Au cours de la grande résistance contre le colonialisme français, les femmes ont joué un rôle important.

C’est ce qu’a estimé autrefois le Président Hô Chi Minh en parlant des contributions des femmes à cette victoire.

Avant la bataille de Diên Biên Phu, comme leurs pères, leurs maris et leurs fils, les femmes ont participé à tous les travaux au service de la Résistance. Surmontant les dangers et la pénurie, les femmes étaient présentes sur tous les fronts, contribuant à la victoire dans différentes campagnes militaires dont celles "des frontières", du Nord-Ouest (Tây Bac) et de Hoà Binh.

Pendant la bataille de Diên Biên Phu, leur présence était inévitable.

Des plaines, où se trouvaient les bases de ravitaillement des forces vietnamiennes, jusqu’à Dien Bien Phu, il y avait 500 km à travers montagnes et forêts par des routes et des chemins peu sûrs, bombardés sans répit par l’aviation française. Les vivres et les munitions arrivaient à dos d’hommes, de femmes, sur des vélos, par sampans, et, quelque fois, par camions.

Mme Dào Thi Vinh, 83 ans, ne se souvient plus du nombre de ses départs en tant que porteuse pour ravitailler en vivres et en munitions les unités éloignées de leurs bases. Dans sa province natale de Thanh Hoa, il y avait beaucoup de volontaires pour être porteur, dit-elle. Une fois, dans son village, 60 volontaires ont été demandés, et ce sont des centaines qui se sont présentés. Dans la famille de Mme Dào Thi Vinh, ses deux autres soeurs sont également parties comme porteur. "Animé d'une haine féroce contre l'ennemi, tout le monde voulait contribuer à la Résistance", explique-t-elle. Les hommes transportaient les vivres et munitions à vélo, et les femmes sur l’épaule, sur une palanche.

Si elles transportaient les vivres et munitions vers le front, au retour, elles ne revenaient pas les mains vides : elles transportaient les soldats blessés. «Nous marchions la nuit et nous nous reposions la journée pour éviter les bombardements", raconte Mme Dào Thi Vinh. "Le transport d’un blessé exige de la prudence à chaque pas. Si en transportant des vivres et munitions, nous pouvions piquer du nez quelques minutes, cela n'était pas possible avec un blessé », confie Mme Dào Thi Vinh aux auteurs de l’ouvrage «Histoires de ceux qui ont fait l’Histoire – Mémoire de Diên Biên Phu 1954-2009 », publié par les Éditions nationales de politique en 2009. 


Au cours de la grande résistance contre le colonialisme français, les femmes ont joué un rôle important.

«De la plaine à la montagne, sur les grandes routes comme sur les petites, le long des rivières comme le long des ruisseaux, partout on se pressait : l’arrière déversait ses hommes et sa logistique vers le front pour participer aux côtés de l’armée à l’écrasement de l’ennemi et à la libération du pays », expliquait le Général Vo Nguyên Giap dans l'édition de 1962 de son ouvrage Diên Biên Phu.

Parallèlement au ravitaillement ou au transport des blessés, les femmes ont aussi participé à la construction des routes et chemins pour faciliter le ravitaillement et pouvoir mener des offensives de plus en plus importantes. Elles ont travaillé dans des conditions extrêmement rigoureuses, en pleine brousse et sous les bombardements de l’aviation ennemie. Prenons l’exemple du col de Pha Din, réputé pour avoir été le point de départ du transport des fameux canons anti-aériens tirés par les soldats vietnamiens durant la campagne de Dien Bien Phu. D’une longueur de 32 km, ce col, l'un des plus dangereux du Nord-Ouest, a été attaqué par les avions durant 18 jours et nuits, avec jusqu'à 300 bombes chaque jour.

Malgré tant de difficultés, des milliers de femmes de différentes ethnies (Kinh, Tày, Thai, Mông, Hoa) participaient à la construction des routes sur tous les axes de communication menant à Diên Biên Phu.

Selon les statistiques, les femmes ont contribué de près de 2,4 millions de journées de travail, soit la moitié de celles consacrées à la campagne de Diên Biên Phu.

Les femmes des ethnies minoritaires du Nord-Ouest ont beaucoup contribué aux campagnes militaires. Comme elles connaissaient bien la région, elles sont devenues les guides des unités régulières, sans parler de leur participation à la construction des routes et au ravitaillement... Avec leurs familles, elles ont apporté vélos, embarcations, éléphants, chevaux… pour le transport, et ont encouragé leur mari, leurs garçons et leurs filles de s’engager dans l’armée ou à servir de porteur.

Sur les champs de bataille, de nombreuses infirmières étaient présentes pour soigner les blessés. Mme Ngô Thi Thai Nghiêm, 82 ans, se souvient toujours du mois d’octobre 1953 où elle a achevé sa formation d’infirmière. Affectée à un groupe de médecine militaire basé à 30 km du champ de bataille, Mme Thai Nghiêm était responsable d’une équipe d’infirmiers chargée de soigner « entre 200 et 300 blessés graves qui étaient répartis sur deux collines », rappelle-t-elle. L’équipe d’infirmiers de Mme Thai Nghiêm était soutenu par 1.000 jeunes volontaires. Chaque jour, l’infirmière en chef ne pouvait dormir que pendant quelques heures «car les militaires blessés arrivaient sans cesse», explique-t-elle lors d’une interview accordée aux auteurs de l’ouvrage "Histoires de ceux qui ont fait l’Histoire – Mémoire de Diên Biên Phu 1954-2009". 

Avant et durant la bataille de Diên Biên Phu, les femmes étaient omniprésentes. Elles étaient également présentes dans les groupes de partisans.

Au commencement de la campagne militaire hiver-printemps 1953-1954, l’ennemi concentrait ses forces dans la cuvette de Diên Biên Phu pour faire face à l’armée vietnamienne. Ainsi, l’ennemi se créait des points faibles en d'autres lieux. Profitant de cette opportunité, la guérilla se développait pour épuiser les forces ennemies et éviter l'arrivée de renforts. Entre 1951 et 1954, il y avait près d’un million de femmes participant aux groupes de partisans dans plusieurs provinces : Hà Nam, Hung Yên, Bac Ninh, Bac Giang, Thai Binh, Hai Duong, Hà Dông…

Grâce à leur héroïsme et à leur ténacité, ces centaines de milliers d’hommes et de femmes sont venus à bout de toutes les difficultés pour retrouver l’indépendance nationale.-VNA