Soc Trang, le territoire du "meilleur riz au monde"

Le riz, le principal produit agricole de la province de Soc Trang.

Photo : VNA/CVN

En 2019, lors de la 12^e conférence mondiale sur le riz à Manille (Philippines), le riz ST 25, hybridé par un groupe de scientifiques de Soc Trang comprenant l’ingénieur Hô Quang Cua, le D^r. Trân Tân Phuong et l’ingénieur Nguyên Thi Thu Huong, a été reconnu comme “Le meilleur riz du monde 2019”.

Suivant l’exemple du P^r.-D^r. Luong Ðình Cua, la province de Soc Trang a créé un groupe de recherche pour sélectionner et créer des variétés de riz parfumé, dirigé par l’ingénieur Hô Quang Cua.

La première étude du Héros du Travail Luong Ðình Cua était de créer une variété hybridée, appelée Nông Nghiêp (Agriculture) 1 à partir des riz Kun Ko du Japon et Ba Thac de Soc Trang. Nông Nghiêp 1 est cultivée au Vietnam depuis les années 1960.

L’ingénieur Hô Quang Cua et son trophée “Le meilleur riz du monde 2019”, à Manille, aux Philippines. Photo : VNA/CVN

Une forte résistance

Entre 1991 et 2002, malgré les obstacles, Hô Quang Cua et ses collaborateurs ont collecté des dizaines de variétés de riz parfumé, tout en coopérant avec l’Université de Cân Tho afin d’organiser des expériences visant à comparer leur rendement et leur qualité, et ainsi sélectionner les meilleures variétés.

Avec le soutien en équipement nécessaire et la confiance des autorités provinciales, l’équipe a accéléré sa recherche pour créer de nouvelles variétés de riz parfumé au service de l’agriculture de Soc Trang et de tout le delta du Mékong.

"Afin de sélectionner des variétés de riz performantes et durables, il faut avant tout disposer d’une riche source de gènes résistants. Le riz local présente souvent de nombreuses caractéristiques précieuses en termes de résistance aux conditions défavorables et aux parasites. Cette source est très utile pour hybrider les variétés adaptées", a informé le D^r. Trân Tân Phuong.

L’équipe de recherche a collecté 2.723 variétés de riz ayant diverses caractéristiques telles que les gènes à haut rendement, la résistance à de nombreuses épiphyties ainsi qu’aux insectes, à la sécheresse, aux inondations, à la salinité, à la chaleur et au froid. Il s’agit notamment de 251 variétés de riz parfumé de haute qualité et de 621 variétés de riz sauvage. En particulier, dans cette collection figure une variété vietnamienne, Te Tép, capable de résister fortement à la piriculariose (l’épiphytie causée par le champignon Pyricularia oryzae). Te Tép a été utilisée par l’Institut international de recherche sur le riz (IRRI) et de nombreux pays dans le cadre de leurs programmes d’hybridation pour créer de nombreuses variétés à haut rendement qui sont largement cultivées dans le monde. Avec Te Tép, le Vietnam est considéré comme l’un des centres d’origine du riz.

Cérémonie de remise de satisfecit à l’équipe de scientifiques de Soc Trang créant des variétés de riz parfumé.

Photo : VNA/CVN

Célébrité mondiale

La politique de développement du riz parfumé lancée il y a 30 ans par le Comité provincial du Parti de Soc Trang était audacieuse et faisait face à de nombreux défis et difficultés. Cela semblait impossible dans une période où la sécurité alimentaire nationale était encore très précaire. Cependant, plus tard, cette politique a été reconnue par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural et approuvée ensuite par le gouvernement.

En 2001, après le lancement de la politique du Premier ministre sur la conversion des terres rizicoles inefficaces à d’autres cultures, l’équipe de recherche a cultivé la variété de riz parfumé ST3 en saison des pluies juste après la récolte des crevettes saumâtres en saison sèche. Au départ, ce plan était très contesté. Mais maintenant, le riz parfumé ST occupe une position clé dans les eaux côtières saumâtres du pays, étant considéré par les scientifiques internationaux comme "un modèle unique au monde".

Un modèle applique la technique en alternant la culture du riz avec l’élevage de crevettes organiques à Bac Liêu (Sud).

Photo : VNA/CVN

Actuellement, de nombreuses entreprises appliquent cette technique en alternant la culture du riz avec l’élevage de crevettes organiques, créant une marque très efficace dans le delta du Mékong.

"Il y a plus de 20 ans, lorsque la Thaïlande a annoncé qu’elle avait créé deux variétés de riz parfumé non photosensibles, j’y ai beaucoup réfléchi. S’ils peuvent le faire, pourquoi pas nous ? Le croisement du riz aromatique est réalisé depuis 2002, après avoir collecté suffisamment de variétés parentales. Celles-ci ont été collectées à Taïwan (Chine), au Bangladesh, en Thaïlande, à l’IRRI, dans les provinces du Nord et du Sud du Vietnam. Les hybrides complexes sont créés à partir de nombreuses variétés parentales. Par exemple, le ST20 en compte sept, et encore plus pour le ST24 et le ST25", a expliqué Hô Quang Cua.

"J’ai créé mon propre modèle de culture du riz parfumé Khao Dawk Mali, originaire de Thaïlande, dans mon propre champ, en coopérant avec des agriculteurs locaux", a-t-il raconté. Et d’ajouter : "J’ai prouvé que le rendement du riz parfumé est toujours plus élevé à celui du riz traditionnel et que son prix de vente est presque le double, ce qui a permis d’améliorer les revenus et ainsi le niveau de vie des riziculteurs".

Afin de démontrer ses résultats, le groupe de recherche s’est inscrit aux concours "Le meilleur riz du monde". En 2017 et 2018, le riz vietnamien s’y trouvait dans le Top 3. Et en 2019, le ST25 a remporté le premier prix.

Une délégation du ministère de l’Agriculture et du Développement rurale sur le champ du riz ST25 à Soc Trang.

Photo : VNA/CVN

Cette variété, investie par l’entreprise privée Hô Quang Trí, s’est vu accorder un certificat de protection d’exclusivité pour la production et la commercialisation.

Le projet de développement de la production de riz parfumé de Soc Trang a été mis en œuvre en deux phases (2012-2015 et 2016-2020), contribuant ainsi à augmenter les superficies du riz parfumé, passant de 66.000 ha en 2012 à plus de 178.000 ha en 2020, soit 40.500 ha de plus que prévu. La production a accru de plus d’un million de tonnes, dépassant de 35,5% le plan initial.

D’ici 2025, cette spécialité agricole devrait s’étendre sur 195.000 ha, occupant 60% de la superficie rizicole locale. -CVN/VNA