L’irrésistible ascension de la petite reine au Vietnam
À Hanoi il y a 20 ans,
les vélos étaient omniprésents dans les rues. Et puis avec l’essor
économique, ils ont rapidement reculé face aux motos et voitures.
Maintenant, ils reviennent en force, mais pour un usage essentiellement
récréatif.
Fier propriétaire d’un scooter Spacy depuis une
dizaine d’années, Xuân Khanh n’aurait jamais imaginé un jour se mettre
au vélo, qu’il considérait comme le moyen de locomotion des pauvres ou
des gamins. Maintenant, il ne raterait pour rien au monde son petit tour
hebdomadaire du lac de l’Ouest. Tous les dimanches à 05h00, il
enfourche son VTT et part pour une balade d’une heure.
«Très
tôt le matin, il n’y a presque personne dans les rues. J’ai
l’impression que la route et le lac sont à moi! J’exerce un métier
intellectuel qui m’oblige à rester assis toute la journée. Prendre le
frais de bon matin, il n’y a pas de bonheur plus grand. En plus, j’ai
réussi à dégommer quelques kilos superflus», explique-t-il.
Mme Thuc
Kha a une petite fille de 12 ans. Il y a deux ans, elle lui a acheté un
vélo pour qu’elle aille jouer avec ses amies après l’école. Et puis
elle a eu aussi envie de s’y mettre, juste pour faire des tours du lac
Ngoc Khanh. Un excellent moyen selon elle pour s’entretenir physiquement
mais aussi se ressourcer.
Dans ce regain d’intérêt pour
la petite reine, une chose est intéressante à noter, c’est ce que
beaucoup de ces nouveaux cyclistes sont souvent des inconditionnels de
la voiture.
Nguyên Dinh Hoàng est membre du forum otofun.
Autrement dit, c’est un passionné de «belles bagnoles». Un jour, il
s’est acheté pour plusieurs dizaines de millions de dôngs un VTT. Il a
aussi créé un groupe des passionnés de voitures amoureux du vélo.
Contrairement à Xuân Khanh ou à Mme Thuc Kha, ces gars-là ont une
pratique vraiment sportive du vélo, et font régulièrement des sorties de
plus de 100 km.
«Nous pédalons en admirant la campagne. À
mi-chemin, nous prenons le thé ou mangeons un pho. Quelquefois, nous
visitons une pagode ou un vestige historique. Ce sont de magnifiques
moments. Je peux même dire que j’ai retrouvé une certaine joie de vivre.
Avant j’avançais la tête coincée dans le guidon, c’est le cas de le
dire, et j’avais perdu tout lien avec les choses simples de la vie»,
considère Hoàng.
Pratique loisir ou sportive ?
Le
vélo n’est pas une passion coûteuse. Si on limite ses sorties à des
tours du lac de l’Ouest, un vélo de quelques millions de dôngs suffira
amplement. Pour une utilisation plus sportive, alors il faudra investir
un peu plus, une ou plusieurs dizaines de millions de dôngs. Les marques
les plus prisées sont Treck, Canondale, Hummer, Colnago.
Certains
amateurs fortunés n’hésitent pas à investir plus d’une centaine de
millions de dôngs. Le M55 Terminus, conçu par le prince de Monaco, coûte
la bagatelle de 730 millions de dôngs et est limitée à 250 unités.
Paraît-il que certains de ces petits bijoux roulent déjà au Vietnam!
Espérons juste qu’ils ne servent pas qu’à faire le tour des lacs.
En
général, les passionnés achètent un premier vélo à prix modéré puis
«casse la tirelire» pour le second. En plus du vélo, il faut aussi
s’acheter l’indispensable cuissard à peau de chamois, des gants, un
casque, des genouillères et coudières (pour les vététistes amateurs des
descentes)... «On a aussi un GPS, un compteur électronique. Parfois, les
accessoires coûtent aussi cher que le vélo», confie un passionné.
Selon
un vélociste, le prix d’un vélo dépend de la qualité de son cadre et de
ses équipements. Par exemple, un cadre en carbone de 770 g coûte 200
millions de dôngs. Mais attention : le bon vélo ne fait pas le bon
cycliste, loin de là ! - AVI