Balade à Thô Hà, célèbre village de poterie au Nord
Thô Hà, l'un des trois plus anciens centres de poterie du delta du fleuve Rouge avec Phù Lang (Quê Vo, Bac Ninh) et Bat Tràng (Gia Lâm, Hanoi), est considéré comme une «terre sacrée où sont nés de grands hommes» et un témoin de la culture vietnamienne du delta du fleuve Rouge.
Le métier de la poterie est né au XII e siècle à Thô Hà - terroir riche en grès et argile , pour s'épanouir au fil des siècles. Au XVII e siècle, le célèbre érudit Lê Quy Dôn, de passage, rédigeait un écrit précisant que "Thô Hà possède le métier de poterie et de faïence très rentable".
Selon le registre généalogique du village, Thô Hà est l’un des berceaux
de la céramique qui possède des caractéristiques uniques : solide sinon
éternelle, résonance de cloche, émail brun rouge... Son commerce était
plus que florissant, ce qui a permis à ses habitants de construire le
plus grand temple de la région.
Le village, comme tant d’autres,
a toutefois subi les vicissitudes de la modernité : ses clients se sont
détournés de ses produits traditionnels au profit de céramiques
modernes, plus durables et moins coûteuses. Aujourd’hui, le village est
spécialisé dans la fabrication de pâte de riz et de galettes de riz,
dont on peut suivre l’entier processus en visitant le village.
Architecture traditionnelle
Le
village de Thô Hà est aussi connu pour son architecture typique du
fleuve Rouge, telles qu’en témoignent la porte du village, la maison
communale et la pagode Thô Hà.
La maison communale de Thô Hà
La porte du village,
imposante, est l’une des plus belles de toute la région située en aval
de la rivière Câu. Mais c’est surtout la maison communale de Thô Hà qui
est remarquable : construite en 1692 sous le règne de Lê Hy Tông sur
3.000m² entourés d’arbres désormais séculaires, son grand pavillon
surélevé est bordé de trois gradins de pierres bleues.
Les
angles de son toit de tuiles sont recourbés vers le haut, dans la
tradition typiquement vietnamienne, et décorés de petits animaux en
faïence rouge sombre. Elle possède 22 poutres sculptées de dragons, de
nuages, de licornes et d’autres animaux, portées par un total de 48
colonnes en bois de fer ( lim ) réparties dans ses sept pièces. La
charpente, finement sculptée, comporte des tableaux très vivants, scènes
de jeunes femmes en jupes longues et cheveux en chignon, à cheval sur
des phœnix ou des dragons, ou encore dansant dans les nuages.
Le
sol du pavillon est pavé de pierres bleues polies. La porte d’entrée en
bois sculptée est incrustée d’or, lui conférant une apparence
majestueuse. Aujourd’hui encore, cette maison communale conserve neuf
anciennes stèles de pierre. Compte tenu de sa valeur, c’est dès 1962
qu’elle a été classée héritage national sur le plan architectural et
artistique.
Ce patelin possède plusieurs maisons anciennes de
plus d’un siècle d’existence, elles aussi caractéristiques de la région
du delta du Nord.
C’est en ce lieu qu’évoluent parmi les
meilleurs chanteurs de Quan ho (chant alterné) du pays, des danseurs,
ainsi que de nombreux artisans. Le village organise un festival annuel
qui a lieu du 20 au 22 janvier du calendrier lunaire pour rendre hommage
au fondateur du métier de céramique, le saint du village. Ce festival
de Thô Hà peut être considéré comme l’une des fiertés de la région du
Kinh Bac, la partie Nord de l’ancienne capitale de Thang Long. Lors de
ces jours de fête, les villageois ont une coutume très singulière.
Toutes les familles ouvrent largement la porte du foyer pour accueillir
chaleureusement les visiteurs : plus l’on en reçoit de visiteurs, plus
l’on aura de chance...
Rien d’étonnant à ce que ce village attire de plus en plus de touristes domestiques comme étrangers... - VNA