Les experts locaux se sont récemment penchés sur la constitution d'un dossier sur le "hát xoan" (chant printanier) de Phu Tho à soumettre à l'Unesco pour que cet art folklorique soit inscrit sur la Liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente.

Le Service culturel, sportif et touristique de la province de Phu Tho (Nord), en coopération avec l'Académie de la musique du Vietnam, a récemment organisé un colloque sur le "hát xoan". Au menu figuraient notamment l'orientation de l'établissement du dossier, la collecte de documents inédits susceptibles d'apporter un éclairage nouveau sur son histoire, son origine culturelle et les coutumes associées, l'espace de représentation, les chanteurs, les habillements, les instruments de musique.

Pour parachever le dossier sur le "hát xoan", il faut que les gens s’investissent à fond dans ce travail, qui n'est pas à faire à la hâte, a remarqué le chercheur Dang Hoành Loan, ancien sous-directeur de l'Académie de la musique vietnamienne.

Il faut également préciser les valeurs du "hát xoan" et des stratégies pour la préservation de cet héritage au sein de la communauté, a souligné la Docteure Lê Thi Minh Ly, sous-directrice du Département des patrimoines culturels (relevant du ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme).

Dans la province de Phu Tho (Nord), qui abrite les vestiges des rois fondateurs de la nation vietnamienne, le "hát xoan" ou le "hát cua dình" (chant à l'entrée de la maison communale) dans les mœurs. À l'arrivée du printemps, à l'occasion du Nouvel An ou lors des fêtes villageoises, artistes et amateurs chantent pour honorer les rois fondateurs Hùng, les génies tutélaires de villages, la nature, la vie et le travail. Au-delà de leur chant se dégage encore l’aspiration de bénéficier d’un temps favorable aux cultures et des moissons abondantes.

Dans le passé, Phu Tho comptait 18 villages de "hát xoan". Les artistes locaux se produisaient dans les villages, chacun avec son propre style. Depuis 1957, le "hát xoan" n'est pratiqué que sur scène, a précisé l'expert. Le temps presse car seules artistes âgés de 70 à 80 peuvent interpréter à merveille ce chant printanier, dont les paroles sont conservées à l'Académie nationale de la musique.

Récemment, le vice-Premier ministre Nguyên Thiên Nhân a demandé au ministère de la Culture, du Sport et du Tourisme d'assister le Comité populaire de la province de Phu Tho dans l'élaboration du dossier sur le "hát xoan" dont la viabilité est en péril en dépit des efforts déployés par la communauté.

Une reconnaissance éventuelle par l'Unesco devra contribuer à sa visibilité et à la prise de conscience de son importance, à la poursuite de sa pratique et à sa transmission.-AVI