Depuis près de 30 ans, c’est le même scénario quotidien à la pagode Van Tho, à Hô Chi Minh-Ville : de très nombreux patients attendent de se faire soigner gratuitement pour des problèmes tels que foulure, entorse, voire fracture. Alors, pagode ou dispensaire de santé ?

Il y a plus d’un siècle déjà, l’on pouvait distinguer sur cette terre argileuse aux environs du canal Nhiêu Lôc une petite pagode faite de chaume et de parois en feuilles. C’était la toute première mouture de la pagode Van Tho. Aujourd’hui, le monument est devenu l’une des pagodes célèbres de Hô Chi Minh-ville de par sa beauté, sa majesté et son aspect général.

Le lieu accueille tous les jours de très nombreux visiteurs, parmi lesquels des blessés qui viennent se faire soigner au cabinet de consultation spécial situé dans l’enceinte de la pagode. L’endroit est connu de tous les Saïgonnais, et même des habitants de provinces voisines.

Dès son plus jeune âge, Thich Thanh Son, l’un des bonzes de la pagode Van Tho, étudie les arts martiaux, en particulier le kung-fu Shaolin. C’est par le biais de cette discipline qu’il entame des recherches sur les maladies des os et des articulations. Cette passion naissante pour cette médecine spécifique pousse le bonze Thanh Son à en apprendre davantage et à élargir ses connaissances. Fort logiquement, il décide de créer un cabinet de consultation gratuite ouvert au plus grand nombre...

Le bouche à oreille a fait le reste. Après 30 ans, bien malin celui qui serait capable de recenser avec précision tous les patients qui ont bénéficié de l’aide des bonzes, qui traitent chaque cas avec dévouement.

Le bonze Thich Thanh Son peut en témoigner : «Le traitement de ce type de problèmes a été développé dans les années 80. Depuis lors, chaque jour nous recevons entre 60 et 80 patients. Il y a même des fois où nous sommes contraints de refuser du monde car beaucoup de patients viennent nous rendre visite. Nous sommes souvent fatigués, mais le fait de pouvoir aider tous ces gens nous rend heureux».

Une équipe restreinte


Si la salle de consultation de la pagode reste un espace étroit, l’atmosphère qui règne ici est toujours très animée. Les patients sont de tout âge et de tous les horizons. Chaque problème est différent et se traite au cas par cas, rendant le travail de «l’équipe médicale» - constituée en tout et pour tout de quatre bonzes - parfois compliqué.
Lorsqu’une pagode se mue en cabinet medical hinh anh 1
L’atmosphère de la pagode Van Tho est toujours très animée.
Actuellement, l’équipe en place propose des traitements sous forme de massages, d’acupuncture ou encore de pansements extraits de la médecine orientale. Outre la formation dispensée par le bonze Thich Thanh Son, ces assistants suivent des classes spécialisées en médecine orientale pour parfaire leurs connaissances et compétences. «Lorsque notre pratique et nos traitements paraissent insuffisants ou inadaptés, notamment lorsqu’il s’agit de fractures, nous avons bien évidemment recours à la radiographie. Nous invitons ainsi fermement nos patients à aller à l’hôpital afin d’opter ensuite pour un traitement le plus efficace possible», précise le bonze Thich Thanh Son.

Comme signalé, seuls quatre bonzes font face à tous les «bobos» alors que l’afflux de patients est toujours plus important. Des moines bouddhistes viennent du mieux possible leur prêter main forte, notamment pour tout ce qui est du domaine des pansements. Ils aident les bonzes au quotidien qui, faut-il le rappeler, ne perçoivent aucune rémunération.

Par ailleurs, ces derniers se montrent plutôt actifs dans la production d’herbes médicinales sous le contrôle avisé du bonze en chef. Ainsi, à chaque cas son traitement. Et, comme en témoigne Thanh, un patient, cela fonctionne : «J’ai souvent mal aux genoux et je suis allé à de nombreuses reprises à l’hôpital, sans succès. Depuis que je connais la pagode, je la fréquente pour atténuer mes douleurs. La médecine orientale m’apporte beaucoup de réconfort».

Si les traitements sont gratuits à la pagode, de nombreux patients font des dons afin d’aider les bonzes à maintenir ce petit cabinet de consultation qui mérite le détour et permet de soigner bien des maux pour lesquels la médecine occidentale n’a pas nécessairement de réponse efficace. -VNA