Déclaration de Hanoi de la 132e Assemblée de l'UIP
"Déclaration de Hanoi
Les objectifs de développement durable : passer des mots à l’action
Nous, parlementaires de 133 pays et 23 organisations parlementaires régionales et internationales réunis à Hanoi (Vietnam), avons examiné les objectifs de développement durable en cours d’élaboration et avons débattu du rôle que nous devions jouer dans leur réalisation.
"Déclaration de Hanoi
Les objectifs de développement durable : passer des mots à l’action
Nous, parlementaires de 133 pays et 23 organisations parlementaires régionales et internationales réunis à Hanoi (Vietnam), avons examiné les objectifs de développement durable en cours d’élaboration et avons débattu du rôle que nous devions jouer dans leur réalisation.
Nous adaptons la déclaration suivante.
En dépit de l’amélioration globale de la technologie, de la santé et de la connaissance, et de l’augmentation des richesses matérielles, les disparités économiques et sociales qui ont toujours existé continuent de s’amplifier au détriment de la planète tout entière, et nombreux sont ceux à travers le monde pour qui le progrès reste illusoire.
Cette situation – à laquelle s’ajoute l’urgence induite par les changements climatiques et les vagues de troubles sociaux qui enflent, l’instabilité politique et les conflits qui font rage à l’intérieur des pays et entre les pays - ne peut plus durer. Pour autant, comme l’a montré l’expérience des Objectifs du Millénaire pour le développement, seuls une volonté politique forte, un véritable leadership et une vraie adhésion nationale permettent de tenir les engagements pris à l’échelon international. En notre qualité de parlementaires, nous avons le devoir moral de faire quelque chose.
L’adoption en septembre de cette année du nouveau programme de développement pour l’après-2015 et de ses objectifs de développement durable sera une occasion unique de répondre aux défis mondiaux par une approche universelle intégrée, qui s’appliquera à tous les pays et fera le lien entre lutte contre la pauvreté et le développement durable.
Projet d’avenir
En cette heure décisive, nous, parlementaires du monde entier,
réaffirmons notre conception d’un développement durable centré sur
l’humain et sur la réalisation de tous les droits de la personne, pour
venir à bout de la pauvreté sous toutes ses formes et faire disparaître
les inégalités, et permettre ainsi aux individus de réaliser pleinement
leur potentiel. La réalisation de ce projet suppose que règnent la paix
et la sécurité, en pleine conformité avec la Charte des Nations Unies et
le droit international.
Lutte contre la pauvreté
et le développement durable constituent pour nous tous un engagement
commun, et nous devrions tous œuvrer à une répartition plus équitable
des ressources. Nos modèles de production et de consommation actuels ne
sont manifestement plus viables, et tous les pays – développés comme en
développement – doivent travailler de concert, selon le principe de la
responsabilité commune mais différenciée. C’est la seule façon de nous
acheminer vers un modèle commun de croissance durable et inclusive.
Une approche centrée sur l’humain exige aussi que l’équité soit
respectée dans la gestion de l’environnement. Il faut que la planète et
tous ses écosystèmes soient considérés comme des biens communs, dont
l’humanité tout entière doit pouvoir jouir maintenant comme à l’avenir.
Le bien-être de l’humanité doit être le monteur de toutes les politiques
de développement durable et le progrès doit se mesurer à l’aune
d’indicateurs moins réducteurs que le seul produit intérieur brut. Les
gens ne sont pas que des contribuables et des consommateurs ; ce sont
des citoyens qui ont des droits et des responsabilités réciproques. Nous
devons miser sur eux, sur leur santé, leur alimentation, leur éducation
et leurs compétences, car ils sont notre ressource la plus précieuse.
Toutes les institutions publiques doivent être représentatives et
accessibles à tous. Il importe de respecter les différences culturelles
et de privilégier les solutions endogènes si l’on veut que le
développement soit durable. Il faut que chacun, indépendamment de son
sexe, de sa race, de sa culture, de sa religion et de son état de santé
ait les moyens d’oeuvrer avec les autres à la paix et au bien commun.
Engagement
Reconnaissant que les objectifs de développement durable seront le
résultat d’un compromis délicat, nous nous félicitons de ce cadre
transformationnel qui servira de base pour la formulation des politiques
dans l’ensemble des pays.
Nous nous réjouissons que les
efforts que nous avons consentis pour que soient retenus des objectifs
sur la vie saine et le bien-être, l’égalité des sexes et
l’autonomisation des femmes, la réduction des inégalités entre et au
sein des pays et, enfin, la gouvernance, aient porté leurs fruits. Nous
saluons la plus grande place accordée à la santé, qui ouvre la
perspective de venir à bout de l’épidémie de sida et de relever les
défis émergeants tels que les maladies non transmissibles.
Nous saluons le nouvel objectif appelant à des mesures urgentes contre
les changements climatiques et nous nous félicitons que l’objectif
relatif aux moyens de mise en oeuvre - financement, commerce,
technologie, renforcement des capacités et réformes structurelles - qui
doit être mobilisé à l’appui de ce nouveau cadre fasse l’objet d’un
concensus. Cet objectif devrait insuffler une nouvelle dynamique dans le
partenariat mondial actuel pour le développement.
Nous
nous engageons à tout mettre en oeuvre pour favoriser l’adhésion des
pays aux objectifs, en les portant notamment à la connaissance des
citoyens. Ces derniers doivent pouvoir saisir l’impact qu’auront les
objectifs sur leur vie. En tant que représentants du peuple, nous nous
devons de veiller à ce que chaque voix soit entendue dans le processus
politique, sans discrimination et indépendamment de la position sociale.
Nous nous engageons à transporter les objectifs dans la
législation nationale, notamment lors de l’établissement du budget, un
processus primordial. Chaque pays doit apporter sa contribution pour que
tous les objectifs puissent être atteints.
Action
En tant que parlementaires, nous devons soutenir les efforts visant à
atteindre les nouveaux objectifs tout en tenant compte des spécificités
nationales. Notre rôle est clair : demander des comptes aux
gouvernements au sujet des objectifs auxquels ils ont souscrit et
assurer l’adoption des lois et des budgets nécessaires.
Pour commencer nous devrons examiner nos institutions et nos processus décisionnels en vérifiant qu’ils sont bien adaptés.
En tant que représentants du peuple, notre objectif, avant toute chose,
est de défendre l’intérêt général et de servir le bien commun. Nous
devons empêcher les intérêts particuliers de l’emporter lors des
délibérations. Nous devons nous attacher à dégager un concensus sur des
solutions concrètes. Nous nous efforcerons de moins travailler en vase
clos dans nos parlements et administrations pour rendre compte de la
nature intersectorielle des objectifs. A cette fin, nous ferons tout ce
qui est en notre pouvoir pour institutionnaliser les objectifs dans nos
parlements respectifs, en ménageant suffisamment de temps pour les
débats et le suivi. Les divers processus et commissions parlementaires
doivent poursuivre les objectifs de façon cohérente.
Nous favoriserons l'adhésion à ces objectifs au niveau national en
encourageant les pays à se doter d'un plan de développement durable,
élaboré avec toutes les parties prenantes dans un esprit participatif,
notamment grâce à la tenue d'auditions publiques avec la société civile,
dans le respect du cadre international des droits de l'homme.
Nous nous engageons à mettre la législation et les crédits budgétaires
en conformité avec ce plan national pour le développement durable, en
définissant clairement les objectifs et les cibles à atteindre et en
trouvant les moyens de financement nécessaires. Les gouvernements
devraient rendre compte au Parlement chaque année de la mise en oeuvre
du plan national. Ils devraient également recueillir périodiquement le
point de vue des citoyens pour mieux évaluer les progrès sur le terrain,
c'est-à-dire là où c'est important.
Nous nous engageons
en outre à mesurer les progrès, non seulement en établissant des
moyennes nationales mais aussi et surtout en examinant l'évolution
particulière des citoyens les plus vulnérables et défavorisés. Personne
ne doit rester au bord du chemin. Pour cela, il faudra que les pays
aient des capacités nécessaires pour recueillir des données, ventilées
par sexe, âge, minorité et état de santé.
Conscients de
notre rôle dans la mobilisation des moyens nécessaires pour réaliser les
ODD, auprès de sources privées ou publiques, à l'échelon national comme
à l'échelon international, nous ferons tout pour que l'ensemble des
engagements internationaux soient honorés. Nous nous emploierons à
augmenter les recettes nationales et lutterons notamment les flux
financiers illicites. Nous accroîtrons le volume de l'aide au
développement, que nous rendrons plus ciblée, nous mettrons en place un
mécanisme pour une restructuration ordonnée de la dette souveraine, nous
créerons un climat favorable à l'investissement privé, notamment par
des partenariats public-privé, et nous réformerons le régime financier,
monétaire et commercial international à l'appui du développement
durable.
Enfin, nous nous engageons à demander des
comptes quant à la réalisation des objectifs à l'échelon mondial. Nous
insisterons pour être représentés au sein des délégations nationales
assistant aux réunions annuelles du Conseil économique et social de
l'ONU consacrées à l'examen des progrès accomplis dans le monde. Nous
participerons aux examens nationaux présentés au Forum politique de haut
niveau pour le développement durable des Nations Unies. Dans toute la
mesure du possible, nous nous efforcerons de participer aux opérations
des organisations du système des Nations Unies sur le terrain dans nos
pays, en veillant à faire circuler les informations et à saisir toutes
les possibilités de coopération pouvant contribuer au succès de notre
plan national de développement.
Nous demandons que les
messages clés de la présente Déclaration, qui étaient déjà ceux du
Communiqué de Quito, transparaissent dans les résultats de la quatrième
Conférence mondiale des Présidents de parlement qui aura lieu dans le
courant de l'année, et que ceux-ci soient repris lors du Sommet de
l'ONU, en septembre 2015.
Nous appelons les
gouvernements à ne pas perdre de vue les besoins et les attentes
véritables des citoyens et à tenir compte dans la négociation de la
corrélation entre développement durable, gouvernance démocratique et
droits de l'homme. La Déclaration des Nations Unies sur l'après-2015
devrait plaider pour l'établissement d'institutions publiques solides,
soit notamment de parlements ayant les prérogatives et les capacités
nécessaires pour assurer la reddition de comptes sur les résultats
atteints. Nous encourageons les rédacteurs de la Déclaration à souligner
la responsabilité et le rôle déterminants des parlements - et de l'UIP,
leur organisation mondiale, dans la mise en oeuvre du nouveau programme
de développement et son suivi.
En outre, nous
soulignons que les diverses négociations en cours - sur le programme de
développement pour l'après-2015, sur le financement du développement,
sur les changements climatiques et sur la réduction des risques de
catastrophes - devront aboutir à des résultats cohérents pour soutenir
la bonne mise en oeuvre à l'échelon national.
Nous
sommes profondément reconnaissants à l'Union interparlementaire, notre
organisation mondiale, d'appeler notre attention comme elle le fait sur
les objectifs de développement durable et de relayer notre message à
l'ONU. Nous continuerons de demander à l'UIP de soutenir nos efforts sur
la voie du développement durable.
Ensemble, nous réussirons forcément". -VNA