Le Vietnam a fait des progrès significatifs dans l'amélioration de la santé sexuelle et reproductive au cours des 20 dernières années. Cependant, les disparités et les inégalités en la matière existent toujours.

Les progres significatifs du Vietnam en matiere de planification familiale hinh anh 1Photo d'illustration: VietnamPlus

"Les grossesses non planifiées font partie d'une crise invisible qui persiste partout dans le monde, dont au Vietnam", c’est ce qu’a souligné Mme Naomi Kitahara, représentante du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) au Vietnam, lors d’une cérémonie tenue le 5 mai marquant le lancement d’un nouveau projet dans le développement du système de données démographiques et le suivi de l'avancement des politiques de développement socio-économique et stratégies durables.

Malgré de nombreux progrès dans l'amélioration de la santé sexuelle et reproductive au cours des 20 dernières années, des disparités et des inégalités en la matière existent toujours dans de différentes communautés, notamment des ethnies minoritaires, des travailleurs migrants, des jeunes et des personnes vivant dans des zones reculées.

La mortalité maternelle au Vietnam a baissé à 46 mères/100.000 bébés vivants en moyenne. Toutefois, le taux est de 2 à 3 fois plus élevé dans les régions montagneuses du Nord et des Hauts plateaux du Centre. En outre, le taux de mortalité maternelle chez les mères de l'ethnie H'Mong est 7 fois plus élevé que celui des mères de l'ethnie Kinh.

Selon les résultats d'une enquête réalisée en 2021, seulement 72% des femmes mariées sont satisfaites des méthodes contraceptives modernes et ce taux baisse même à 50,3% chez les femmes célibataires.

En moyenne, 84% des femmes vietnamiennes prennent leurs propres décisions concernant le sexe et 70% concernant l'utilisation de la contraception. Cependant, seulement 42% des personnes de l’ethnie H'Mong et 61% des femmes non scolarisées sont capables de prendre leurs propres décisions concernant le sexe.

La faible capacité des femmes à prendre des décisions quant à leur sexualité dans le couple est à l’origine de grossesses non planifiées.

1,9 million de dollars pour édifier un système de données démographiques

Le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) a lancé le 5 mai un projet pour aider le Vietnam à appliquer de nouvelles technologies dans la construction d'un système de données démographiques.

Le nouveau projet de coopération entre l’Office général des statistiques du Vietnam (OGS) et l'UNFPA est conforme à la feuille de route pour la mise en œuvre de la stratégie de développement statistique du Vietnam pour la période 2021-2030 avec une vision à l’horizon 2045, a déclaré sa directrice générale Nguyên Thi Huong.

Les progres significatifs du Vietnam en matiere de planification familiale hinh anh 2 Mme Naomi Kitahara, représentante du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) au Vietnam, s'exprime à l'événement. Photo: VietnamPlus

Doté d’un budget total de 1,9 million de dollars, ce projet sera mis en œuvre de 2022 à 2026 pour aider le Vietnam dans la collecte, l’analyse, la diffusion de données, permettant ensuite aux politiques et stratégies de se fonder sur des données probantes afin d’atteindre les Objectifs de développement durable d'ici 2030.

Lors de cet événement, l'UNFPA a aussi dévoilé son rapport sur l’état de la population mondiale 2022. Ce rapport édifiant, intitulé "Comprendre l’imperceptible : agir pour résoudre la crise oubliée des grossesses non intentionnelles", alerte sur les graves conséquences de cette crise des droits fondamentaux pour les sociétés, pour les femmes et les filles, et pour la santé mondiale.

Selon ce rapport, près de la moitié des grossesses dans le monde sont des grossesses non intentionnelles, soit au total 121 millions chaque année. Pour les femmes et les filles concernées, le choix de porter la vie, susceptible de bouleverser durablement leur existence, n’en est pas véritablement un.

Toujours selon ce rapport, plus de 60% des grossesses accidentelles se soldent par un avortement, et l’on estime que 45% des interruptions volontaires de grossesse sont non médicalisées et à l’origine de 5 à 13% des décès maternels. Pour Mme Naomi Kitahara, cette situation compromet sérieusement notre capacité à atteindre les objectifs de développement durable à l’échelle mondiale.

Selon les estimations, 257 millions de femmes souhaitant éviter une grossesse n’ont pas recours à des méthodes contraceptives modernes et sûres, et dans les pays pour lesquels on dispose de données, près d’un quart des femmes ne sont pas en mesure de refuser un rapport sexuel.

Le rapport appelle les décideurs et les responsables de systèmes de santé à faire de la prévention des grossesses non intentionnelles une priorité en améliorant l’accessibilité, l’acceptabilité, la qualité et la diversité des moyens de contraception, tout en étendant sensiblement la prestation des soins et la dispense d’informations de qualité en matière de santé sexuelle et reproductive.

Il invite aussi les responsables politiques, les dirigeants communautaires et les particuliers à permettre aux femmes et aux filles de faire valoir leurs décisions en matière de sexualité, de contraception et de procréation, ainsi qu’à encourager la société à reconnaître leur valeur en tant qu’individus.

Ce nouveau projet veut aider les femmes et les filles à disposer des outils, des informations et des capacités nécessaires pour prendre elles-mêmes cette décision fondamentale : donner ou non la vie. -VietnamPlus