Présidente de l’Association culturelle franco-vietnamienne et Chevalier de l’Ordre national de la Légion d’honneur, Nguyên Thi Thât Peel, résidant en France, n’a eu de cesse de maintenir les liens avec son pays d’origine et d’aider son peuple.

Nguyên Thi Thât Peel est née en 1941 à Bên Tre, une province vietnamienne du delta du Mékong. En 1959, elle est arrivée en France pour faire des études de musique. «Je garde toujours dans ma tête l’image d’une journée ensoleillée d’avril, au bord de la rivière Hàm Luông, où un pauvre enseignant, mon père, retenait ses larmes en regardant sa fille cadette de 17 ans quitter le pays pour la France», se rappelle-t-elle. Mais le destin ne l’a pas conduite à la musique mais à un... professorat d’anglais. Puis elle est devenue spécialiste des questions des réfugiés, en particulier des enfants mineurs dans les camps auprès du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

Durant plus de 50 ans passés en France, elle a contribué inlassablement à la vie locale, notamment aux activités humanitaires, aux échanges culturels et à la consolidation de la solidarité entre le Vietnam et la France. En 2010, elle s’est vu attribuer le titre de Chevalier de l’Ordre national de la Légion d’honneur, une des plus hautes distinctions honorifiques de l’État français. Elle est actuellement présidente de l’Association culturelle franco-vietnamienne et retourne très souvent dans son pays natal pour divers projets, notamment d’aides aux pauvres dans le delta du Mékong.

Projets au Vietnam

À Bên Tre, le visage de cette femme de petite taille et vive est familier pour les enfants et les femmes pauvres. Un jour, elle discute avec les instances d’une université en vue du développement de la langue française. Le lendemain, elle s’occupe de projets de micro-crédits soutenus par l’Association culturelle franco-vietnamienne de Perpignan destinées aux femmes en situation difficile. Après, elle enchaîne sur de projets de construction de cantines scolaires dans les écoles maternelles. Depuis quelques années, elle organise annuellement des missions médicales en partenariat avec une équipe de Sanofi, de médecins et pharmaciens Français ou Vietnamiens, soit pour assister leurs homologues locaux, soit pour donner gratuitement des consultations aux enfants, aux femmes et aux personnes âgées pauvres.

2012, une année bien remplie

De retour cette année dans sa Patrie, en dehors de sa participation à la 2e conférence des Vietnamiens de l’étranger tenue en septembre dernier à Hô Chi Minh-Ville, elle a travaillé avec l’Université de Cân Tho au sujet du développement de l’enseignement du français.

«En 2012, l’Association culturelle franco-vietnamienne a envoyé à l’Université de Cân Tho deux étudiantes françaises volontaires dans le cadre du service civique international pour une mission de six mois (d’octobre 2012 à mars 2013). Elles aident les étudiants vietnamiens à perfectionner leur niveau de français oral», précise-t-elle.

Durant ses 15 jours au Vietnam, elle a rencontré les responsables du consulat de France à Hô Chi Minh-Ville, de l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) et de l’Institut d’échanges culturelles avec la France (IDECAF) au sujet des programmes pour célébrer les 40 ans de l’établissement des relations diplomatiques bilatérales.

Nguyên Thi Thât Peel s’est aussi rendue au près des familles bénéficiant de micro-crédits et dans trois écoles maternelles à Bên Tre, dont la construction a été financée par Restaurants-sans-frontières.

«À Bên Tre, j’ai examiné les possibilités de nouveaux octrois de micro-crédits. Je vais poursuivre mes activités pour la France et pour le Vietnam», assure-t-elle.

D’un rivage l’autre, un livre sur sa vie

Nguyên Thi Thât Peel et Nicole Yrle, son amie écrivain, a publié "D’un rivage l’autre". Un livre sur cette Viêt kiêu attachée à son pays natal, engagée dans l’humanitaire, une vie personnelle entre deux cultures... Depuis de nombreuses années, elle aime aussi écrire des poèmes.

Ce livre, qui parle de ses sentiments les plus intimes, de sa nostalgie, est le fruit d’une rencontre fortuite entre deux femmes, une Asiatique et une Européenne, que rapprochaient leur appartenance à une même génération, leur métier de professeur et leur amour de la vie.

Ce livre se présente comme un essai illustré des photos de Nguyên Thi Thât Peel, ponctué de ses poèmes écrits en vietnamien et traduits par elle-même. Les thèmes abordés servent de fils conducteurs aux 12 chapitres : ils reflètent à la fois les sujets évoqués par les deux auteurs lors de leurs entretiens, leurs réflexions et leur vécu. -AVI