Hanoi (VNA) – Réponse forte face au COVID-19, bonne résistance de l’économie au choc mondial… Le Vietnam a véritablement tiré son épingle du jeu face à la crise et figurera parmi les quatre économies mondiales affichant une croissance cette année.
Le Vietnam n'affichant une croissance que de 1,81% à la fin du premier semestre 2020, le Premier ministre Nguyên Xuân Phuc a immédiatement décidé de mettre en place une série de mesures pour stimuler la croissance du pays durant le deuxième semestre. L’accent a alors été mis sur les exportations, l’investissement public et l’accroissement de la consommation intérieure.
Réaction proactive du gouvernement
Cette politique s’est révélée efficace. À la fin des 11 premiers mois de l’année, les principaux indicateurs économiques étaient positifs. Les dépenses pour l’investissement public ont doublé par rapport à 2019, soit le record depuis une décennie. Les exportations ont progressé de 5,3% en glissement annuel et la consommation intérieure a augmenté de 8,5%. La macroéconomie est stable et l’inflation maintenue à un faible niveau. Malgré la crise sanitaire qui a sévi en 2020, le pays a montré ses capacités de résilience et d’adaptation, réalisant finalement une excellente année. Le PIB national a augmenté de 1,4 fois par rapport à 2015. Celui par habitant est estimé à 2.750 USD. D’après le Fonds monétaire international (FMI), en 2020, le Vietnam pourrait constituer la 4e économie de l’ASEAN. “Compte tenu du contexte sanitaire mondial, ces résultats sont encourageants”, a estimé le Premier ministre Nguyên Xuân Phuc.
Malgré le COVID-19, le pays a dégagé un excédent commercial record de 20,1 milliards d’USD au cours des 11 premiers mois de l’année. Selon l’Office général des statistiques, la valeur des échanges commerciaux du Vietnam devrait s’élever à 527 milliards d’USD en 2020, en hausse de 1,8% par rapport à 2019. Le chiffre d’affaires à l’export devrait afficher quelque 267 milliards d’USD, soit une augmentation de 1% en glissement annuel. Cet exploit s’explique par la rapidité et l’efficacité des mesures décrétées par le gouvernement pour combattre l’épidémie et relancer l’économie. “Nous avons fait preuve d’une immense adaptabilité face à la pandémie. Quand les premiers cas de COVID-19 ont été enregistrés au Vietnam, le gouvernement a immédiatement réagi en fermant les frontières du pays. Le confinement des foyers épidémiques et les mesures de distanciation sociale ont ensuite été appliqués. Nous avons accepté de sacrifier nos intérêts économiques pour protéger la santé de la population”, a expliqué le Dr. Hoàng Van Cuong, membre de la Commission financière et budgétaire de l’Assemblée nationale.
Poursuivre la dynamique de reprise
“Le fait que le gouvernement soit parvenu à contrôler le COVID-19 a profité de manière significative aux entreprises. Si, comme dans d’autres pays dans le monde, la situation épidémique avait perduré au Vietnam, les impacts sur les entreprises nationales auraient été monumentaux”, a indiqué Pham Dinh Toan, président du groupe Phú Thái, également vice-président du Conseil national de l’Association des entreprises vietnamiennes.
Tandis que l’économie mondiale devrait se contracter d’au moins 4% au milieu du plus grand choc mondial des dernières décennies, la Banque mondiale (BM) et le FMI ont respectivement prévu une croissance de 2,8% et 2,4% pour le Vietnam en 2020. Grâce à la réussite de sa lutte contre le COVID-19, le pays figura parmi les quatre économies au monde à afficher une croissance, aux côtés de Taïwan (Chine), de l’Égypte et de la Chine. En octobre, la Division de la recherche économique mondiale de HSBC a prédit une croissance de 2,6% de l’économie vietnamienne cette année, créant ainsi une dynamique de croissance pour atteindre 8,1% en 2021.
De son côté, la BM a tablé sur une croissance de 6,8% en 2021 dans son rapport économique semestriel sur le Vietnam. “Les perspectives du pays semblent positives car l’économie devrait croître d’environ 6,8% en 2021 et, par la suite, se stabiliser à environ 6,5%”, a-t-elle indiqué. Le rapport attribue la bonne performance économique du Vietnam à la résilience de son économie intérieure et de son secteur extérieur. Au-delà de l’endiguement de la pandémie par des mesures audacieuses, précoces et innovantes, le gouvernement a également géré de manière flexible ses politiques fiscales et monétaires pour donner un répit au secteur privé et relancer la production. Par exemple, les dépenses publiques ont recommencé à augmenter après trois ans de consolidation budgétaire. Les neuf premiers mois de 2020 ont vu une hausse de 40% en glissement annuel des décaissements du programme d’investissement public.
Le secteur extérieur - principal moteur de la croissance économique au Vietnam au cours de la dernière décennie - a enregistré des performances exceptionnelles depuis le début de la crise sanitaire. Le pays a affiché un excédent commercial le plus élevé jamais enregistré. Les afflux continus d’investissements étrangers et la hausse constante des exportations ont plus que compensé les pertes de recettes en devises résultant de la diminution des activités touristiques et des envois de fonds.
Une destination d’investissement brillante
Le rapport suggère que les investisseurs étrangers continuent d’investir et/ou de transférer leurs activités de production au Vietnam en raison de sa bonne gestion de la pandémie. Le Vietnam se trouve à un carrefour de la reprise post-COVID-19. Il a l’opportunité de s’engager sur une voie de développement plus verte, plus intelligente et plus inclusive qui renforcera sa résilience aux futurs chocs dus à la fois aux épidémies et aux catastrophes climatiques, a déclaré Carolyn Turk, directrice nationale de la BM au Vietnam. Les autorités doivent s’attaquer aux défis environnementaux et climatiques avec le même sentiment d’urgence qu’elles l’ont fait avec le COVID-19 car les coûts de l’inaction sont déjà visibles et deviendront de plus en plus irréversibles. Les récentes tempêtes tropicales survenues dans le Centre et la hausse de la pollution atmosphérique dans les grandes villes du pays illustrent bien cette fragilité, a-t-elle indiqué.
Pour sa part, Tim Evans, directeur général de HSBC Vietnam, a déclaré que la dynamique de reprise de l’année prochaine serait due à la reprise de la consommation intérieure, à une croissance commerciale stable et à un flux d’investissement direct étranger. Les accords commerciaux conclus ou déjà entrés en vigueur tels que les Accords de libre-échange entre le Vietnam et le Royaume-Uni (UKVFTA) et l’Union européenne (EVFTA) ou le Partenariat régional économique global (RCEP) continueront de promouvoir la croissance des exportations et de stimuler l’excédent commercial. Parallèlement, grâce à sa stabilité macroéconomique et sa capacité de maîtriser l’épidémie de COVID-19, le pays demeurera une destination d’investissement brillante dans la région, en particulier dans la production de composants électroniques et les technologies.
Bien que la croissance de cette année soit la plus basse depuis de nombreuses années, la Division de la recherche économique de HSBC pense que le Vietnam sera le seul pays de l’ASEAN à connaître une croissance cette année. – CVN/VNA