Hanoï (VNA) - Ce mois-ci, le vétéranaméricain Peter Mathews, qui a conservé depuis 56 ans le carnet de notesd'un soldat vietnamien, se rendra au Vietnam. Pour cet anciencombattant de 77 ans, pouvoir rendre ce carnet à son propriétaire estune mission de vie qu’il se doit assurément d’accomplir.
PeterMathews vit dans une petite maison à Bergenfield, dans l’État américaindu New Jersey. Lors de notre première rencontre, nous avons étéimpressionnés par cet homme simple, alerte et très hospitalier. Dans samaison, nous avons vu le fameux carnet de notes posé sur la table basse.
C’était bien celui que Peter Mathews avait trouvé au Vietnam alorsqu’il était combattant de guerre. Cela fait plus d'un demi-siècle qu’ill’a conservé avec des articles et des informations connexes. En yfeuilletant les pages, Peter Mathews se remémore:
“C’était en 1967. Nous étions ausommet de la colline 724, à quelques kilomètres de Dak Tô. Nous étionslà pour remplacer une autre unité, quatre ou cinq nuits déjà. Lorsqueles combats ont cessé, nous avons descendu la colline et avons comptéles morts... J'ai vu quatre ou cinq sacs à dos éparpillés par terre. Il yavait plusieurs morts aux alentours. Souvent, nous devions fouiller cessacs à dos pour rechercher des documents et des informationsmilitaires. J'en ai ouvert un et j'ai trouvé un petit carnet. J'aisupposé que les informations qu'il contenait n'avaient rien à voir avecl'armée car il n’y avait que de très beaux dessins, et de bellesécritures manuscrites. À ce moment là, je me suis dit que même si jeremettais ce carnet à l’armée, cela ne servirait à rien. J'ai doncdécidé de le garder. Mon seul but est de rendre ce carnet au soldatauquel il appartient”.
Deretour aux États-Unis, Peter met toutes ses médailles, uniformes et mêmele carnet dans une boîte et essaye de tout oublier. Aujourd’hui âgé deprès de 80 ans, il estime qu'il est temps de parler de l’existence de cecarnet aux autres. Il ne peut plus tarder à le rendre au soldat ou à safamille au Vietnam.
Comme a pu le constater Peter Mathews,le carnet ne contient aucune information militaire. Il n’y a que despoèmes, des chansons, des idéaux du Parti communiste vietnamiens, desrecommandations du Président Hô Chi Minh, et des dessins qui sont toustrès beaux et méticuleux. La plupart d'entre eux ont été écrits etdessinés en 1966 et par plusieurs personnes car on y trouve desécritures différentes. Heureusement, il y a une page dans le carnet oùfigure le nom d’un certain Cao Xuân Tuât et son adresse dans le hameaude Cao Thang, commune de Ky Xuân, district de Ky Anh, province de HàTinh.
L'information a été publiée par unjournal américain et ensuite relayée par des médias vietnamiens et lesréseaux sociaux. Au Vietnam, les autorités de la province centrale de HàTinh ont identifié le soldat Cao Van Tuât qui a vécu à l'adressesusmentionnée et est tombé au champ d’honneur en 1967. Ce soldat esttrès probablement le propriétaire de ce carnet. Peter Mathews a été trèssurpris et ému lorsqu'il a reçu cette réponse du Vietnam. Depuis lors,il attend avec impatience son retour dans notre pays.
“Je me souviens encore qu'il étaitenviron trois heures du matin aux États-Unis, lorsque les autorités deHà Tinh ont vérifié les informations sur le propriétaire du carnet.Elles se sont rendues chez lui et m'ont connecté grâce à un appel vidéo.J'ai pleuré d'émotion et de bonheur en voyant les proches du soldat.J'ai hâte de les rencontrer et de leur remettre le carnet. Je me suisdit que j'étais juste le gardien du carnet au fil des années et qu'iln'a jamais été le mien. J'espère que le contenu du carnet sera publié unjour et que tout le monde puisse en profiter. Je me sens mieuxmaintenant car je sais que le carnet reviendra à l’endroit où il estsupposé être.”
M.Peter et son épouse se rendront au Vietnam début mars et rendront visiteà des proches du soldat Cao Van Tuât à Hà Tinh pour leur remettre enmains propres le carnet qu'il a conservé pendant plus de 50 ans. Plus lejour du départ approche, plus il se sent nerveux.
“J’ai eu l’intention d’écrire quelquechose à leur dire lors de notre rencontre mais je ne suis vraiment pasdoué pour ça... Je souhaite simplement être sur place et leur parleravec mon cœur. Peut-être que je vais pleurer ou rester silencieuxquelques minutes, je ne sais pas… Mais je ne veux rien écrire. Je veuxêtre moi-même devant eux.”.
Ce sera le premier retour de PeterMathews au Vietnam depuis qu’il est rentré aux États-Unis en 1967. Parconséquent, en plus de la mission de rendre le carnet, Peter et sonépouse souhaitent voir de leurs propres yeux un Vietnam en pleineexpansion.
“Ma femme et moi, nous avons regardébeaucoup d'émissions sur le Vietnam à la télévision. Nous nous sommesrenseignés sur les restaurants et les hôtels. J'attends avec impatiencece voyage. À la télévision, je vois un pays prospère et paisible, ouvertà tous les visiteurs. Comme je l'ai dit, les retours que j'ai reçus desVietnamiens ont été incroyables. Ainsi, je suis très heureux de revenirau Vietnam”.
Le voyage du vétéran américain PeterMathews n'est plus l'histoire d'un individu. Il témoigne d’une volontécommune, du Vietnam tout comme des États-Unis de mettre de côté le passéet de s’orienter vers un meilleur avenir pour les deux peuples.- VOV/VNA