Cambodge : procès pour génocide contre les ex-dirigeants Khmers rouges
Déjà condamnés à
vie en août pour crimes contre l'humanité par le tribunal de Phnom Penh
parrainé par l'ONU, l'idéologue du régime Nuon Chea, 88 ans, et le chef
de l'Etat du "Kampuchéa démocratique" Khieu Samphan, 83 ans, ont dû
faire face mardi aux procureurs. Cette première condamnation contre des
hauts dirigeants du régime Khmer rouge n'a pas empêché l'ouverture
parallèle, en juillet, de ce second procès.
La procédure a été découpée en plusieurs "mini-procès", de crainte que les accusés ne meurent avant tout verdict.
"Les accusés vont maintenant affronter la justice pour les crimes les
plus graves qui leur sont reprochés", a lancé vendredi le procureur Chea
Leang en déclarations liminaires.
Le témoignage d'un
premier témoin est attendu pour le 27 octobre. Les deux octogénaires,
poursuivis pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre,
comparaissent depuis 2011 pour leurs responsabilités dans la mort de
deux millions de personnes, soit un quart de la population du Cambodge,
d'épuisement, de maladie, sous la torture ou au gré des exécutions.
Le premier procès s'était concentré sur l'évacuation forcée des villes
en application d'une utopie marxiste délirante visant à créer une
société agraire, sans monnaie ni citadins. Le deuxième procès est
consacré au génocide des Vietnamiens et de la minorité musulmane des
Chams, les mariages forcés et les viols commis dans ce cadre, ainsi que
les crimes commis dans plusieurs camps de travail et prisons, dont S-21.
Avant le découpage de la procédure, quatre anciens responsables étaient
dans le box des accusés. Mais la ministre des Affaires sociales du
régime Ieng Thirith, considérée inapte à être jugée pour cause de
démence, a été libérée en 2012. Son mari Ieng Sary, ancien ministre des
Affaires étrangères, est décédé l'an dernier à 87 ans. Le tribunal,
critiqué pour ses lenteurs, avait avant eux condamné à la perpétuité
Douch, de son vrai nom Kaing Guek Eav, chef de la prison de Phnom Penh
S-21, où 15.000 personnes ont été torturées avant d'être exécutées près
de la ville. -AFP/VNA