Les serpes sacrées des K’Ho

Les serpes des K’Ho sont utilisées comme outil de travail et comme arme. Elles jouent aussi le rôle d’objets sacrés. À travers elles, transparaissent les croyances cette minorité ethnique.
Les serpes sacrées des K’Ho ảnh 1Les K’Ho notamment les hommes ne se séparent jamais de leur serpe, de leur naissance jusqu’à leur mort. Photo :internet

Hanoi (VNA) - Les serpes des K’Ho sont utilisées comme outil de travail et comme arme. Elles jouent aussi le rôle d’objets sacrés. À travers elles, transparaissent les croyances cette minorité ethnique vivant dans les hauts plateaux du Centre.

Quelque 166.000 personnes appartiennent à l’ethnie K’Ho. Elles vivent essentiellement dans la province de Lâm Dông (hauts plateaux du Centre). Les K’Ho fabriquent et utilisent plusieurs sortes de serpes, pour la chasse ou les activités agricoles. Mais ces outils jouent aussi un rôle primordial dans leur spiritualité. Ils sont étroitement liés à la vie des hommes et sont indispensables lors de plusieurs cérémonies rituelles.

Une serpe a généralement une lame fine, courbée, en fer forgée. Elle est longue d’environ 25 cm et large de 4 cm. Son manche est taillé dans un tronçon de bambou et mesure de 0,8 mètre à un mètre. La fabrication des serpes, qui sont utilisées dans le cadre de cérémonies rituelles, notamment lors de la Fête traditionnelle, du sacrifice d’un  buffle, de la prière pour une bonne récolte, de la fondation d’un village, etc., est plus recherchée. Le manche doit être fait d’un tronçon de rotin, taillé en S. La lame, fine et aiguisée, doit être forgée pour prendre la forme d’un croissant.

Indispensable lors du mariage

Les K’Ho vivent selon le régime matriarcal. C’est donc la jeune femme qui pratique le rite bat chông (capture du mari). Une cérémonie durant laquelle elle emmène, entourée d’une procession et des proches des deux familles, son mari chez elle. «La présence d’une serpe est indispensable. Aujourd’hui, la coutume est restée la même qu’à l’époque», affirme Ro Ong Hà Tang, patriarche du village Dung K’No, dans le district de Lac Duong. Quand le cortège entre dans la cour de la famille de la mariée, un représentant de la famille du marié, une serpe à la main, s’approche de la porte de la pièce où se déroule le mariage. Il dit à haute voix : «Ici est venu le garçon le plus fort et le plus talentueux de notre famille. Ouvrez-lui la porte !». À l’intérieur, une représentante de la famille de la future épouse répond : «Venez l’ouvrir vous-même !». À noter que la porte est composée de cinq couches, deux en bambous et trois en bois dur. Il est évident que ces paroles font partie du rituel. Dans les faits, la porte n’est jamais cadenassée.
 
Le représentant de la famille du garçon, une serpe en main, réalise alors le rite chem cua (battre la porte). Il frappe symboliquement trois coups consécutifs à la porte et l’ouvre pour que le garçon entre. Une réception, donnée par la famille de la mariée, l’attend à l’intérieur. «Le +chem cua+ est un rite qui marque une nouvelle étape dans la vie du couple. À partir de ce moment-là, une serpe est toujours présente dans leur vie. Elle accompagne le mari jusqu’à sa mort. Si l’épouse décède, le mari doit quitter la famille de sa femme sans aucun bien, sauf sa serpe», explique le patriarche Ro Ong Hà Tang.

Une serpette pour les enfants

Selon la tradition des K’Ho, si le couple a un fils, le mari va forger lui-même une serpette symbolique, qu’il utilisera comme offrande principale au génie et aux ancêtres lors de la cérémonie de venue du monde, organisée huit jours après la naissance du bébé. Quand l’enfant atteint l’âge adulte, le père organise un rite de reconnaissance officielle de l’enfant par la communauté. Il met une serpe sur son épaule et demande, devant l’autel des ancêtres, au génie et aux ancêtres de protéger son fils, de lui donner santé, courage, intelligence et habileté. Le garçon ne se sépare jamais de cette serpe. Elle le suit jusque dans sa tombe.

«Les K’Ho considèrent que mourir n’est pas une fin en soi. Il ne s’agit que d’une étape de la vie humaine. Elle marque le commencement d’une nouvelle vie dans un autre monde. Lorsqu’on meurt, il faut donc aussi que les biens et objets d’usage courant comme le gong, la jarre d’alcool, la hotte, la serpe, etc. accompagnent le défunt», précise le patriarche Krajan Plin, du village Dang Ja, district de Lac Duong.

Les serpes sacrées des K’Ho ảnh 2Les valeurs culturelles des K’Ho transparaissent à travers leurs serpes. Photo :internet

Plusieurs patriarches du district de Lac Duong se disent aujourd’hui «inquiets». De vieilles serpes sont fréquemment volées et revendues. En effet, les antiquaires sont friands de ces objets, notamment ceux qui ont plus de cent ans. Certains croient, conformément à une légende, que les serpes centenaires, utilisées lors de nombreuses chasses et cérémonies rituelles, sont sacrées et peuvent apporter à son possesseur puissance, santé et prospérité, ainsi que le protéger des mauvais esprits et des fantômes. -CVN

Voir plus

Nguyen Dang Che, artisan de la gravure sur bois traditionnelle de Đông Hồ. Photo : VNA

Le Vietnam obtient une nouvelle inscription à l’UNESCO avec « L’artisanat de la gravure sur bois traditionnelle de Đông Hồ »

Dans le cadre de sa 20ᵉ session à New Delhi, le Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel a approuvé le 9 décembre la décision 20.COM 7.a.1, inscrivant officiellement « L’artisanat de la gravure sur bois traditionnelle de Đông Hồ » sur la Liste du patrimoine culturel immatériel nécessitant une sauvegarde urgente.

La réalisatrice Nguyên Bông Mai. Photo: vietnamnet.vn

Le Vietnam diffuse son message de paix et de préservation culturelle au Venezuela

Le Vietnam a apporté un vent de diversité culturelle à la « Conférence internationale des peuples autochtones pour la paix et le développement » tenue les 8 et 9 décembre à Caracas, au Venezuela. Seule nation asiatique présente à cet événement international, le Vietnam a mis l'accent sur la préservation de l'identité nationale comme fondement de la paix.

Ouverture de l'exposition sur les traces du président Hô Chi Minh en Russie à Hanoï. Photo: VNA

Exposition sur les traces du président Hô Chi Minh en Russie à Hanoï

Une exposition intitulée « Les traces de Hô Chi Minh au pays de la Révolution d'Octobre » a ouvert ses portes le 8 décembre au Musée Hô Chi Minh à Hanoï. Elle met en lumière les liens profonds entre le dirigeant vietnamien et la Russie, ainsi que sa contribution durable à l'amitié entre les deux pays.

Gala de collecte de fonds pour soutenir les activités de l'association ADM Vietnam au Vietnam. Photo. VNA

ADM Vietnam célèbre 33 ans d’aide médicale et de dialogue linguistique

L’association a été fondée avec trois missions principales : l’assistance médicale, le soutien social et la promotion du français médical – en envoyant des médecins bénévoles au Vietnam, en faisant don de matériel et en aidant les étudiants en médecine à maîtriser le français afin d’obtenir des stages cliniques en France.

Les touristes étrangers visitent les rues en cyclo-pousse, admirant la beauté antique d'Hanoï. Photo : VNA

Le Vietnam attire fortement les touristes français pour les fêtes de fin d’année

Les voyagistes français enregistrent une hausse continue de la demande pour Noël et le Nouvel An, portée par de nombreuses réservations de dernière minute. Dans cette dynamique, le Vietnam s’impose comme l’une des destinations long-courriers les plus prisées depuis la pandémie, malgré un contexte économique encore incertain.

Le film “Mưa đỏ” chaleureusement accueilli par le public international. Photo: qdnd.vn

Le film “Mưa đỏ” chaleureusement accueilli par le public international

La semaine « Vietnam Cinéma – Itinéraire de Lumière » se tient du 5 au 13 décembre au Grand Rex à Paris. L’événement est organisé par l’Association vietnamienne pour le développement du cinéma (Vietnam Film Development Association – VFDA) et l’organisation AVSE Global, sous le patronage de l’ambassade du Vietnam en France.

L'application des technologies numériques pour la conservation du patrimoine à Nghe An. Photo : VNA

L’expérience culturelle numérique, un vecteur pour valoriser le riche patrimoine de Nghe An

Terre de traditions et de patrimoine, la province de Nghe An se trouve aujourd’hui face à de nombreuses opportunités mais aussi à des défis dans la préservation et la mise en valeur de ses trésors culturels. Le numérique apparaît comme un outil puissant, capable de conserver, diffuser et rendre le patrimoine local plus accessible et plus attractif pour le grand public.

Le pont Mong, vestige architectural et artistique municipal construit entre 1893 et 1894, est le plus ancien pont de Hô Chi Minh-Ville reliant le centre au 4e arrondissement (ancien). Photo : Hong Dat – VNA

Hô Chi Minh-Ville parachève le système d'éclairage artistique de son centre urbain

Hô Chi Minh-Ville a inauguré un nouveau système d’éclairage artistique au pont Mong, au Palais des enfants, au Musée Ton Duc Thang et au Musée de Hô Chi Minh-Ville, offrant une nouvelle mise en valeur nocturne de la zone centrale. Sur le pont Mong, qui enjambe le canal Ben Nghe, 414 ensembles de LED et 12 lampadaires décoratifs ont été installés. Au Palais des enfants, ce sont 550 ensembles LED et 64 lampadaires qui illuminent désormais le site. Ce dispositif contribue à magnifier l’architecture urbaine, dynamiser le paysage nocturne et renforcer l’attractivité touristique de la ville.