Une classe d’anglais à fleur d’eau
Impossible de trouver
cette classe d’anglais sans guide. Et pour cause, celle-ci trône au
beau milieu d’un bateau, lui-même dans un canal bordé de maisons de
fortune, dans le quartier de Ngoc Son, arrondissement de Kiên An, ville
de Hai Phong (Nord). Bref, il faut avoir l’œil.
Une fois sur
place, Pham Thai Huy, étudiant au Département d’anglais de l’Université
de Hai Phong, nous informe que le programme d’enseignement de l’anglais
destiné aux enfants des familles pauvres de ce village de pêcheurs est
appliqué depuis novembre 2014 par 20 membres du club "English for all"
(L'anglais pour tous). Outre quatre classes avec 19 enfants du village,
le club "English for all" donne des cours à 21 enfants orphelins
séropositifs au VIH, au centre d'accueil de Thanh Xuân, dans
l’arrondissement de Hai An.
Lê Van Tuyên, élève de 7e
classe (équivalent à la 5e en France) au collège Luong Khanh Thiên,
arrondissement de Kiên An, fréquente cette classe d’anglais depuis deux
mois. Tuyên est l’aîné d’une famille de trois enfants. Ses parents,
pêcheurs, n’ont pas les moyens de lui offrir des cours d’anglais de
soutien. C’est donc une aubaine pour lui : «Les enseignants sont
dévoués. Leurs explications sont claires et faciles à comprendre. Du
coup, mon niveau d’anglais s’améliore et j’obtiens de bonnes notes»,
dit-il, visiblement satisfait.
Des apprenants motivés
Pour
susciter l’envie d’apprendre et de progresser aux apprenants, les
«enseignants» préparent de petits cadeaux comme stylos, cahiers, bonbons
pour récompenser les bons résultats. Et chaque leçon se termine par 30
minutes de conversation en anglais ou de jeux. Rien de mieux pour
assimiler les apprentissages.
Les enseignants volontaires
sont formels : leurs élèves sont très intelligents. «Le village compte
24 familles, et peu d’adultes sont instruits. C’est pourquoi les
habitants souhaitent voir leurs enfants suivre ces classes», explique Lê
Thi Huyên Trang, membre du club English for all. «Les membres de ma
famille sont tous analphabètes. Nous devons appliquer nos empreintes
digitales pour +signer+ les formalités administratives, ce qui nous
donne un sentiment de honte. C’est pourquoi, je souhaite plus que toute
autre chose que mon petit-fils aille à l’école pour avoir une vie
confortable. Si je ne comprends rien à ce qu’il raconte lorsqu’il parle
en anglais, l’entendre me rend très heureux», partage Trân Van Doan, le
grand-père de Trân Van Viêt.
Ces classes spéciales sont à
l’initiative de Pham Thi Mên, professeure du Département d’anglais de
l’Université de Hai Phong et de Hoàng Duc Huy, étudiant vietnamien en
Angleterre. Hoàng Duc Huy finance à hauteur de 16 millions de dôngs par
an les classes, animées par une vingtaine d’étudiants volontaires.
Chaque volontaire reçoit 50.000 dôngs par séance. Mais les stylos,
cahiers et bonbons pour les élèves sont à leurs frais. Avec la pratique,
la qualité de l’enseignement s’améliore ostensiblement. Il en va de
même du côté des apprenants, désormais très respectueux et motivés. Et
ce n’est qu’un début : «Nous multiplierons ce modèle dans la ville de
Hai Phong», affirme Pham Thi Mên. -CVN/VNA