Des personnalités françaises soutiennent le Vietnam dans la défense de sa souveraineté
Le débat animé par Mme Luc Hélène, présidente d’honneur de l’AAFV et
sénatrice honoraire, a offert une occasion d'échanges francs de points
de vue sur le processus d’ouverture et d’intégration au monde du
Vietnam, ainsi que sur les incidents qui se sont produits récemment en
Mer Orientale. Les délégués se sont accordés sur les succès du Vietnam
dont l'économie en croissance soutenue et la stabilité politique depuis
plusieurs décennies témoignent. Ils ont également fait part de leurs
préoccupations devant les tensions en Mer Orientale en raison de la
volonté hégémonique de la Chine.
L’ambassadeur du Vietnam Duong Chi Dung a mis en avant les succès
importants du Vietnam après trois décennies du Doi Moi. « Ravagé par de
longues guerres, isolé par le blocus et l'embargo américain, le Vietnam
d'aujourd’hui est un pays en plein développement, un pays émergent, un
partenaire économique et de commerce important pour plusieurs pays dont
la France », a-t-il indiqué.
Selon M.
Duong Chi Dung, les réformes profondes marquées par l’ouverture du pays
ont permis à l'économie de décoller avec une croissance annuelle moyenne
de 7 % durant les années 2000. Le revenu per capita a été multiplié
par 11, et la pauvreté recule, en étant passée de 75 % de la population
en 1986 à 10 % en 2012. Le Vietnam a atteint 6 des 8 Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD) des Nations-Unies, rejoignant
ainsi le club des pays de revenu moyen, même s'il est encore dans la
tranche inférieure. Malgré une conjoncture de crise qui perdure, la
croissance économique demeure encourageante avec 5,9 % en 2011, 5 % en
2012 et 5,4 % en 2013.
Le diplomate
vietnamien a également informé l’assistance des récentes évolutions en
Mer Orientale, insistant sur les actes d’agression de la Chine commis
depuis le 2 mai avec le déploiement de la plate-forme pétrolière Haiyang
Shiyou-981 à l’intérieur de la zone économique exclusive et sur le
plateau continental du Vietnam. Pour protéger sa plate-forme, elle
maintient une flottille de plusieurs dizaines de navires d’escorte dont
des unités militaires, dont le comportement est particulièrement
agressif puisque plusieurs navires vietnamiens ont été endommagés, et
plusieurs marins, blessés. « Ces agissements sont une atteinte aux
droits souverains et de juridiction du Vietnam sur sa zone exclusive
économique et son plateau continental tels qu'ils résultent de la
convention des Nations Unies sur le droit de la mer de 1982, mais aussi
une violation de la Déclaration sur la conduite des parties en Mer
Orientale (DOC) convenue entre la Chine et les pays de l’ASEAN », a-t-il
souligné.
Mme Hélène Luc, qui
conduisait le débat, a rappelé la déclaration du 12 mai de l’Association
d’amitié franco-vietnamienne dont elle est la présidente d’honneur : «
Nous appelons les dirigeants chinois à retirer sans tarder la
plate-forme Haiyang Shiyou-981 et la flotille qui l’accompagne de
l’espace maritime vietnamien, à cesser tout acte visant à imposer des
faits accomplis, à respecter leur engagement de parvenir, dans les
meilleurs délais, à la conclusion d’un code contraignant de bonne
conduite".
Mme Marie-Christine Blandin,
sénatrice, vice-présidente du groupe d’amitié France-Vietnam et
présidente de la Commission de la Culture, de l'éducation et de la
communication du Sénat, a exprimé sa préoccupation devant la
recrudescence des tensions dans cette région : «Ce qui se passe en Mer
Orientale nous a tous ébranlés. Nous sommes extrêmement vigilants sur le
débordement de la Chine dont nous exigeons le respect des accords, le
respect du droit maritime. Nous accompagnerons le Vietnam dans ses
revendications ».
Le Général Daniel
Schaeffer, un chercheur renommmé en France, a estimé que l’installation
de la plate-forme Haiyang Shiyou-981 n’est qu’un acte qui rentre dans la
stratégie globale chinoise de matérialisation du tracé en neuf traits
délimitant le territoire maritime chinois. Selon lui, la communauté
internationale doit concentrer ses efforts pour faire disparaître le
tracé qui représente 80 % de la Mer Orientale, empêcher les prétentions
et les actes d’agression de la Chine vis-à-vis de la souveraineté du
Vietnam ainsi que de celle d’autres pays de la région.
« Le Vietnam doit continuer à défendre ses droits, à faire valoir la
justesse de ses droits devant l’opinion publique internationale et à
chercher les soutiens dont il a besoin pour faire en sorte que la Chine
respecte le droit de la mer », a-t-il précisé. Il a indiqué qu’il n’y a
pas d’illusion à se faire avec la Chine, car elle continuera ses actes
illégaux. Il a aussi encouragé le Vietnam à se lancer dans une opération
identique à celle des Philippines, c’est-à-dire saisir une juridiction
internationale pour régler les différends.
« Le Vietnam a raison de continuer d'entretenir une présence en Mer
Orientale et de ne pas se laisser impressionné. Ce n’est pas la première
fois dans son histoire millénaire que le Vietnam ne se laisse pas
impressionné par la Chine, puisqu’à force de lutter, il arrivait
toujours à son indépendance. Il faut mettre en valeur cet esprit dans sa
lutte pour la défense de la souveraineté d’aujourd’hui », a-t-il
conclu. -VNA