L’air de rien, la capitale Hanoi respire bien mieux
Hanoi peut se vanter
d’être une ville verte avec ses rues ombragées comme Phan Dinh Phùng,
Hoàng Diêu, Nguyên Tri Phuong, Lo Duc, Ly Thuong Kiêt, Trân Hung Dao ou
encore Diên Biên Phu.
Néanmoins, toutes ces rues
sont au centre-ville et ont été aménagées à l’époque de la colonisation
française. Dans les faubourgs en revanche, les arbres font cruellement
défaut.
Des bordées d’arbres au centre-ville...
Le Vietnam en général et sa capitale Hanoi en particulier sont
baignées comme chacun sait par un climat chaud, humide et pluvieux. Un
climat propice à une végétation luxuriante. Ces rangées d’arbres aux
feuilles persistantes confèrent à la capitale un charme unique. En
général, les espèces sont plantées en alternance sur les trottoirs.
Mais, certaines rues n’en comptent qu’une seule et unique.
À Hanoi, 30% des arbres plantées le long des rues sont des khayas.
Cette espèce de grande taille s’enracine très solidement dans le sol et
créé une ombre importante toute l’année. Un climatiseur naturel pour les
rues Hoàng Diêu, Phan Dinh Phùng, Hoàng Van Thu, ou encore la route
Lang.
Les pancoviers eux, sont légion dans les rues
Ly Nam Dê, Trân Hung Dao, Bà Triêu, Trân Phu, Tràng Thi, etc. Au tout
début de l’été, les feuilles jaunissent, offrant un spectacle somptueux.
Leurs fruits sont même récoltés et transformés en de délicieux potages
ou même confits.
Les rues Nguyên Du, Quang Trung
sont le royaume des alstonias, source d’inspiration pour les artistes,
les compositeurs. L’odeur et l’image des fleurs de cet arbre sont
contées dans nombre de chansons, notamment Se souvenir de Hanoi, La
fleur d’alstonia, L’automne de Hanoi... La floraison intervient aux
mois d’octobre et novembre, dégageant des senteurs subtiles que personne
ne peut oublier, en particulier nos exilés nostalgiques de Hanoi.
Les hopéas, ces grands arbres tout droit dressés, sont
caractéristiques de la rue Lo Duc. Les barringtonias qui bordent le lac
Hoàn Kiêm (Épée restituée) et les centaines d’arbres qui les
accompagnent fait de ce lieu un endroit des plus romantiques. Ce n’est
pas un hasard si ce lac fait figure de vitrine touristique de la
capitale.
Malgré l’abondance de la flore, il n’y a
que 2,4 m² d’espaces verts par habitant à Hanoi, alors que, dans
l’idéal, il en faudrait entre 7 et 10 m²... La faute aussi à la densité
de population, incroyablement élevée, et à la rareté de ces fameuses
bordées ombragées dès lorsque l’on quitte le cœur de la ville.
Ce manque d’espaces verts par habitant n’est pas sans conséquences sur
l’environnement et la santé. La pollution de l’air entraîne son lot de
maladies respiratoires, de plus en plus fréquentes. Alors que le
centre-ville est généralement ombragé, les habitants des faubourgs et
des nouvelles zones urbaines sont contraints de se déplacer sous un
soleil de plomb, sans possibilités ou presque de s’abriter. Il n’est pas
rare que le mercure y dépasse allègrement les 40°C, rendant
l’atmosphère tout simplement irrespirable.
Selon le
professeur Pham Ngoc Dang, président de l’Association vietnamienne de
l’environnement et de la construction, les arbres et les plantes jouent
un rôle important dans la régularisation du climat. L’air et les
particules sont filtrés par le biais des feuilles.
À la recherche des espèces appropriées
Après la libération de la capitale en 1954, le pays a porté un intérêt
croissant au fait d’agrandir la superficie des espaces verts de Hanoi.
Mais les études menées pour connaître et opter pour telle ou telle
variété étant le plus souvent superficielles, et donc, par conséquent,
incomplètes, l’on trouve parfois des arbres qui n’ont rien à faire là,
et pas seulement sur le plan de l’esthétique.
En
effet, les arbres plantés dans les rues doivent répondre aux critères
suivants : troncs droits, ombrage important, racines pivotantes. Force
est de constater que les meilleures campagnes de plantations ont été
réalisées au début du XXe siècles. Ainsi, la rue Ly Thuong Kiêt est
devenue dès cette époque le royaume des flamboyants, de même que la rue
Trân Hung Dao réputée avec ses deux rangées de pancoviers.
Pour bien faire, il faut également prendre en considération la
géologie de Hanoi. Le Nord de la capitale est surélevé par rapport à la
partie Sud. Ainsi, il est impossible de planter des khayas au Sud, cette
espèce ne supportant pas les terrains gorgés d’eau.
Le travail demeure donc considérable pour qu’enfin la capitale, dans sa
globalité, puisse être de nouveau respirable. Il en va du bien-être de
tous. – AVI