L'ambassadeur du Vietnam aux États-Unis, Lê Công Phung, a estimé que les remords récemment exprimés par un ancien officier américain reconnu coupable du massacre en mars 1968 dans le village vietnamien de My Lai, sont tardifs mais bienvenus.

"Le massacre de My Lai est l'un des crimes les plus barbares perpétrés par les États-Unis contre le peuple vietnamien, le pays et la culture vietnamiens pendant toute la guerre du Vietnam", a indiqué l'ambassadeur à l'Agence vietnamienne d'information.

"Nous croyons qu'après cet événement, une nouvelle vague s'est produite, secouant la conscience du monde et soulevant un mouvement contestataire résolument engagé contre la guerre du Vietnam, obligeant les États-Unis à envisager leur retrait du Vietnam et à accepter leur défaite", a-t-il ajouté.

Le massacre a commencé lorsque les hommes de la compagnie Charlie commandés par le lieutenant William Calley ont ouvert le feu sur des civils au cours d'une mission dans le village de My Lai et les villages voisins. Plus de quarante ans après, William Calley a exprimé ses premiers remords.

"Ces propos, quoique relativement tardifs, sont très bienvenus, car il s'agit des remords que M. Calley éprouve pour les victimes, pour leurs familles et pour le Vietnam. Ce sont ses propres réflexions, mais aussi celles de ses frères d'armes impliqués, et ce qu'en pensent la plupart des Américains", a-t-il dit.

Selon l'ambassadeur Lê Công Phung, cela devra raviver la conscience et la responsabilité des gens en ce qui concerne les crimes des impérialistes américains au Vietnam, et la coopération avec le pays pour régler les conséquences du conflit.

"Les deux pays se sont coordonnés à tous les niveaux sur le règlement des conséquences de la guerre, un processus auquel ont contribué l'administration américaine, le peuple américain, les écoles, les ONG. Mais il faut dire que les efforts américains ne sont pas encore nombreux, ni suffisants", a-t-il déploré.

"Dans un esprit humanitaire et humaniste, nous avons aidé les États-Unis à rechercher des Américains portés disparus, dès la fin de la guerre dont nous étions victimes. A ce sujet, l'administration et le peuple américains ont tellement prisé la bonne volonté, l'indulgence du peuple et des dirigeants vietnamiens", a-t-il souligné.

La coopération américaine est réelle. "Ils ont coopéré avec nous dans la recherche des Vietnamiens, surtout en ce qui concerne les dossiers. Ils nous ont assisté dans le traitement d'engins non-explosés, et l'assainissement de l'environnement dans les régions contaminées par l'agent orange", a-t-il fait savoir.

"Certaines organisations américaines, y compris celles dirigées par des Vietnamiens, ont aidé le Vietnam à soigner des handicapés après la guerre, les personnes malformées à cause de l'agent orange. Il y a des organisations qui travaillent depuis 20 ans avec le Vietnam", a-t-il poursuivi.

"L'on peut dire que l'attention de l'opinion américaine portée sur le traitement des conséquences de la guerre est énorme. L'administration s'y intéresse à un certain degré. Les organisations américaines ont cherché par tous les moyens à promouvoir la coopération bilatérale, notamment la coopération, l'assistance de l'administration américaine en la matière", a-t-il observé.

"J'ai déjà dit: l'administration américaine l'a fait, mais ce qu'elle a fait n'a pas suffit. D'autre part, face aux crimes commis et aux conséquences causées, s'esquiver et acheter des protections pour échapper aux poursuites se pratiquent encore", a-t-il dit, rappelant le rejet par la justice américaine d'une plainte concernant l'agent orange.

"Mais chose à retenir, plus les relations vietnamo-américaines s'accélèrent, plus la coopération bilatérale, en particulier la disponibilité de l'administration américaine à coopérer, à aider au règlement des conséquences de la guerre, montre des signes plus positifs", a-t-il fait remarquer.

"Le Congrès américain a réservé des fonds aux opérations d'assainissement. Les ministères concernés tels que le Département de la Défense, le Département d'Etat et des organisations américaines comptent pas à pas renforcer les aides matérielles à cette fin", a relevé l'ambassadeur.

Il s'est déclaré convaincu que ces propos tenus par M. Calley, et avec l'actuelle campagne de mobilisation par le peuple et des organisations américaines, conduira dans les temps à venir à une meilleure prise de concience de l'administration américaine sur ses responsabilités pour ne plus s'esquiver ou acheter des protections pour échapper aux poursuites.

Qualifiant de "favorable pour ne pas dire très favorable", le développement des relations vietnamo-américaines ces derniers temps, il a indiqué que la coopération bilatérale "s'est renforcée, s'est consolidée dans nombre de domaines, y compris dans la sécurité, la défense, l'économie, le commerce, l'investissement, l'éducation, les sciences et techniques".

"Dans les temps qui viennent, je crois que cette tendance se poursuivra. L'administration du président Barack Obama va continuer d'oeuvrer avec le Vietnam pour pousser la coopération bilatérale", a prédit l'ambassadeur Lê Công Phung, indiquant que les deux pays préparent activement la célébration du 15e anniversaire de la normalisation des relations entre le Vietnam et les États-Unis en 2010.

Le Vietnam est en train de ménager une visite aux États-Unis de son vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères. Des discussions sont également en cours sur une visite aux États-Unis du ministre vietnamien de la Défense. La partie américaine prépare, elle, des visites au Vietnam des hauts officiels du Département d'État, a-t-il dévoilé.

Les deux pays ont beaucoup de choses à discuter, à préparer pour l'année prochaine, à préparer l'élan des liens dans les temps à venir, notamment réaliser les accords conclus par leurs dirigeants, selon le diplomate, convaincu des améliorations des relations bilatérales dans un avenir visible.

"Il faudra également renforcer la coopération sur les questions d'intérêt commun, non seulement dans l'économie, la politique, l'éducation, mais aussi sur les dossiers comme les changements climatiques, la lutte antiterroriste et la sécurité régionale", a-t-il ajouté.

"Quand le Vietnam assumera la présidence tournante de l'Asean en 2010, la coopération du Vietnam avec les États-Unis pour resserrer les liens entre les États-Unis et l'Asean sera extrêmement nécessaire", a souligné l'ambassadeur, prévoyant que ces sujets figureront au menu des prochaines rencontres bilatérales.

"Je pense que la secrétaire d'État américaine viendra alors assister à la conférence et effectuer une visite au Vietnam. Si les États-Unis et l'Asean seront parvenus à un accord sur une rencontre de haut niveau, le président Barack Obama se rendrait à Hanoi pour assister au sommet USA-Asean et effectuerait une visite au Vietnam, ces deux possibilités qui ne peuvent pas être exclues", a-t-il conclu. - AVI