Da cô, tambour dans la nuit au musée Guimet à Paris
Vendredi et samedi derniers, le public français a
pu découvrir cet art original grâce à un spectacle donné par l’Artiste
du Peuple Ngoc Giau, reconnue au Vietnam comme trésor national vivant,
et par Huong Thanh, chanteuse vietnamienne en France, toutes les deux
accompagnées par le groupe des tambours Trong Dong, mais aussi par
l’école Vo Son Dong pour les chorégraphies de combats.
Le
cai luong est un genre de théâtre chanté, né au sud du Vietnam au début
du XXe siècle. Aux chants qui à l'époque utilisaitent la plupart des
mélodies du Sud et du Centre, s'ajoutèrent des gestes et évolutions, ce
qui donna le théâtre cai luong. En gagnant de larges couches populaires
avec la mise en scène de poèmes et oeuvres littéraires issus de contes
populaires ainsi que de nouvelles créations sur des thèmes sociaux de
l'heure.
Des troupes de renom se sont rapidement formées
et, dès les années 1920, décors et costumes apparaissent, le répertoire
s’étend, et ce qui n’était jusqu’alors qu’une succession de longs actes,
s’organise en de véritables pièces. Les intrigues du cai luong ont été
très influencées par le tuông (première forme théâtrale vietnamienne
apparue il y a plus de mille ans), mais aussi par le théâtre dramatique,
les romans, les opérettes comiques…
"Pour moi, le cai luong
est un art extrêmement intéressant parce qu’il est un peu à l’image du
Vietnam qui a subi beaucoup d’influences. Il y avait beaucoup de
populations qui se sont mélangées et il y avait beaucoup d’invasions y
compris les Français à certaines époques. Certes, le cai luong a
subi...", a indiqué à la radio La Voix du Vietnam (VOV) à Paris le
directeur artistique du musée Guimet, Hubert Laot.
"C’est
un art qui vient du théâtre populaire, de petits villages mais aussi qui
a subi des influences de la musique chinoise, de l’opéra chinois et
puis, plus récemment, il a déjà subi des influences de la musique
française et surtout du cinéma français pour les formes les plus
récentes de ce théâtre rénové. Mais, c’est un art qui est totalement
méconnu en France. Je pense que c’est là une des raisons principales
pour laquelle il fallait absolument que nous montrions davantage le cai
luong, une forme d’art qui est aujourd’hui menacée", a-t-il expliqué.
Dans
le cai luong, les instruments de chant excellent dans le lyrisme, grâce
à un vibrato plus intense et plus subtil de la main gauche qui rend la
suavité de l'accent du Sud du Vietnam. Des innovations importantes,
telles que des rideaux, décors... sont introduites. Le jeu des acteurs
qui évoluent dans des décors suffisamment évocateurs, devient moins
symbolique, moins forcé, plus naturel. Les acteurs étant aussi chateurs
alternent chants et prose rythmée avec le dialogue.
Parmi les
meilleures pièces figurent Luc Vân Tiên, Luu Bình - Duong Lê, Doi cô Luu
(La vie de Mlle. Luu), Tô Ánh Nguyêt và Mông Hoa Vuong, Nua doi huong
phân (La moitié d’une vie de beauté), Chim Viêt cành Nam (Oiseau Viêt,
branche Nam), Thai hâu Duong Vân Nga (la Reine-Mère Duong Van Nga)...
Selon
le directeur artistique du musée Guimet, Hubert Laot, le public
français a accueilli avec enthousiasme les deux soirées consacrées au
cai luong. Les billets avaient été rapidement vendus. Hubert Laot s’est
dit convaincu que s’il y avait une troisième soirée, ce serait la même
chose.
Une commission de l’UNESCO examine la possibilité d’élire le cai luong au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. - AVI