Phu My maintient à flot son artisanat de fabrication de bateaux-paniers
Hanoi (VNA) - Phu My, un petit village de la commune de An Dân, district de Tuy An, province de Phu Yên, ne se trouve pas près de la côte et n’est pas non plus un village de pêcheurs, mais ses produits - des bateaux-paniers en bambou tressé peuvent être vus partout sur la côte méridionale du Centre.
L’origine
de ces coracles n’est pas claire, mais beaucoup pensent qu’ils sont nés de l’ingéniosité
des Vietnamiens pendant l’ère coloniale. L’histoire raconte que lorsque les
Français ont prélevé des taxes sur les bateaux au Vietnam, les pêcheurs n’avaient
pas les moyens de les payer. Ils ont donc conçu des "paniers"
circulaires tressés qui, comme par hasard, faisaient également office de
bateaux. Les bateaux-paniers
sont rapidement devenus populaires le long de la côte grâce à leur statut d’exemption
fiscale et à leur ingénierie impressionnante.
Au début, les bateaux-paniers
étaient utilisés pour la pêche aux crevettes et aux calamars, puis comme canots
de sauvetage en cas d’urgence. De nos jours, ils transportent des touristes
dans des écotours pour explorer le paysage de nombreuses localités non
seulement de la côte méridionale du Centre, mais également du delta du Mékong.
Fabriquer un bateau en
panier de bambou à la main demande non seulement de l’expérience, mais aussi de
la patience et des soins méticuleux, car une petite erreur pourrait faire eau ou
chavirer le bateau. Il faut généralement une semaine à un artisan expérimenté
pour fabriquer un coracle d’un diamètre moyen compris entre 2 et 2,5 mètres.
Les bambous le long des
rives de la rivière Nhân My, qui traverse le village, sont la principale
matière première pour fabriquer des bateaux-paniers. Les villageois de Phu My
croient que c’est grâce au sol et à l’eau de la rivière Nhân My que les bambous
cultivés dans cette région sont souples et durables.
Les bambous sélectionnés
pour fabriquer des bateaux-paniers sont âgés d’un an ou d’un an et demi, car
les bambous trop vieux sont durs et cassants tandis que les jeunes sont trop
mous. La partie inférieure dure des bambous sera utilisée pour fabriquer les
jantes des bateaux tandis que l’armature des bateaux sera constituée de la
partie supérieure des bambous qui est plus douce et plus souple.
Tout d’abord, l’artisan
gratte la fine couche externe verte d’une longue tige de bambou et divise la
tige en longues lattes fines et plates de même épaisseur qui seront ensuite
séchées au soleil pendant environ deux jours. Il tresse ensuite les lattes de bambou selon un motif superposé pour créer un tapis tissé. Dans cette
étape, il pulvérise de l’eau pour mouiller sa surface tout en utilisant un
petit ciseau en bois pour pousser les bandes du tapis afin de les rendre
parfaitement ajustées les unes aux autres.
Le point le plus
remarquable qui distingue la fabrication de bateaux-paniers des villageois de
Phu My de celle des autres villages artisanaux du pays est leur technique de
façonnage des bateaux.
Pour donner à la natte de
bambou la forme d’un panier, l’artisan place la natte soigneusement séchée dans
un trou de la taille et de la forme souhaitées qui est creusé dans un terrain
de sable humide, plie progressivement la natte et utilise un pilon en bois pour
battre le tapis jusqu’à ce qu’il tombe complètement dans le trou. Ensuite, il
utilise un long marteau à pointe pointue pour presser le tapis contre la paroi
du trou afin que du sable humide remplisse l’espace entre la paroi du trou et
le côté extérieur du tapis, qui, à ce moment-là, a pris la forme d’un panier.
Une fois l’étape de
façonnage terminée, l’artisan procédera à la création d’une jante pour le
bateau-panier. La jante d’un bateau-panier pour la pêche près du rivage est
composée de six ou sept anneaux de bambou tandis que celle d’un bateau de pêche
au calamar peut nécessiter jusqu’à 12 anneaux de bambou épais. Ces anneaux sont
enroulés autour du bord du bateau-panier par des fibres solides. Ensuite, le
bateau est laissé sécher au soleil.
La dernière étape consiste à recouvrir les
crevasses du bateau d’un enduit spécial afin de créer une couche imperméabilisante pour
le protéger de l’eau. Pour augmenter sa longévité et sa flottabilité, le bateau
est ensuite à nouveau séché au soleil pendant trois jours et recouvert de
couches imperméables à base de poudre d’écorce de Shorea guiso (blanco) Blume,
de kérosène et de sève de Dipterocarrpus alatus. Cet enduit d’oléorésines est "comparable à la peau
d’un poisson sur laquelle les ondulations des vagues passent sans provoquer de
remous". - VLLF/VNA