Paris rend hommage à Huynh Khuong An, 73 ans après
L’ambassadeur du Vietnam en France Duong Chi Dung,
des représentants des associations et institutions d'anciens
combattants ainsi que nombre de résidents vietnamiens en France étaient
présents à la cérémonie.
L’immeuble du 6,
avenue de la Porte Brancion était l’endroit où Huynh Khuong An a vécu
avec sa compagne Germaine Barjon avant d’être fusillé le 22 octobre 1941
à Châteaubriant avec 26 de ses camarades par les nazis.
Huynh Khuong An est né le 7 avril 1912 à Saigon. Son père y est
directeur d’une école privée qu’il a ouverte dans le quartier de Dakao.
Huynh Khuong An vient en France dès l’âge de 15 ans pour poursuivre ses
études. Il est interne au lycée du Parc à Lyon. Il sortira de la Faculté
de Toulouse licencié es-lettres. Fin 1938, il prépare l’agrégation à
Paris. En 1940, il obtient un poste de professeur stagiaire au lycée
Carnot à Versailles.
Lors de ses études,
il s’est engagé avec zèle de la jeunesse à des activités et mouvements
progressistes en France. En 1936, à Lyon, il est secrétaire des
Etudiants communistes qui organisent, pendant les grèves, la solidarité
des grandes écoles avec les travailleurs en lutte, en particulier aux
usines Berliet. C’est à cette époque là qu’il fait connaissance et se
lie avec Germaine Barjon militante de l’organisation des «Amis de
l’Union soviétique» où elle occupe des responsabilités nationales.
Quand la Seconde Guerre mondiale éclate, il
participe à la vie clandestine, distribuant les premiers tracts du Parti
communiste, des «Amis de l’Union soviétique». Il écoute la radio Moscou
et fournit les éléments permettant la rédaction et la parution illégale
du journal «Russie d’aujourd’hui».
Pour
dissimuler cette activité clandestine et pour vivre, il sollicite et
obtient, en 1940, un poste de professeur stagiaire au lycée Carnot à
Versailles. Il est arrêté en mars ou le 18 juin 1941 (selon les sources)
et interné au Camp de Choisel à Châteaubriant. Le 20 octobre 1941, des
résistants parisiens abattent à Nantes un officier allemand. En
représailles, les nazis ordonnent l’exécution de cinquante otages. Le 22
octobre 1941, vingt-sept internés du camp de Choisel, désignés par
Pucheu, responsable du Comité des forges (UIMM), ministre de l’Intérieur
de Pétain, sont conduits à la Carrière de Châteaubriant pour y être
fusillés.
Prenant la parole à la cérémonie,
Catherine Vieux-Charier, adjointe à la maire de Paris, chargée de la
mémoire et du monde combattant, a rappelé les pages les plus sombres de
l’histoire de la France et de Paris lorsque la France était sous
l’occupation de l’Allemagne nazie alors que le régime de Vichy du
maréchal Philippe Pétain a choisi une politique collaborationniste et
soutenait la lutte contre la Résistance.
Elle a
estimé que la vie de Huynh Khuong An était «exceptionnelle de courage et
d’engagement» et que le courage et le silence sous la torture de ce
martyr et de ses camarades - des combattants de l’ombre, ont sauvé tant
de vie, préservé tant de libertés». «Alors que nous venons de célébrer
le 70e anniversaire de la Libération de Paris, sur ces exemples de
lutte et de sacrifice, nous leur sommes redevables», a-t-elle souligné.
Elle a aussi indiqué que 73 ans après sa
mort, son combat est toujours vivant : «Sa lutte reste la notre. La
fonction même du souvenir et de nos commémorations est de mobiliser les
énergies pour les batailles présentes et à venir, contre tout ce qui
porte atteinte à la dignité de l’Humanité».
Pour sa part, l’ambassadeur du Vietnam en France Duong Chi Dung a
précisé que Huynh Khuong An est héritier de la tradition patriotique et
anticolonialiste de sa famille, imprégné d’une double culture
vietnamienne et française. Envoyé très jeune en France pour poursuivre
les études, Huynh Khuong An appréhende les valeurs de la liberté et de
la fraternité d’une France occupée qui résiste.
«Ce
sont ces mêmes valeurs qui ont fait de lui un enseignant qui n’a pas
d’autre choix que de prendre l’arme en même temps que la plume et la
craie. C’est ainsi qu’il combat à côté de ses camarades pour libérer la
France du joug fasciste. Le sacrifice de Huynh Khuong An et de ses
camarades de Châteaubriant sous le feu des nazis est devenu un symbole
de la volonté indomptable des résistants français, de l’aspiration
commune des peuples à la paix et à la liberté. C’est aussi le symbole de
la solidarité internationale», a-t-il conclu. -VNA