Une exposition thématique, intitulée "La céramique vietnamienne : Une tradition distincte - Vue de la collection An Biên", se déroule du 19 novembre jusqu’au mois d’avril 2022 au Musée national de l’Histoire du Vietnam à Hanoï. Cette exposition est organisée à l’occasion de la Journée du patrimoine culturel du Vietnam (23 novembre) par le Musée national de l’Histoire du Vietnam (MNHV), en collaboration avec l’Association du patrimoine culturel du Vietnam et le collectionneur Trân Dinh Thang, propriétaire de la collection An Biên. Elle présente près de 60 céramiques uniques sélectionnées dans cette collection et 22 objets de ce musée. Les objets exposées sont divisés selon quatre périodes : les 10 premiers siècles, du XIe au XIVe siècles, du XVe au XVIIe siècles, du XVIIIe au XIXe siècles.
Au cours des dix premiers siècles de notre ère, sur la base de la tradition de la poterie Dông Son, les Viêt anciens ont absorbé des techniques chinoises, étendant l'échelle de production pour créer une gamme de céramiques aux couleurs vietnamiennes. Cela a contribué de faire du Vietnam l’un des rares pays au monde dont la poterie est née tôt et s'est développée en continu. C’est la base du fondement des lignes de céramique émaillée des périodes suivantes, en particulier au cours des dynasties Trân (1225-1400) et Ly (1009-1225). Plusieurs céramiques en terre cuite date de la période des 10 premiers siècles après J.C. ont été découvertes dans des zones de la ville de Hai Phong et de la province de Quang Ninh (Nord).
Selon plusieurs sources concordantes, l’histoire de la céramique vietnamienne remonterait au mésolithique (environ 10 000 ans avant notre ère) avec la culture de Son Vi et de Hoa Binh mais ce n’est que sous les dynasties des Ly (1009-1225) et des Tran (1225-1400) que la céramique vietnamienne a véritablement commencé à acquérir ses caractéristiques propres. En effet, la céramique des dynasties des Ly et des Trân s'est développée indépendamment, explorant ses propres thèmes décoratifs. Il s'agit d’une des pages les plus brillantes de la poterie vietnamienne. Les céramiques étaient utilisées pour la cour et la vie quotidienne. De nombreux émaux furent lancés à cette époque, dont la céramique émaillée blanche, le céladon (ou porcelaine verte), la céramique émaillée brune, la céramique bleue et blanche (pinyin) apparue à la fin du XIVe siècle.
Du XVe au XVIIe siècles est une période de fort développement des échanges commerciaux entre le Vietnam et de nombreux pays à travers le monde. La poterie était alors un article d’exportation important. On trouve de nombreux types de produits en céramique (notamment objets d’usage quotidien, de culte), en émaux typiques (email bleu et blanc, émail bleu gris) et avec divers thèmes décoratifs (principalement dragons, phénix, nuages). Quelques centres de production de céramique célèbres de l’époque se trouvent dans le village de Bat Tràng (capitale Hanoï), dans le district de Nam Sach, de Binh Giang (province de Hai Duong, dans le Nord).
À partir du XVIIIe siècle, les vicissitudes historiques ont fait disparaître progressivement les centres de production. Seul celui du village de poterie de Bat Tràng, en banlieue de la capitale Hanoï, a réussi à traverser des périodes historiques difficiles pour survivre et se développer jusqu’au temps d'aujourd’hui, devenant un "musée vivant" de la céramique vietnamienne. L’exposition thématique intitulée "La céramique vietnamienne : Une tradition distincte - Vue de la collection An Biên" est une petite partie de la collection céramique du Musée national de l’histoire du Vietnam (MNHV) et de collectionneurs. Elle permet d’honorer la poterie vietnamienne, a déclaré Nguyên Van Doàn, directeur du Musée national de l’histoire du Vietnam.
Lors de la manifestation, on trouve les objets les plus typiques et les plus distingués représentant plusieurs périodes historiques différentes du pays. À travers eux, l’exposition souhaite présenter l’histoire de la céramique vietnamienne avec ses nombreuses étapes de développement, associées étroitement aux périodes historiques et culturelles du pays, a déclaré Nguyên Van Doàn, directeur du Musée national de l’histoire du Vietnam (MNHV). Ce sont 22 objets de l’exposition qui sont conservés au Musée. Il s’agit d’artefacts spéciaux, rares, datant notamment de la période de déclin de la poterie vietnamienne. Plus précisément, ce sont des œuvres de Bat Tràng utilisées dans des maisons communales, pagodes et temples, collectées par des Français dans le passé.
''Ces objets rares et uniques sont presque impossibles à trouver dans des collections privées", a souligné Nguyên Quôc Binh, chef du Bureau d’exposition du Musée national de l’histoire du Vietnam. Il a ajouté: ''Avec le désir de rappeler pleinement la physionomie de la céramique vietnamienne de l’époque initiale jusqu’à l’époque de recul en passant par son âge d’or, nous avons décidé de juxtaposer deux collections, l’une, c'est la collection An Biên du collectionneur Trân Dinh Thang (de la ville portuaire de Hai Phong) et l’autre, c'est la collection de notre Musée''. Toujours selon le chef du Bureau d’exposition du Musée national de l’histoire du Vietnam, les critères de sélection des artefacts étaient de présenter la gamme complète des émaux ainsi que les techniques de production.
D’après le Docteur Pham Quôc Quân, ancien directeur du Musée national de l’histoire du Vietnam, les neuf artefacts en céramique émaillée blanche de la dynastie des Ly, de 24 à 25 cm de haut, sont les plus précieux de la collection An Biên. La dynastie des Lý débuta en 1009 et s'acheva en 1225. La dynastie Lý gouverna le Vietnam pendant 216 ans, années durant lesquelles le Vietnam porta le nom de Annam. Ce fut seulement avec l'avènement des Lý, en 1009 que la monarchie instaura un pouvoir vraiment stable. Durant cette dynastie, la céramique émaillée blanche était la plus prisée. L’Association du patrimoine culturel du Vietnam et des experts ont aidé le collectionneur Trân Dinh Thang à élaborer un dossier pour faire reconnaître ces objets en tant que trésors nationaux.
Au Vietnam, Bat Tràng est l’un des plus anciens villages dédiés à l’art de la céramique. Qu’en est-il aujourd’hui? A-t-il su négocier le difficile virage de la modernité? C’est ce que nous avons voulu savoir en nous rendant sur place. Ces vers folkloriques et poétiques à la fois rendent hommage à la céramique de Bat Tràng. Ses briques font la fierté des habitants du Nord. Elles sont solides, durables et étanches. De nombreuses générations d’artisans ont travaillé dur pour préserver le métier de leurs ancêtres. Ils fabriquent des œuvres d’art de plus en plus sophistiquées et modernisent leur savoir-faire. Aujourd’hui, tradition et modernité ne font plus qu’un dans ce village de céramistes.
Situé sur la rive gauche du fleuve Rouge, à une quinzaine de kilomètres du centre-ville de la capitale du Vietnam, le village de Bat Tràng, littéralement «village des bols», est le plus ancien et le plus connu village de potiers du pays. Le village regorge d’ateliers familiaux disséminés un peu partout. L’histoire de la poterie au village de Bat Tràng en banlieue de la capitale est très riche et variée mais, tout comme le temps, elle a dû se confronter à de nouveaux concepts avec pour objectif d’évoluer et de s’adapter aux nouvelles tendances, utilitaires comme décoratives tout en conservant toute son authenticité.
 Hormis la production d’ustensiles de la vie courante, le village de Bat Tràng est aussi connu pour ses objets de culte tels que cassolettes et brûle-parfums. Ses produits se vendent dans l’ensemble du pays et s’exportent même vers d’autres pays dans le monde tels que le Japon, la République de Corée, les États-Unis et des pays européens. D’après Nguyên Hông Hai, propriétaire d’une boutique dans le village, la localité comptabilise environ 200 entreprises. À l’heure actuelle, près de 1.000 foyers participent à la production ou au commerce de céramiques. Certaines entreprises réalisent un chiffre d’affaires d’exportation d’un million de dollars par an.
''Les artisans ont investi dans des systèmes de production modernes pour améliorer la qualité de leurs produits, accroître le rendement et réaliser des pièces plus sophistiquées. Bat Tràng vend des milliers de produits extrêmement variés'', ajoute Nguyên Hông Hai. À Bat Tràng, les visiteurs peuvent non seulement acheter de la céramique mais aussi découvrir les techniques de production dans les ateliers. Dans l’objectif de promouvoir et préserver ce métier ancestral, les artisans organisent des ateliers réservés aux touristes. ''Le week-end en particulier, le village accueille de nombreux touristes vietnamiens et étrangers. Ils apprécient les produits artisanaux et participent aux différentes étapes de production'', déclare M. Hai.
La poterie de Chu Dau est une marque commerciale prestigieuse du village vietnamien homonyme, du district de Nam Sách, province de Hai Duong (Nord). C’est un symbole du cachet des villages de poterie du Vietnam. On y fabrique des jarres en céramique à l’émail blanc et aux motifs ornementaux bleus, exportées dans une bonne vingtaine de pays. La poterie de Chu Dâu représente une fierté culturelle des Vietnamiens. Quintessence de la céramique vietnamienne entre les XIVème et XVIIème siècles, la céramique de Chu Dau était l’une des plus prisées du pays. Ses produits étaient transportés directement vers la capitale Thang Long (actuelle Hanoï), ou vers la mer. Ils sont très célèbres pour leurs motifs typiquement vietnamiens, ainsi que pour la couleur originale de leur émail. 
Née il y a plus de 550 ans, cette poterie est connue du monde entier et se voit souvent vendue à des enchères internationales. En 1983, les recherches archéologiques ont affirmé que le village de poterie de Chu Dâu avait connu ses heures de gloire du XIVe au XVIIe siècles, sous les dynasties des Ly, Trân, Lê et Mac, avant de tomber dans l’oubli à cause des longues années de guerre. En 1992, le site archéologique de Chu Dâu a été classé vestige national. C’est le premier site de production de céramique classé au Vietnam. À l’heure actuelle, la céramique de Chu Dâu est exposée dans 46 établissements, répartis dans 32 pays dans le monde. Le plus proche du lieu de production est le Musée de la province de Hai Duong dont une pièce y est conservée.