Un nouvel élan pour la francophonie économique
Hanoi (VNA) – Afin que l’économie puisse prospérer durablement au sein de la Francophonie, une stratégie spécifique a vu le jour en 2020. Celle-ci repose sur les besoins identifiés par les États et gouvernements membres.

En 2022, sur 112 pays et territoires, 321 millions (Statistiques par pays -
extrait LFDM-2022) de personnes sont capables de s’exprimer en français, dont
255 millions de locuteurs quotidiens.
Avec 88 États et gouvernements membres, la Francophonie représente un énorme
potentiel économique, produisant 16% du PIB mondial et affichant une croissance
annuelle de 7%.
Face aux mutations profondes qui ont traversé le monde ces dernières années et
à la nécessité impérieuse de relancer les économies afin de remédier aux
impacts sociaux-économiques néfastes de la crise sanitaire, la Francophonie a
rapidement agi en rénovant sa vision économique à travers l’adoption de la
Stratégie économique pour la Francophonie 2020-2025 (SEF) lors de la 37e session de sa Conférence ministérielle (CMF). Celle-ci s’est tenue virtuellement
les 24 et 25 novembre 2020 sous la présidence de Othman Jerandi, ministre
tunisien des Affaires étrangères, de la Migration et des Tunisiens à
l’étranger, aux côtés de la secrétaire générale de la Francophonie, Louise
Mushikiwabo.
Cette stratégie plaide pour une prospérité durable, partagée au sein d’un
espace résilient, solidaire, inclusif et innovant, fondée, entre autres, sur
l’intensification des échanges commerciaux et des investissements entre ses
pays membres. Elle leur ouvre des perspectives d’essor économique, en vue
d’apporter des solutions qui répondent aux besoins des populations.
Quatre grandes transitions
Dans cette perspective, il convient d’accompagner quatre grandes transitions :
Primo, la transition vers une mondialisation mieux régulée, plus équitable,
respectueuse des droits de l’Homme et de l’environnement.
Secundo, la transition vers une ère numérique plus mature, plus inclusive et
bénéfique à l’humanité grâce à une correction des inégalités engendrées par le
modèle actuel de développement technologique et de l’économie des
données.
Tertio, la transition vers des matrices de développement centrées sur
l’impératif de la durabilité et la capacité de juguler les effets néfastes des
changements climatiques dans des limites soutenables pour l’humanité.
Quarto, la transition cardinale vers un modèle de développement synonyme
d’exigence d’égalité, d’inclusion et d’éradication de la pauvreté.
Objectifs stratégiques
À l’horizon 2025, la Francophonie agira comme moteur de coopération solidaire à
la fois entre ses États et gouvernements membres, et entre ceux-ci et les
autres acteurs régionaux et mondiaux, y compris la communauté scientifique, la
société civile et le secteur privé, afin de contribuer à une prospérité
partagée et durable en encourageant l’innovation croisée.
La stratégie a ainsi pour ambition de faire de la Francophonie un espace de
coopération, d’innovation et de mobilité privilégié en renforçant son rôle
comme agent facilitateur et stimulateur de coopérations économiques et
numériques tant dans une perspective Nord-Sud que Sud-Sud et tripartite.
De plus, la Francophonie deviendra un vecteur d’innovation croisée en
accompagnant des transformations numériques et écologiques ainsi qu’un espace
de prospérité partagée, durable et inclusive en favorisant la création
d’emplois en particulier pour les jeunes et les femmes en soutenant
l’entreprenariat.
La SEF vise aussi à créer une sphère d’influence pour le renforcement de la
langue française et pour l’expertise francophone sur la scène multilatérale en
renforçant sa présence dans les enceintes de négociation et de décision, ainsi
que sur les marchés internationaux et dans le développement de normes
internationales.
Ces objectifs stratégiques reposent sur deux impératifs catégoriques : le
renforcement de la coopération entre les États et gouvernements au sein de
l’espace francophone et l’exigence de dialogue entre ceux-ci afin d’accroître
leur poids mutuel et respectif dans le système multilatéral, en vue de le
régénérer et de le rendre mieux à même d’affronter les défis du monde
contemporain.
Cibles et domaines prioritaires
Conformément aux stratégies transversales de la Francophonie (Stratégie
jeunesse de la Francophonie 2015-2022, Stratégie de promotion de l’égalité
entre les femmes et les hommes, des droits et de l’autonomisation des femmes et
des filles, Stratégie de la Francophonie numérique), la SEF cible en priorité
les jeunes, qui représentent près de 60% de la population de l’espace
francophone et jusqu’à 75% de celle de certains États et gouvernements membres,
et les femmes.
Par ailleurs, la transition numérique et la langue française sont au cœur de
cette stratégie ambitieuse. La première représente aujourd’hui non seulement le
moteur le plus dynamique de l’économie mondiale mais aussi le principal facteur
de transformation du travail pour les jeunes et les générations futures. La
seconde, quant à elle, est considérée comme un vecteur d’échanges commerciaux
et de développement économique. En effet, 5e langue mondiale par le
nombre de ses locuteurs, après l’anglais, le chinois mandarin, l’hindi et
l’espagnol, la langue française est la seule, avec l’anglais, à être présente
sur les cinq continents.
Le développement durable, où la Francophonie s’inscrit en cohérence avec les
engagements de l’Agenda 2030 et des Objectifs de Développement Durable (ODD),
est également un domaine prioritaire de la présente stratégie.
Cinq axes d’intervention
Aux termes de celle-ci, cinq axes d’intervention orienteront les actions
économiques de la Francophonie :
Premièrement, intensifier les échanges commerciaux et les investissements.
Deuxièmement, stimuler l’innovation et l’entrepreneuriat en faveur de
l’insertion professionnelle. Troisièmement, capitaliser sur l’économie
numérique et l’intelligence artificielle. Quatrièmement, miser sur des
politiques publiques fortes. Cinquièmement, aiguiser le plaidoyer
francophone.
* La francophonie économique en chiffres
• 321 millions de locuteurs
• 16% du PIB mondial
• 20% des échanges commerciaux globaux
• 15% des investissements directs étrangers (IDE) émis dans le monde
• 14% des ressources minières et énergétiques
• 11% des terres agricoles. - OIF/CVN/VNA