Le métier de tissage du brocart existe depuis des siècles au village Cham de My Nghiep (chef-lieu de Phuoc Dan, district de Ninh Phuoc, province de Binh Thuân). Les méthodes traditionnelles sont toujours la règle.

C’est l’artisane Ponuga qui a enseigné le métier de tissage du brocart aux habitants du village Cham de Ca Khang - My Nghiep actuel. Auparavant, pour avoir la couleur noire, les gens devaient utiliser des feuilles de Chum Bau pour teindre le tissu qui était ensuite laissé à tremper dans la boue sept jours. Pour avoir la couleur rouge, il fallait utiliser le latex de l’arbre Canh Kien ; et l’indigo était tiré des feuilles et de l’écorce de l’indigotier.

Dans le tissage, l'étape la plus difficile est de combiner les couleurs. Pour créer des motifs subtils, les artisanes ont besoin d’un sens esthétique et d’une connaissance fine des couleurs. La régularité stricte et douce des fils est la signature des meilleurs d’entre elles. Sous leurs mains habiles, les morceaux de tissus et de fils colorés sont transformés en œuvres originales.

Les caractéristiques du brocart de My Nghiep sont la diversifié des dessins, des couleurs, et ce même quand ils sont tissés par la même artisane. A tel point qu’il est difficile de trouver deux brocarts ayant le même motif. Le noir et le rouge sont des couleurs récurrentes dans les brocarts Cham. Le dessin est très varié : figures géométriques, nuages, salamandres, dragons, phénix ... et expriment souvent le statut social.

Cet artisanat est transmis de mère en fille. Selon Muk Thruh Palei (la patronne du village), "les femmes se doivent de maîtriser le tissage du brocart". Cet artisanat est pratiqué dans la plupart des villages Cham, non seulement à My Nghiep mais aussi à Huu Duc, Chung My, Van Lam (Ninh Thuân). La particularité de My Nghiep, c’est que les jeunes hommes participent aussi – le travail du métier à tisser restant cependant l’apanage des femmes.

Les artisans de My Nghiep fabriquent aussi sacs à main, porte-feuilles, sacs à dos en brocart pour la consommation domestique et l'exportation, notamment vers le Japon, l'Allemagne, la France et les Etats-Unis. Le développement de ce métier a créé de nombreux emplois et contribué à la prospérité du village. De nombreux artisans ont participé à des foires et expositions dans le Sud du pays, mais aussi en Chine, en Thaïlande, en Malaisie ou encore en France.

Le village de My Nghiep a été reconnu par l’Association nationale des villages de métier comme "village modèle du Vietnam". D’une qualité qui s’améliore sans cesse, ses produits ont remporté de nombreux prix lors de concours artisanaux dans le pays et sont appréciés par de nombreux clients étrangers. – AVI