Natation: elle ne baisse pas les bras face à leur handicap
Fraîche émoulue de l’École secondaire de
l’éducation physique et des sports de Dà Nang, Nguyên Thi Hông Vân,
retourne immédiatement sur les terres qui l’ont vue naître, la province
de Quang Tri, en vue de consacrer une partie de son temps aux activités
sportives de cette localité.
C’est en 1997 que son
destin prend forme. Elle se voit confier la sélection de natation
handisport de Quang Tri dans l’optique du premier Festival national des
sports et des arts en faveur des handicapés, organisé ici chez elle. Les
résultats vont bien au-delà des espérances, puisque ses élèves comme Hô
Thi Huê, Nguyên Van Do, Lê Van Anh… y font sensation.
Hông Vân commence à se faire un nom à Quang Tri, en aidant les
handicapés à faire du sport pour garder la santé et surtout, l’énergie
de vivre. C’est aussi l’année où elle entame son parcours qui consiste à
partager et cultiver les rêves des enfants handicapés vivant dans les
nombreuses régions rurales pauvres de la province.
Accueillir de tels enfants n’est pas chose aisée, car ils souffrent d’un
complexe d’infériorité et n’osent le plus souvent pas sortir de la
maison. D’autant plus que leurs parents ne sont pas enclins à les voir
partir.
Hông Vân doit ainsi se rendre auprès de
chaque famille afin de convaincre les parents de leur permettre de vivre
avec elle et de faire du sport. Cela donne lieu à bien des commentaires
de la part de ses voisins. Mais elle préfère faire la sourde oreille,
comptant sur le soutien de sa famille pour les nourrir.
Même si cette situation n’est pas toujours facile à gérer au
quotidien, elle ne se plaint jamais. Si le budget est restreint, les
repas en famille sont souvent de bons moments, car tous savent d’où ils
viennent. Son bonheur est à son comble lorsque ses «enfants» l’appellent
affectueusement «me Vân» (maman Vân).
La première
fille que Hông Vân a adoptée s’appelle Lê Thi Dung, souffrant d’une
paralysie à une jambe. Lorsqu’elle l’a prise en charge, Dung ne savait
pas nager. Pour cette jeune fille, la natation était quelque chose
qu’elle n’aurait jamais pu imaginer pratiquer un jour.
La volonté et le dévouement de sa mère adoptive ont permis à Dung de
soulever des montagnes, en raflant quatre médailles d’or (catégorie S10)
lors des 3es Jeux sportifs d’Asie du Sud-Est pour handicapés (ASEAN
Para Games 3) aux Philippines en 2005, dont trois individuelles sur 50
m, 100 m et 200 m nage libre.
Depuis, tous les
sportifs handicapés que Hông Vân prend sous son aile surfent sur la
vague de ce succès, clamant haut et fort le message «Handicapé mais
utile». Résultat : Truong Quang Gôn a remporté l’or du 100 m dos-crawlé
et deux d’argent sur 100 m et 400 m nage libre (catégorie S8) lors des
3es Jeux handisport d’Asie juniors en en 2013 en Malaisie. Quand à
Nguyên Thi Diêu Hà, en plus de ses deux titres décrochés lors de ces
jeux, elle a remporté l’argent du 50 m dos-crawlé (catégorie SB8) aux
ASEAN Para Games 7 au Myanmar en janvier 2014.
Se
remémorant les débuts chaotiques sur la voie difficile qu’elle a choisie
d’emprunter, Hông Vân raconte : «Les fleuves Thach Han et Hiêu nous
servaient de lieux d’entraînement. Chaque jour, je devais porter un
enfant sur mon vélo pour nous y rendre, car il n’y avait pas de fauteuil
roulant. Je veux remercier les Cieux. Il y a eu des moments chauds,
notamment pendant la saison des pluies où le niveau des cours d’eau est
élevé. Certains des enfants ont été entraînés vers le centre du fleuve,
avec un fort courant et des remous. C’était dangereux car il fallait
toujours leur dire de bien faire attention à nager au bord. Mais
aujourd’hui, nous pouvons nous entraîner à la piscine, ce qui nous
facilite énormément la tâche».
Au-delà du sport,
Hông Vân pense à l’avenir professionnel de ses enfants, les aidant à
apprendre un métier pour qu’ils puissent avoir un emploi avec un revenu
stable. Pour l'heure, Lê Thi Dung travaille dans une entreprise
étrangère, Trân Van Thông est fonctionnaire dans son quartier, Trân Van
Diêu tient un atelier de menuiserie… Et c’est ainsi qu’un nouveau cycle
débute.
Le vœu le plus cher de ce qui est
certainement la meilleure ambassadrice du handisport au Vietnam, serait
de voir les sportifs handicapés de Quang Tri bénéficier d’une assistance
matérielle et financière régulière de la part des instances. Cela
permettrait, selon elle, de les rassurer, eux qui souvent hésitent avant
de se lancer dans une carrière. – VNA