Avec seulement des bambous noircis par la fumée, Vu Quôc Su, agriculteur, crée des œuvres d’une grande beauté vendues des dizaines de millions de dôngs. Rencontre avec un autodidacte passionné.

Après son service militaire, Vu Quôc Su, 56 ans, originaire du chef-lieu de Long Khanh (province de Dông Nai), est retourné dans son village natal. La passion pour les arts coulait depuis longtemps dans ses veines. Durant son temps libre, il créait de nombreuses œuvres à partir de différents matériaux, sans prétention. Et puis un jour, il tombe en admiration devant des bambous à moitié brûlés : «Il y a dix ans, dans mon fourneau, j’ai vu des formes extraordinaires sur des bambous noircis par la fumée. Je les ai travaillés un peu et surprise, une scène mélangeant la couleur naturelle du bambou et la fumée m’est apparue. J’ai trouvé cela épatant !»

Peintures en noir et blanc


Ses amis et voisins vinrent admirer son travail. «Au début, je faisais cela pour le plaisir, sans aucun but commercial. Et puis, des personnes m’ont demandé d’acquérir certains de mes tableaux. J’ai accepté», partage Su.

Fabriquer une œuvre exige du temps, beaucoup de temps, jusqu’à six ou sept mois parfois. L’artiste choisit soigneusement les bouts de bambou qui sont ensuite fumés pendant trois mois. Après, il commence à créer. «La fumaison est l’étape la plus importante. Elle décide du succès ou non de mon travail», confie-t-il. Et d’ajouter : «Je n’utilise pour gratter la fumée qu’une aiguille et un petit couteau».

Les peintures de Long Khanh n’ont que deux couleurs de base, le blanc du bambou et le noir de la fumée. «Mais il est possible de faire des dégradés en grattant plus ou moins la fumée. La moindre petite erreur et des mois de travaux sont perdus», explique Su. Contrairement à la fabrication des peintures à l’huile ou des laques poncées, «les peintures en bambous fumés demande à l’artiste de travailler continuellement».

Une nouvelle forme d’art ?


Depuis près de dix ans, Vu Quôc Su a créé des centaines d’œuvres, avec pour thème la mer, les îles, des personnages célèbres. Certaines ont reçu des prix du Comité populaire de Dông Nai et ont participé à des expositions au niveau national. Leur prix se négocie entre 20 et 80 millions de dôngs selon le temps de travail.

En raison de l’ingéniosité de l’artiste, certains pensent qu’il s’agit de laques haut de gamme. «En me voyant directement travailler, les plus dubitatifs sont convaincus», dit Su.

Outre le bambou, l’agriculteur talentueux teste son art sur d’autres matériaux, dont le mica, le verre, le plastique. Les premiers résultats sont encourageants. «Je considère cela comme une nouvelle forme d’art. J’espère, à travers mes œuvres, faire connaître aux étrangers la campagne vietnamienne. C’est l’une de mes principales motivations». -CVN/VNA