Les céramiques vietnamiennes anciennes sont très variées, non seulement par leur forme et leur couleur, mais encore par leurs motifs ornementaux. De nos jours, ces objets d’art sont très prisés par les riches collectionneurs, et sont également exportés à l’étranger.

Parmi les céramiques en couleur datant du XVe siècle retrouvées récemment lors de fouilles sous-marines près de l’île de Cù Lao Chàm (Hôi An, province de Quang Nam, Centre), beaucoup étaient décorées de peintures d’animaux. C’est le cheval qui apparaît le plus souvent, sur des «Kendi», sortes de cruches aux décors et formes souvent zoomorphes. Sur ces jarres, le cheval est représenté dans différentes positions, galopant, volant jusqu’au ciel, ou monté par des mandarins.

Les céramiques à motif de cheval sont considérées comme des objets très précieux et d’une grande beauté. Au XVe siècle, ces céramiques étaient déjà très appréciées car en plus de leur fonction décorative, elles représentaient un animal noble incarnant des valeurs spirituelles.

Le cheval - Mã en chinois, Uma en japonais, Asu (c’est à dire rapide) en sanskrit – est un coureur remarquable et une monture aux multiples usages. On l’utilise pour faire la guerre, chasser, voyager, mais aussi dans la production agricole.

Le cheval est un animal sacré

Traditionnellement, le cheval rapide et vif symbolise un principe mâle et représente le feu. Sa vitesse le rend comparable au soleil qui suit sa course. Il est donc également un symbole solaire. Dans certaines régions, le cheval est un animal sacré, associé au culte du Soleil.

Ce culte existe aussi en Europe et en Asie. Les grecs par exemple décrivaient Pégase comme un cheval ailé. On retrouve des peintures de chevaux ailés sur les céramiques vietnamiennes anciennes. Ces créatures s’apparentent aux animaux mythiques des cultures indienne ou chinoise.

En Asie du Sud-Est, certains courants de l’Islam rendent un culte au cheval. Les communautés musulmanes asiatiques recherchaient donc les céramiques vietnamiennes décorées de chevaux. Aux XIVe et XVe siècles, elles les utilisaient dans la vie quotidienne et au cours des cérémonies religieuses. À cette époque, seuls les plus riches pouvaient acheter ces céramiques qu’ils léguaient ensuite à leur descendance. Au cours des cérémonies, on choisissait les céramiques qui présentaient des symboles et motifs en lien avec les ancêtres et la spiritualité.

En Orient et en Occident, le cheval incarne la noblesse et la sagesse. En Chine, il symbolise la réussite aux examens. Au Vietnam, sous le règne de la dynastie des Lê So (1428-1527), le roi récompensait les lauréats du concours royal organisé au Temple de la Littérature, en leur permettant de retourner chez eux montés sur un cheval, afin de faire un retour glorieux au village natal. Ce thème est aussi reproduit sur certaines céramiques vietnamiennes.

Le cheval tenait une place importante dans la vie des vietnamiens à cette époque. Sensible, rapide et intelligent, il est un compagnon de route et un « ami» cordial. Le cheval divinisé et devenu un animal sacré présent dans la vie culturelle, spirituelle et artistique du Vietnam, ainsi que de plusieurs autres pays. -VNA