Le Musée des beaux-arts de Hô Chi Minh-Ville (Sud) organise une somptueuse exposition sur les "Esquisses de Nguyên Gia Tri" présentant 95 des 108 inestimables esquisses du célèbre peintre vietnamien, tirées du fonds de ce musée.

L’exposition inédite est riche en découvertes , à commencer par "Le jardin du printemps du Centre, du Nord et du Sud" acquise en 1990 par le musée. C’est une création qui à elle seule résume la recherche et les découvertes en laque poncée de cet artiste, ainsi que sa fierté et son profond amour des gens. Par la suite, ce musée a été gratifié de 61 autres œuvres par la famille du peintre. Vingt ans plus tard, en 2010, il en possédait 72 esquisses.

Nguyên Gia Tri (1908-1993) fait partie de la première génération des élèves de l’École des beaux-arts de l'Indochine fondée par Victor Tardieu à Hanoi dans les années 1930. Il fait partie d’un club très fermé de quatre grands peintres vietnamiens - Nguyên Gia Tri, Tô Ngoc Vân, Nguyên Tuong Lân, Trân Van Cân.

Ses premières œuvres sont figuratives, romantiques, chantant la beauté des femmes, et les scènes du pays. Il affectionne les grandes compositions décoratives où s’étirent des femmes longilignes dans une ambiance féerique. Le thème reste vietnamien, mais les traits, libres et purs, sont déjà très modernes, occidentaux. On songe à Picasso, Chagall, entre autres. Il en va de même de la composition du tableau, qui n'est pas sans rappeler "Le déjeuner sur l'herbe" de Monet.

Entre 1939 et 1945, il produit un très grand nombre d'œuvres sur panneaux, paravents, portes, s’entourant d’une équipe d’artisans laqueurs. Dans les années 1950, Nguyên Gia Tri a fait une excursion dans l’abstrait pour revenir plus tard, en fin de vie, au figuratif. Ces allers-retours sont classiques chez beaucoup de grands peintres. 

Chercheur passionné, Nguyên Gia Tri a réussi à cultiver la profondeur de ses images par une technique aussi lisse que la laque. Il a crée des couleurs uniques, nourries de lumières subtiles, couleur de l’argent, de l’or, du noir, du blanc (utilisant la coquille d’œuf), où percent parfois quelques touches de Bleu de Prusse, et poussé les techniques de la laque à un degré ultime de perfection. 

Sa renommée dépasse vite les frontières du pays. Nguyên Gia Tri est le premier peintre vietnamien coté. Les commandes de tableaux, de plus en plus de grandes dimensions, viennent de plusieurs pays étrangers et il n’arrive pas à satisfaire tout le monde. En plus, il n’est jamais content de ses tableaux. Sa femme a dû souvent cacher ses oeuvres destinées à l’envoi, car sans cesse Nguyên Gia Tri les ressort pour encore et encore les travailler. 

Ne boudons pas notre plaisir. C'est la première fois que le Musée des beaux-arts de Hô Chi Minh-Ville expose ces œuvres , une si belle occasion à ne pas manquer pour ceux qui s’intéressent au grand maître de la laque devenu pour le monde entier l’artiste de référence pour cette discipline et aux tous premiers pas de la peinture vietnamienne. Cette exposition est ouverte jusqu’à la fin de cette année. – VNA