Qui sont-ils, les M’Nong? Un groupe ethnique des Hauts Plateaux du Centre qui cohabite avec d’autres communautés, les Ede et les Banah, par exemple. Linguistiquement parlant, ils se rattachent au groupe bahnarique du rameau oriental de la branche mon-khmer… Les spécialistes apprécieront !

Ils sont aujourd’hui 103.000. C’est sur les Hauts Plateaux du Centre, aux confins des provinces de Dak Lak et de Dak Nong, qu’ils ont élu domicile. « Ils », ce sont bien sûr les M’Nong, qui occupent en fait les deux rives de la rivière Serepok, qu’ils appellent Daak Kroong dans leur langue. Luong Thanh Son, directrice du Musée d’ethnographie de Ðac Lac, nous fait savoir : « On peut diviser les M’Nong en plusieurs sous-groupes : les Budang, les Kuênh, les Prâng ou encore les Gar, qui sont nombreux dans la province de Dak Lak, alors que les Preh et les Nor occupent une grande partie de la province de Dak Nong voisine ».

En langue M’Nong, les hameaux sont appelés « bon ». Les habitants de ces « bon » entretiennent des liens consanguins. Ils vivent un peu en autarcie, chaque hameau étant en fait une sorte de microcosme. Leurs maisons dont les toitures en herbe à paillote descendent si bas qu’elles cachent souvent les parois en bois, sont des cases rectangulaires soit de longue taille (M’Nong Gar) soit de petite taille (M’Nong Rlam). Elles reposent sur un sol en terre battue pour les premières, et sur des pilotis pour les secondes. En tout cas, quel que soit leur clan, les M’Nong préfèrent des lieux plats à proximité des lacs ou des ruisseaux.

Les M’Nong ont la réputation d’être des dresseurs d’éléphants hors pair. Ils les apprivoisent, mais ne les tuent pas, ce qu’ils considèreraient d’ailleurs comme un véritable sacrilège. Un véritable sacrilège, mais aussi une atteinte au bon sens le plus élémentaire, tant il est vrai que dans ces régions, l’éléphant est une bête de somme incomparable !...

Les M’Nong pratiquent l'essartage, ils « mangent la forêt », selon leurs propres termes. Ils choississent un pan de la forêt puis ils la défrichent et y mettent le feu avant de semer le riz en poquet sur ce pan brûlé et fertilisé par les cendres. Mais cette méthode ne permet pas d'avoir une récolte abondante. C'est pourquoi ils sont obligés de changer constamment l'emplacement de leurs champs, pour permettre à la forêt de se regénérer. Certains sous-groupes M’Nong choisissent toutefois la riziculture inondée. « Nous, les M’Nong de Dac Lắc, c'est-à-dire les Rlam, les Gar, les Chil ou les Preh.... nous habitons au bord des rivières ou des lacs", nous dit Ama Phong, un M’Nong Rlam. "Nous vivons de la riziculture inondée, de la pêche mais aussi de la chasse. Nous sommes très proches des Ede par nos moeurs et nos coutumes ».

Chez les M’Nong, la fin de la récolte coïncide toujours avec la saison des festivités, lesquelles leur permettent de remercier les génies et les aïeux à qui ils doivent d’avoir des dépôts remplis de riz, des animaux qui se reproduisent en nombre, et des épidémies qui sont repoussées…

Le noyau de la société M’Nong est la famille. L’organisation sociale est de type matrilinéaire. Les enfants portent le nom du clan de leur mère. Un jeune homme devait jadis se renseigner sur le clan auquel sa promise appartenait avant de songer plus avant mariage.

Côté culturel, les M’Nong sont fiers de leur trésor immatériel. Contes, proverbes, épopées..., rien ne manque. Leurs jarres servent de récipients pour la confection et la consommation d’alcool de riz, tandis que les gongs sont des instruments de musique que l’on sort pour les grandes occasions… -VOV/VNA