Lors d’une récenterencontre entre auteurs, Tô Hoài, célèbre pour ses Aventures de grillon,a exprimé son souci devant l’actuelle situation de la littératured’enfance et de jeunesse. Une préoccupation qui fait écho avec lesconstatations de bon nombre de critiques. La littératured’enfance et de jeunesse est la littérature destinée aux enfants et auxadolescents. Le besoin des enfants et des jeunes de lire des œuvres quileur sont destinées est réel, malgré l’explosion de l’audio-visuel et dumultimédia. Pour preuve, la récente publication du Tuyên tâp truyênngan hay Viêt Nam (Recueil des meilleures nouvelles vietnamiennes) pourenfants (cinq tomes), compilation de 100 œuvres de 90 auteurs,majoritairement âgés, a connu un franc succès. Les 1.000 premiersexemplaires se sont vendus comme des petits pains. Autrepreuve, la nouvelle Cho tôi xin môt ve di tuôi tho (Donnez-moi un ticketde retour à l’enfance), de l’écrivain Nguyên Nhât, Anh, publié en 2008,a connu un grand succès auprès des enfants, et même des parents. L’échode cette œuvre a été si grand que trois éditeurs étrangers, NanmeeBooks (Thaïlande), Dasan Books (République de Corée) et Hannacroix CreekBooks (États-Unis), ont signé en 2011 un contrat d’édition. L’œuvre aété retirée plusieurs fois jusqu’à un total de 80.000 exemplaires, et avalu à son auteur plusieurs distinctions, notamment le prix del’Association des écrivains du Vietnam en 2009 et le prix de littératurede l’ASEAN en 2010. Mais Nguyên Nhât Anh est l’un desrares auteurs en activité à avoir de jeunes lecteurs fidèles. AuVietnam, la plupart de ceux ayant réussi appartiennent au passé. Lesécrivains tels que Tô Hoài, Trân Dang Khoa, Vu Tu Nam, Nguyên Kiên, VoQuang sont sexagénaires, voire nonagénaires, et n’ont plus l’énergied’antan. Pas assez de jeunes auteurs À côtédes auteurs en activité d’âge moyen comme Dinh Hai, Phong Thu, Trân HoàiDuong, Nguyên Nhât Anh, Trân Quôc Toàn, peu de jeunes se consacrent àce type littéraire, bien plus exigeant qu’il n’y paraît. Et très peu deleurs publications peuvent conquérir des jeunes qui, boudant des œuvresguère passionnantes, s’orientent vers d’autres formes de divertissementainsi que des traductions de BD étrangères.
Lebesoin des enfants et des jeunes de lire des œuvres qui leur sontdestinées est réel, malgré l’explosion de l’audio-visuel et dumultimédia.
Lors d’unrécent débat sur la littérature d’enfance et de jeunesse, plusieursécrivains ont affirmé que l’indifférence des jeunes résultefondamentalement du manque d’attractivité des œuvres. D’aprèsl’écrivaine Phuong Liên, les jeunes auteurs semblent peu motivés dansleurs écrits destinés aux enfants. «Dans une sociétémoderne où les enfants sont confrontés en permanence à toutes sortes dedistractions audio-visuelles, les faire se passionner pour des œuvres enversion papier est très difficile. Ce défi exige passion et parfaitecompréhension de la psychologie des enfants», souligne Phuong Liên. Lecritique littéraire Pham Quang Trung a pointé du doigt des fautesgénéralement commises par les jeunes auteurs : manière inappropriée detraiter les sujets, introduction maladroite de leçons de morale... «Uneœuvre intéressante pour un enfant doit être, en premier lieu, écrite demanière naturelle et en adéquation avec sa vie et son imaginaire»,remarque-t-il. Autre remarque, la littérature d’enfance etde jeunesse du Vietnam de l’époque contemporaine manque d’humour etd’imagination et, notamment, elle fait complètement l’impasse sur lesœuvres de science-fiction. De plus, dans la plupart des œuvres, lerythme est trop lent. Or, dans ce type de littérature, «la rapidité dansles conversations et les situations est essentielle», affirme lecritique Pham Quang Trung. Bref, la littérature d’enfanceet de jeunesse a besoin d’un contingent de jeunes écrivains qualifiés,motivés, comprenant très bien le monde des enfants et des jeunes afin decréer des œuvres séduisantes. -VNA