû vendre tout mon patrimoine, maison compris, pour avoir de quoi payer le traitement».

Les logeurs solidaires

Dans ce quartier, les logeurs connaissent la situation concrète de chacun de leurs pensionnaires. Et tous mettent un point d’honneur à les aider autant qu’ils le peuvent. Chacun a sa manière. «Parfois, je baisse le loyer», révèle Nguyên Thi Huong, propriétaire de neuf chambres à louer. Le loyer varie entre 60.000 et 100.000 dôngs/nuit, mais elle ne propose que 40.000 dôngs pour les personnes en grande difficulté financière. Exceptionnellement, elle les loge gratuitement. C’est le cas de Ho A Da, 18 ans, de la province montagneuse de Son La (Nord). «Cet adolescent d’ethnie H’mông a un cancer du poumon. Sa famille est tellement pauvre qu’elle n’a même pas assez d’argent pour lui payer le logement. Il loge ici gratuitement depuis quatre mois».

Nguyên Thi Hat, propriétaire de 12 chambres à louer, aide ses pensionnaires dans les affaires du quotidien, comme faire les courses, faire la cuisine… «J’ai le cœur serré en voyant l’état de certains malades. Leur apporter un peu de réconfort, c’est la seule chose que je puisse faire», confie-t-elle.

Selon Lê Anh Quyêt, chef du quartier de Kiên Hung, ce dernier compte une trentaine de familles proposant des chambres à louer. «Le nombre de cancéreux ne cesse d’augmenter au Vietnam. C’est pour cette raison que notre quartier a été affublé de ce bien triste surnom», indique-t-il dans un soupir.- CVN/VNA

Voir plus

Depuis le début de l'année 2025, la province de Dak Lak a enregistré 11 620 mouvements d'entrée et de sortie de navires de pêche, pour un total de près de 11 000 tonnes de produits halieutiques débarqués. Photo : VNA

Dak Lak : la lutte contre la pêche INN axée sur la sensibilisation des pêcheurs

Afin de lutter contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN), la province de Dak Lak privilégie la sensibilisation des pêcheurs. Les armateurs et les équipages prennent désormais pleinement conscience que le respect des normes est essentiel pour lever le "carton jaune" de la Commission européenne (CE) et bâtir une industrie halieutique moderne, transparente et durable.

En tant que l’un des célèbres villages artisanaux traditionnels de Hanoi, le village de soie de Van Phuc a une longue histoire, existant depuis plus de 10 siècles. Photo: CTV

Les villages artisanaux s’intègrent à la chaîne de valeur des industries culturelles

Dans la Stratégie de développement des industries culturelles à l’horizon 2030, l’artisanat figure parmi les 12 secteurs piliers. Cette orientation marque une évolution majeure de la vision vietnamienne du développement culturel : passer d’une logique de simple "préservation" à un "développement fondé sur la créativité", en valorisant non seulement les valeurs patrimoniales, mais aussi le potentiel économique du patrimoine.

Ambiance de Noël à l'intérieur de la cathédrale de Hai Phong. Photo : VNA

Noël au Vietnam : d'une fête importée à un événement communautaire

En ces jours de décembre 2025, les habitants de Hanoï en particulier, et des grandes métropoles et des paroisses à travers le pays en général célèbrent avec ferveur le Noël. Des rues aux grands centres commerciaux, l'ambiance est à l’effervescence des préparatifs et des achats de cadeaux.

La cérémonie de remise symbolique d'une somme d'assistance aux populations du Centre pour leur relèvement post-catastrophe. Photo : CTT

Aide américaine aux populations sinistrées du Centre

Le 23 décembre, dans la province de Gia Lai, le Département de gestion des digues et de lutte contre les catastrophes naturelles (relevant du ministère de l’Agriculture et de l’Environnement), le Consulat général des États-Unis à Hô Chi Minh-Ville et l’organisation CRS au Vietnam ont organisé une cérémonie de remise symbolique d'une somme d'assistance aux populations du Centre pour leur relèvement post-catastrophe.

Culture et être humain, moteurs de l’aspiration de l’essor du Vietnam. Photo: VNA

Culture et être humain, moteurs de l’aspiration de l’essor du Vietnam

Le développement durable de la culture et de l’être humain en tant que socle de tout progrès social, la construction d’un système de valeurs culturelles et humaines vietnamiennes adapté à l’époque contemporaine, ainsi que l’affirmation de la culture et de l’homme comme axe transversal du développement national, constituent aujourd’hui des orientations majeures.

Située à l'ouest du lac Hoan Kiem, la cathédrale Saint-Joseph de Hanoï est décorée pour accueillir Noël 2025. Photo: VNA

📝 Édito: Derrière les arguments déformés sur la "liberté religieuse"

Identifier clairement les manœuvres exploitant le prétexte de la "liberté religieuse" ne vise ni à attiser les confrontations ni à nier les différences, mais à replacer cette question à sa juste place, dans le contexte global de l'histoire, de la culture et du cadre juridique propres au Vietnam.