Né dans la province de Lâm Dông (hautsplateaux du Centre), d’une famille de pratiquants d’arts martiaux depuisquatre générations, Nguyên Trân Duy Nhât fait connaissance avec lesarts martiaux traditionnels dès sa plus tendre enfance.
Son père, leboxeur Nguyên Trân Diêu et sa mère, la boxeuse Minh Anh Ngoc - tous deuxdétenteurs du titre de «Champion national des arts martiaux» - étaientet sont encore aujourd’hui très respectés dans le milieu.
C’est à sixans que Duy Nhât débute ce sport de combat. Héritant du feu sacré de sesparents, le garçon se donne corps et âme aux entraînements, faisantpreuve d’une énergie, d’une volonté et d’une assiduité rares chez unenfant.
À 14 ans, il monte pour la première fois sur un ring,devant un jury et le public. Son style de combat, qui mêle vitesse,technique et précision, révèle rapidement le talent du jeune boxeuramateur, intraitable lors des compétitions d’arts martiaux locales.
Jamais il n’aurait imaginé cependant qu’un jour, il deviendraitprofessionnel ! À cette époque, les arts martiaux n’étaient pour luiqu’un moyen d’assouvir une passion et d’être en forme sur le planphysique et psychique...
Se vaincre soi-même pour vaincre l’adversaire
En2007, Duy Nhât quitte ses montagnes natales pour la vie estudiantine deHô Chi Minh-Ville, précisément à l’Université des sports. Après un and’études générales, vers fin 2008, la vie de Duy Nhât prend un tournant à90°. Il apprend que la ville entame une «opération recrutement» pourune sélection junior de muay thaï , un discipline dont il n’avait euvent que sur… Internet.
Soutenu par la famille et ses amis, Duy Nhât n’apas hésité une seconde pour s’inscrire. «Quelle joie cela a étélorsque j’ai vu mon nom sur la liste des lauréats ! Sur la centaine decandidats, seuls cinq ont été retenus» , se souvient-t-il.
Mais le plus dur commençait, les premières sessions d’entraînement étantun enfer. « J’avais mal partout ! Aux jambes surtout, boursouflées,pleines de bleues et tellement douloureuses ! Des fois, j’ai vraiment euenvie de tout plaquer. Heureusement que mon père était là ! Dans unmoment de doute, il m’a dit : +On doit se vaincre soi-même avant depouvoir vaincre l’adversaire+ », confie le combattant.
Après unmois d’entraînement à Hô Chi Minh-Ville, l’équipe a été envoyée enThaïlande - la Mecque du muay thaï - pour un stage intensif de 50jours. L’occasion pour Duy Nhât de côtoyer de vraies pointures,d’apprendre des techniques professionnelles et de découvrir unediscipline pour lui d’une beauté sans pareil.
« Le muay thaïest une discipline de puissance. Sa pratique exige courage, énergie etpatience. Une fois que le +virus+ vous attrape, on s’en donne à cœurjoie lors des entraînements. C’est le muay thaï qui m’a donnécette force et cette confiance en moi-même », affirme le jeune boxeur,intarissable sur le sujet.
Triple champion du monde en titre
L’année2009 a vu Duy Nhât gravir les échelons vers les sommets quatre àquatre, marquant ses débuts dans la sélection vietnamienne pour lescompétitions internationales. « Être appelé à défendre les couleurs dupays sur l’arène internationale a été pour moi un bonheur intense.Depuis, je ne désire qu’une chose : couvrir de gloire notre pays !»,clame-t-il.
Aux championnats d’Asie de muay thaï organisés cetteannée-là, en Thaïlande, il a décroché la médaille d’argent des moins de60 kg, battu seulement aux points, en finale. Malgré la défaite, unchampion était né !
Et quel champion ! Jugez plutôt : médailled’or au tournoi post-Indoor Games, avant de devenir un mois après levainqueur du tournoi Indoor Games 3, organisé au Vietnam : « Jen’oublierai jamais ce grand moment d’émotion et de fierté lorsque, surla plus haute marche du podium, j’ai reçu la médaille d’or puis entendul’hymne national du Vietnam qui résonnait pour moi ! ».
Seulefausse note, l’argent décroché aux SEA Games 2009 (Jeux de l’Asie duSud-Est) organisés au Laos, quoique imputable à un juge d’une intégritédouteuse qui n’a pas estimé bon de comptabiliser les coups pourtantflagrants de notre champion en finale…
Une déception vitedigérée, car depuis, c’est un sans-faute ! En mars 2010, Duy Nhâtconquiert la médaille d’or et la Coupe «Meilleur combattant desChampionnats du monde de muay thaï » remises par le comitéd’organisation, lors des deux championnats parallèles, le premierréservé aux sportifs amateurs, le second aux semi-professionnels.
Unecouronne qu’il défend depuis maintenant trois ans, lui qui est invaincusur toutes les compétitions internationales et régionales qu’il adisputées. Son dernier fait d’armes remonte aux Championnats d’Asie demuay thaï , organisés en juin 2012 à Hô Chi Minh-Ville avec laparticipation de centaines de combattants venus des 15 pays d’Asie, oùil a triomphé de tous ses adversaires une fois de plus. Gageons quecette magnifique série se poursuivra longtemps encore, le sportvietnamien ayant bien besoin de figures sportives de sa trempe ! -AVI