Pho Hien, ancien port international du Nord, classé patrimoine national spécial
L’ensemble des vestiges de Pho Hien compte plus de 100 monuments
historiques et culturels de valeur, dont 18 classés dans la liste des
patrimoines nationaux. Seize font partie du site Pho Hien qui va bientôt
être reconnu patrimoine national spécial.
Les monuments
représentatifs de Pho Hien sont des ouvrages architecturaux datant des
16e et 17e siècles tels que temples, pagodes, maisons communales, sièges
de congrégations chinoises,...
Il faut aussi mentionner
les fêtes traditionnelles organisées annuellement dans ces lieux. Le
tout contribue à redonner de la vie à Pho Hien, centre commercial le
plus important du Nord qui connut son âge d’or au 17e siècle.
Cette année, les fêtes traditionnelles de Pho Hien comprennent des
cérémonies religieuses, des expositions d’antiquités et de bonsaïs, des
jeux traditionnels, des concours de chants folkloriques…
Pho Hien, située dans la province de Hung Yen d'aujourd’hui, était un port international du Nord, rival de Hoi An au Centre, d'après l'homme de culture Huu Ngoc.
A Pho Hien
vivait une population d’agriculteurs et de bateliers-pêcheurs. Au 10e
siècle, Pho Hien fut le fief du seigneur de guerre Pham Phung At. Au 13e
siècle, des réfugiés chinois y créèrent un village. Plus tard,
l’endroit choisi comme siège administratif devint une bourgade
florissante.
A partir du 16e siècle, certains pays
occidentaux (Portugal, Hollande, Espagne, Angleterre, France) animèrent
le commerce maritime avec l’Asie. Bien que situé à l'écart de ce circuit
– ce qui n’était pas le cas de Hoi An (ex-Faïfo) – Pho Hien n’en a pas
moins bénéficié. D’autre part, les seigneurs Trinh voulaient développer
le commerce extérieur pour mieux s’équiper dans la lutte contre les
seigneurs Nguyen du Sud, mais comme ils ne permettaient pas l’ouverture
de comptoirs étrangers dans la capitale Thang Long, Pho Hien est devenu
l’avant-port de cette dernière et le centre commercial le plus important
du Nord. Des comptoirs étrangers s’ouvrirent : hollandais (1673-1700),
britanniques (1672-1683), français (1680). D’autres marchands venaient
de l’Asie du Sud-Est (Siam, Malaisie, Philippines), d’Europe (Portugal,
Hollande, Angleterre, France). Les Chinois ont été présents très tôt.
Ils servaient d’intermédiaires pour les étrangers.
Le
marchand britannique William Dampier rapporte que Pho Hien avait, à son
apogée, 2.000 maisons, une garnison, une belle maison habitée par deux
évêques.
Pho Hien importait des articles de luxe pour la
Cour, des armes et des munitions, du cuivre, de l’or, de l’argent, des
médicaments, de la porcelaine et des tissus de Chine… Il exportait
épices, céramique et surtout soieries.
De la fin du 17e
au début du 18e siècles, Pho Hien déclina. Les comptoirs fermèrent, les
bateaux étrangers ne vinrent plus. Cette récession peut s’expliquer par
plusieurs facteurs : d’une part de nombreuses révoltes paysannes (à
partir des années 30 du 17e siècle) qui ont secoué le pays ; d’autre
part, plusieurs autres pays d’Asie orientale (Japon, Chine) produisant
et vendant davantage, et l’industrialisation des pays occidentaux qui
désormais pouvait se passer de certains produits importés, ont fait
perdre aux produits vietnamiens (soieries, céramique) une grande partie
de leur intérêt, face à cette concurrence internationale.-VNA