Spéléologie: Hô Khanh, découvreur de beautés souterraines
C’est dans les années 1990 qu’il se met à fréquenter assidûment la
forêt sur karst de sa région, réputée pour son impénétrabilité en raison
du relief accidenté. «À cette époque-là, moi comme de nombreux locaux
allions en forêt pour gagner notre vie, c’est-à-dire attraper des
animaux ou cueillir des plantes de valeur. Un jour, je suis tombé sur
une cavité d’où s’échappait une sorte de brouillard et un fort courant
d’air». L’entrée d’une caverne, qu’il n’explore pas faute d’équipements.
En 2008, un groupe de l’Association britannique de
recherche de cavernes (The British Cave Research Association-BCRA)
débarque à Quang Binh pour y explorer le riche réseau karstique.
Une trentaine de cavernes découvertes
«Les spéléologues britanniques ont rencontré des locaux connaissant
bien la forêt pour avoir d’éventuelles informations sur les cavernes. Je
leur ai raconté ce que j’avais vu, un jour. Ce halo blanc sortant d’une
cavité. Howard Limbert, le chef du groupe, a eu l’air très intéressé»,
se souvient Khanh. M. Limbert estime en effet qu’il doit s’agir d’une
grande caverne et demande à Khanh de tenter de retrouver le site. Le
coureur des bois s’enfonce dans la jungle, et à la deuxième journée de
recherche, retrouve la fameuse caverne.
Un an après,
les spéléologues britanniques reviennent, toujours avec à leur tête
Howard Limbert. Khanh les amène sur place. L’exploration débute et les
Britanniques n’en croient pas leurs yeux. Avec ses 150 m de large, ses
200 m de haut et ses 5 km de long au moins, il s’agit de la caverne la
plus grande jamais découverte dans le monde. On pourrait même y faire
entrer un Boeing 747 !
Un guide connu et reconnu
En récompense de ses efforts, Hô Khanh a l’honneur de la baptiser :
«Comme il est de coutume, c’est à la personne qui a découvert une
caverne que revient le droit de lui donner un nom. J’ai choisi Son
Doong, ce qui signifie +le mont derrière le village de Doong+». Depuis,
l’«homme des bois» collabore avec les spéléologues britanniques. Il a
trouvé et donné un nom à une trentaine d’autres cavernes, dont Nghia
(nom de sa femme), Thai (nom de son enfant), Hùng (nom d’un ami).
C’est aussi Hô Khanh qui a découvert Thiên Duong, la bien nommée
«grotte du paradis», qui accueille chaque année des milliers de
touristes. «Parcourir la forêt n’est jamais facile. Les égratignures
font partie du quotidien. Etre piqué par les insectes, voire par les
serpents aussi», confie-t-il. Aujourd’hui, Hô Khanh est aussi guide
pour de nombreux groupes de scientifiques (botanistes, zoologues).
En 2011, la caverne de Son Doong a commencé à accueillir ses premiers
visiteurs. Hô Khanh a été embauché par la société Chua Me Dât (Oxalis)
en tant que chef des porteurs. À noter que la visite de Son Doong ne
s’improvise pas. Elle nécessite en effet de passer pas une agence, et de
réserver un tour d’une semaine, compte tenu de la longue marche
d’approche. Seules 225 personnes sont autorisées à la visiter chaque
année. Le prix est plutôt dissuasif (3.000 dollars), mais la liste
d’attente est longue (des étrangers pour la plupart).
Hô Khanh a aussi un petit café à côté de la rivière Son non loin des
cavernes de Phong Nha et Tiên Son, où l’on y parle… grottes bien sûr. Il
a aussi aménagé quelques chambres chez lui pour accueillir les
touristes. Bref, sa vie s’est bien améliorée depuis ses pérégrinations
solitaires en forêt il y a plusieurs décennies à la recherche d’animaux
et de plantes.
Hô Khanh et Howard Limbert viennent
de recevoir par l’État vietnamien l’Ordre du Travail de 3e classe. Hô
Khanh a largement contribué au développement du tourisme dans la
province de Quang Binh. Howard Limbert, pour sa part, a été un pionnier
dans l’exploration du réseau souterrain de Phong Nha-Ke Bàng. – CVN/VNA