Hanoi (VNA) - Vibrant highland, commercial love, un film documentaire réalisé par l’Américain Matt Dworzańczyk est désormais disponible sur Youtube. Il a remporté le prix du «Meilleur long métrage documentaire» au Festival international du film indépendant de San Francisco 2016.
Le metteur en scène américain d’origine polonaise Matt Dworzańczyk a suivi des études de cinématographie aux États-Unis. Il pose les pieds pour la première fois au Vietnam en 2009, pour le tournage d’un film touristique sur la province montagneuse septentrionale de Hà Giang. Et c’est le coup de foudre : «J’ai été fasciné par la beauté de Hà Giang, l’une des régions les plus magnifiques du pays», avoue-t-il.
Une légende, une histoire
Après le tournage, Matt Dworzańczyk, 30 ans, se rend au Vietnam à plusieurs reprises dans l’optique de préparer les premières scènes de son film. Mais après avoir écouté l’histoire du marché de l’amour de Khâu Vai, unique au Vietnam, où des couples qui n’ont pas pu se marier peuvent se rencontrer et rester ensemble une journée pour apprendre à se connaître et plus si affinités, il chamboule tous ses plans.
«Cette histoire romantique et mystérieuse m’a incité à réaliser un film documentaire sur le marché de l’amour de Khâu Vai», qui ne se tient qu’une fois par an, au 27e jour du 3e mois lunaire, dans le district éponyme, province de Hà Giang. «Je veux chercher à comprendre, à savoir ce qui se passe ici. Cela m’a pris beaucoup de temps pour tisser une relation d’amitié et gagner la confiance des locaux», explique le metteur en scène américain.
Deux ans après les premières scènes, le tournage de Vibrant highland, commercial love est achevé. «Je suis content de ce documentaire», partage Matt Dworzańczyk. Dans son parcours de découverte du marché de l’amour de Khâu Vai, beaucoup de vérités apparaissent à l’écran : la coutume du «vol» des femmes chez les H’Môngs dans la région montagneuse qui s’est aujourd’hui transformée en enlèvements de femmes, même si, heureusement, les cas sont rares, l’identité culturelle des ethnies minoritaires qui se perd peu à peu, etc.
Alors ce marché, il existe ou pas ?
Matt Dworzańczyk se montre très sceptique quant à l’existence de l’élément «amour» sur le marché en question. Parce que ce lieu a beaucoup changé. Il est aujourd’hui une destination touristique insolite. De plus, les locaux ne s’y rendent pas pour exprimer leur amour. La réalité est moins romantique, puisque des légendes sont nées afin de légitimer et de donner une dimension affective, avec des variantes qui diffèrent en fonction des ethnies ou des régions.
Le producteur de cinéma Trinh Dinh Lê Minh estime que Vibrant highland, commercial love conduit avant tout les spectateurs à parcourir un circuit touristique avec l’équipe de tournage du film. Et coupe court à toutes les spéculations : «S’il n’a jamais existé, le mythe du marché de l’amour est bien entretenu. Cela incite les touristes à venir dans la province de Hà Giang pour admirer les paysages et découvrir l’identité culturelle comme la vie des montagnards vietnamiens», remarque-t-il.
Le Docteur Bùi Quang Thang, de l’Institut de la culture et des arts du Vietnam, abonde dans ce sens. «Le scepticisme qui entoure ce lieu incitera les visiteurs à étudier plus profondément les légendes qui l’entourent», souligne-t-il
Pour le Docteur thaïlandais Yukti Mukdawijitra, de l’Université Thammasat, qui étudie depuis longtemps la culture des ethnies minoritaires montagnardes du Vietnam, Vibrant highland, commercial love est un produit de qualité. «Ce documentaire est très intéressant. En dépit des difficultés causées par la barrière de la langue, l’équipe de tournage a retracé avec succès les entretiens vivants des montagnards», estime-t-il. Et d’ajouter : «Après avoir visionné ce documentaire, les aventuriers et les gens intéressés par les ethnies minoritaires se rendront dans la province de Hà Giang».
Vibrant highland, commercial love n’est pas le premier film documentaire de Matt Dworzańczyk auréolé du prix du «Meilleur long métrage documentaire» du Festival international du film indépendant de San Francisco. En 2013, The land of whispers, un documentaire réalisé en République populaire démocratique de Corée, avait aussi décroché ce prix.
Matt Dworzańczyk a participé à bon nombre de projets cinématographiques à Hollywood ainsi qu’à des programmes télévisés aux États-Unis. Il était assistant technique pour le film The dark knight, qui a remporté deux Oscars en 2009, et le programme de téléréalité America’s got talent.
Aujourd’hui, il dirige un studio de film à Hanoï. «Ayant vécu plusieurs années dans la capitale vietnamienne, j’ai déjà beaucoup d’amis. Je comprends bien votre pays et le dédale de rues sinueuses de la ville. Cela aide !», partage-t-il. -CVN/VNA