Tang Ba Hoành est né en 1941 dans la province de Hai Duong (Nord). Cet autodidacte a consacré 40 ans à sa passion qui est devenu son métier : l’archéologie.

Les gens le surnomment l’«homme bizarre des anciens tombeaux», puisque chaque tombeau que l’archéologue Ba Hoành étudie révèle ses secrets.

Un archéologue autodidacte
Tang Ba Hoành est attaché à l’archéologie depuis plus de 40 ans. Chose surprenante, cet homme n’a suivi aucune formation particulière. Esprit curieux de nature, autodidacte comme il n’en existe plus guère, il va au fond des choses quant un sujet le passionne.

Le petit Hoành a quitté l’école tôt en raison de conditions familiales difficiles. Mais, sa passion pour les études était telle qu’en plus d’aider ses parents, le gamin se plongeait dans les livres. Il a même réussi l’exploit de réussir le bac sans aller à l’école et a appris tout seul les caractères chinois et le français !

À l’âge adulte, le jeune Hoành a, en même temps, travaillé et fait des études à l’École secondaire du travail, des invalides de guerres et des affaires sociales. Il est devenu en 1968 gardien des dépôts du Musée de la province de Hai Duong. Là, il a constaté que l’histoire vietnamienne cachait de nombreux secrets. Pour les dévoiler, il fallait des connaissances sur l’histoire et les caractères chinois. Donc, après ses heures de travail, il s’est plongé dans les livres.
C’est par passion pour l’archéologie qu’en 1974 M.Hoành a tenté et réussi le concours d’entrée au Département d’histoire de l’Université des sciences sociales et humaines. En avril 1979, il a mené sa première fouille à Côn Son (district de Chi Linh, province de Hai Duong). «J’ai choisi Côn Son car on y dénombre de nombreux vestiges liés à des hommes célèbres du pays comme Nguyên Trai, Trân Nguyên Han, Phap Loa», dit-il. Il ajoute que le professeur Pham Huy Thông, historien renommé, a hautement apprécié son travail de 40 jours et lui a réservé la moitié d’une journée pour le présenter lors d’un colloque à Hanoi. Ces fouilles ont véritablement lancé sa carrière.

Le mystère des céramiques

Pour l’archéologue Tang Ba Hoành, chaque fouille est un problème de mathématiques qu’il faut résoudre par tous les moyens. En plus de 40 ans de carrière, il a consacré 20 ans à la céramique vietnamienne, dont celle de Chu Dâu caractérisée par un émail blanc et des motifs ornementaux bleues (d’où son nom de «céramique bleue et blanche» ou céramique hoa lam ).
En 1983, plus de 40 musées dans le monde conservaient ces céramiques. Leur origine est longtemps demeurée incertaine. Certains experts étrangers pensaient qu’elles venaient du village de Bat Tràng (en banlieue de Hanoi, Vietnam), d’autres de Chine...

Le musée de Topkapi Saray, à Istanbul (Turquie), expose une jarre en céramique bleue et blanche sur laquelle est inscrite le nom de Bùi Thi Hy. Dans les années 1980, Makoto Anabuki, premier secrétaire de l'ambassade du Japon au Vietnam de l'époque, a visité ce musée. Sur l’une d’entre elle, il a noté une inscription en caractères sino-vietnamiens ( nôm ), traduite par R. L. Hobson en 1933, indiquant : "Peint par la potière Bùi Thi Hy", dans la 8 e année de l'ère Thai Hoà (période des Lê postérieurs, équivalent à 1442-1459), dans le district de Thanh Lam (aujourd'hui un village de la province de Hai Duong, 50 km au sud-est de Hanoi). Makoto Anabuki en a informé le secrétaire de l’organisation du Parti de la province de Hai Duong via une lettre. «Cette lettre nous a permis de remonter au village de Chu Dâu, où vécu cette potière, et ainsi de déterminer que l’origine de la céramique +hoa lam+ est ce village, et non Bat Tràng ou la Chine», partage M. Hoành, directeur du Musée de Hai Duong.

Une potière talentueuse
L'histoire de l'auteur de la jarre multiséculaire a été découverte par l’archéologue Tang Ba Hoành. Lors de fouilles menées en novembre 2011 dans la commune de Quang Tiên (commune de Dông Quang (district de Gia Lôc, province de Hai Duong), sur les terrains de la famille de Bùi Van Loi, il a découvert de nombreuses pièces de Bùi Thi Hy.

Cette potière (autre nom : Vong Nguyêt) est née en 1420 au village de Quang Anh (Quang Tiên aujourd'hui, commune de Dông Quang, district de Gia Lôc). Issue d'une famille d’intellectuels - son père Bùi Dinh Nghia, était mandarin à la cour, son grand-père Bùi Quôc Hung général-, Bùi Thi Hy est une femme lettrée et douée pour la peinture. Elle s'est mariée avec Dang Sy, patron d'une manufacture de céramique du village de Chu Dâu, district de Thanh Lâm.

L'artisane avait un talent extraordinaire pour fabriquer des jarres en céramique. En 1452, elle et son mari reviennent à son village natal de Quang Anh pour aider son frère à fonder un atelier. Leurs produits sont exportés vers la Chine, le Japon et les pays occidentaux. La céramiste Bùi Thi Hy n'a pas eu d'enfant et elle est décédée dans son village natal en 1499, à l'âge de 80 ans. L'histoire de cette fameuse artisane apparaît dans le registre familial de la lignée Bùi. – VNA