Les Journées européennes au Vietnam nous réservent souvent de belles surprises. Cette année, pour peu qu’en plus, ils soient germanophiles, les bédéphiles sont comblés puisque l’Institut Goethe a organisé une exposition consacrée à la bande dessinée allemande, une exposition haute en couleur. Reportage de la Voix du Vietnam.

Une collection de 55 albums ou romans illustrés signés par 13 des plus grands bédéistes allemands actuels... Qui dit mieux ? « sehr schön », aurait-on dit au pays de Goethe ! A noter que parmi tous ces bédéistes, certains sont de parfaits autodidactes, ce qui ne les empêche pas de créer des univers particulièrement vivants et colorés.

“Cette exposition est le fruit d’un projet élaboré il y a 3 ans, autour de la bande dessinée allemande ”, nous indique Helmuth Meyer Zollitsch, le directeur de l’Institut Goethe de Hanoi . “On a sélectionné 13 bédéistes de styles très différents.” 

Les bédéistes en question appartiennent à au moins deux générations. Ils ont bien sûr beaucoup de bandes dessinées à leur actif, des mangas ou des romans illustrés. Chaque oeuvre présentée porte un univers qui lui est propre et apporte au visiteur une vision du monde bien particulière. Treize bédéistes, donc, et autant de styles très différents, avec néanmoins un dénominateur commun : le goût de l’innovation. Innovation dans tous les domaines : graphisme, expression, mise en page, édition...
Nguyên Thanh Phong est l’une des étoiles montantes de la bande dessinée vietnamienne puisqu’il a déjà reçu plusieurs prix internationaux prestigieux. C’est bien évidemment en expert qu’il nous livre ses impressions sur le travail de ses confrères allemands. 

Les styles sont vraiment très diversifiés” , constate-t-il . “Ça va du style dessin animé au style néo-réaliste en passant par l’expressionnisme. Les techniques utilisées aussi sont très variées. C’est d’ailleurs parfois assez traditionnel, mais à l’heure du tout numérique, ça fait parfois du bien de voir ça ! Et puis en tout cas, ça nous change de la déferlante japonaise, chinoise ou coréenne !... Le manga, c’est bien, mais on est quand même content de découvrir autre chose!...” 

Les oeuvres exposées sont parfois d’une simplicité désarmante, mais elles sont toujours extraordinairement expressives et évocatrices, qu’elles nous parlent d’un petit lapin, sur le mode enfantin, ou d’un personnage historique. “Cette exposition m’intéresse dans la mesure où les oeuvres présentées tranchent vraiment avec celles qu’on peut trouver ici, au Vietnam” , nous confie Nguyên Ngoc Quan, un jeune bédéiste . “Mais ce qui me frappe surtout, c’est une dimension parfois philosophique. Ce sont des ouvrages qui stimulent la réflexion, pas comme les bandes dessinées en vogue chez nous !” 

Qu’elles soient conçues au moyen d’un ordinateur ou à la main, les images proposées ont le don de captiver un public qui ne s’est d’ailleurs pas trompé quant à l’aspect très actuel de certaines d’entre elles. Line Hoven est l’une des bébéistes dont les oeuvres sont exposées. “C’est une exposition qui a vocation à faire découvrir au public toute la richesse et toute la diversité de la bande dessinée allemande” , nous explique-t-il . 

Une exposition de ce genre ne peut bien sûr que susciter de nombreux échanges, parfois vifs et passionnés, mais toujours passionnants ! Nguyên Quang Huy, étudiant à l’Ecole des beaux-arts de Hanoi : “Moi, ce qui m’a le plus impressionné, ici, ce sont les mangas, nous dit-il. Ça a évidemment un côté japonais, mais en même temps, il y a quelque chose de très original dans la manière de doser les coloris et de traiter la forme, quelque chose d’assez germanique, j’imagine, mais qui est exprimé avec beaucoup de subtilité. Soit dit entre nous, ce n’est pas ici qu’on verrait ça !” 

Pour bien des gens, l’Allemagne, c’est avant tout la patrie des grands compositeurs : Bach, Beethoven, Brahms... Eh bien voilà que cette exposition nous fait découvrir une nouvelle facette, inatendue mais ô combien séduisante, de la culture allemande... “Wun-der-bar” (Merveilleux, ndlr), vous dit-on ! - VNA