Hanoï, 30 novembre (VNA) - Les Bô Y sont unecommunauté ethnique qui ne compte qu’environ 2000 personnes vivant dansles provinces montagneuses de Lào Cai et Hà Giang, c'est-à-dire auNord-Ouest du Vietnam.
Minoritaires, les Bô Y cohabitent souvent avecd’autres ethnies, mais tant qu’ils le peuvent, ils préservent leursmœurs et coutumes, dont les très originales pratiques nuptiales que nousvous présentons aujourd’hui.
Lorsqu’unjeune homme Bô Y décide de se marier, il doit d’abord recevoir l’avalde ses parents, qui feront alors appel à un entremetteur et à uneentremetteuse, lesquels les représenteront auprès de la famille de lafille. Ce couple entremetteur, appelons-les ainsi puisqu’ils sonttoujours deux, ira chez la fille, une première fois pour faire part dela volonté de l’autre famille d’organiser le mariage et une secondefois, pour connaître les exigences du côté de la future mariée. Gi SuySân et Lô Lài Suu sont respectivement entremetteur et entremetteuse àThanh Binh, une commune rattachée au district de Muong Khuong, dans laprovince de Lào Cai.
«La deuxième fois, la famille de lafille nous dit ce qu’elle veut pour le mariage. Combien de kilos deviande de porc, combien de litres d’alcool, combien de bijoux en or, enargent, combien de vêtements… Ils seront très précis, et ce sera à lafamille du garçon de préparer ces cadeaux», raconte Gi Suy Sân.
«En fait, c’est la fille elle-même quiréclame des bijoux et des vêtements, ses parents parlent quant à eux deviande de porc et d’alcool », précise Lô Lài Suu. «La quantité de porcet d’alcool réclamée répend du nombre d’invités prévus pour le mariage».
A ladifférence d’autres communautés ethniques, les Bô Y de Muong Khuong neréclament pas de cadeaux de mariage en fonction des conditionséconomiques de la famille du garçon, mais… de ce qui s’est passé chezleurs voisins. Théoriquement, ils veulent que leur fille, le jour de sonmariage, reçoive exactement ce que la fille d’à côté a reçu. Enréalité, ça peut être un peu différent, nous dit Gi Suy Sân.
«Lorsqu’on informe les parents du garçondes demandes de chez la fille, souvent ils sont stupéfaits et nousdemandent de retourner chez l’autre pour négocier une baisse»,explique-t-il. «Dans certains cas, l’autre famille accepte de baisser unpeu, en pensant à l’avenir de sa fille, mais dans bien d’autres cas,ils sont catégoriques. Pas question de négocier!»
En effet, les Bô Y fidèles à latradition acceptent rarement de réduire leurs demandes, demandes quiselon eux ont été élaborées en tenant compte de la valeur de leur fille.Tant pis pour la famille du garçon qui risque éventuellement des’endetter…
Le jour du mariage, la délégation ducôté du marié comprend au moins huit membres: deux personnes dutroisième âge, deux garçons pas encore mariés, deux filles pas encoremariées et deux autres personnes qui ont des enfants en bas âge. Chacunede ces deux personnes doit avoir au moins un garçon et une fille. Auregard de la tradition, ce dernier point est très important pour que lejeune couple puisse avoir une postérité nombreuse.
Lapremière matinée qu’elle passe chez son mari, la nouvelle mariée feral’objet d’un test de propreté et d’honnêteté organisé par sa belle-mère,nous fait savoir l’entremetteuse Lô Lài Suu.
«Le matin, la mariée doit se lever tôtpour balayer la maison. Sa belle-mère a pris soin de laisser de lamonnaie dans différents coins. Une belle-fille honnête lui ramènera latotalité des billets. Si ce n’est pas le cas, alors soit elle n’est pashonnête, soit elle n’a pas bien travaillé, n’ayant pas balayé tous lescoins de la maison», explique Mme Suu.
Peu nombreux, les Bô Y cohabitent avecd’autres communautés ethniques, notamment les Nùng, et leur culture aplus ou moins été assimilée. Ils se marient désormais avec des membresd’autres ethnies. Par conséquent, pour le meilleur ou pour le pire,leurs pratiques nuptiales ne sont plus tout à fait les mêmes. -VOV/VNA