Une Française a fourni lundi des preuves au tribunal parrainé par l'ONU, et dénoncé les crimes barbares perpétrés par Kaing Guek Eav, alias "Douch", l'ancien directeur de la prison de Tuol S'leng, principale centre d'incarcération du régime des Khmers rouges (1975-1979).

Martine Lefeuvre, 56 ans, a témoigné à ce procès de celui qui dirigeait à l'époque cet établissement également connu sous le nom de camp S-21, où 15.000 personnes ont été torturées avant d'être exécutées.

Selon l'AFP, Mme Lefeuvre qui exigeait la "sentence maximale" pour "Douch" (66 ans), a raconté que son époux, Ouk Ket, éduqué en France, a reçu l'ordre en 1977 de revenir au Cambodge alors qu'il était diplomate à Dakar, afin d'aider à la reconstruction de son pays.

Mais, à son arrivée, Ouk Ket a été "enlevé, les mains attachées dans le dos et les yeux couverts d'un bandeau", puis "amené" en camion vers "l'enfer" de Tuol S'leng en plein coeur de Phnom Penh.


Mme Lefeuvre a déclaré que ce n'est qu'en 1991, lorsqu'elle et sa famille sont allées visiter cette prison devenue depuis le musée du génocide après la chute des Khmers rouges, qu'elle a découvert le nom de son mari sur une liste de personnes décédées.

"Les meurtriers ont fracassé son crâne à Choeung Ek, un des"champ de la mort" à l'extérieur de la capitale où les prisonniers étaient exécutés, et lui ont tranché la gorge en le jetant dans une fosse. C'est un meurtre absolument inexcusable", a affirmé la Française.

"Douch", mis en examen pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, a déjà accepté sa responsabilité dans les crimes commis à Tuol S'leng et a demandé pardon aux victimes.

Il risque la réclusion à perpétuité, la Cour chargée de le juger depuis février ayant exclu la peine de mort. Le procès devrait s'achever en octobre et le verdict être rendu avant la fin de l'année, selon des sources judiciaires. - AVI