Le Vietnam déploie depuis début 2012 un vaste plan de restructuration des entreprises publiques pour améliorer leur efficience et leur compétitivité et assurer leur fonction au sein d’une économie de marché à orientation socialiste.

Élaboré par le ministère des Finances, ce plan prévoit que les groupes et compagnies générales publiques doivent lui soumettre leur propre plan de restructuration d’ici à la fin du premier trimestre 2012 en vue d’une mise en œuvre immédiate.

A ce titre, l’accent est mis sur une redéfinition de leur champ d’activité. Le gouvernement interdit désormais la création de groupes publics «à caractère administratif», sauf dans les nouveaux secteurs où l’État détient 100% des capitaux ou est actionnaire majoritaire.

Les entreprises publiques doivent donc réfléchir à ce qui est juste, pas seulement à la perspective de profits rapides, et ne peuvent plus se livrer à des investissements en dehors de leur secteur.

La réorganisation interne s’impose aussi. D’une part, les entreprises entièrement détenues par l’État doivent d’abord poursuivre leur réorganisation et la rénovation de leur gestion. Pour les autres, leur actionnarisation doit non seulement être accélérée mais achevée.

Des mécanismes privilégiés doivent ainsi être mis en place afin d’attirer de grands investisseurs stratégiques, vietnamiens comme étrangers, mais aussi d’encourager la participation des employés au capital de leur entreprise. Toutes entités dont les pertes sont chroniques doivent être liquidées.

D’autre part, des mesures prudentielles en matière de gestion et d’administration devront être déployées cette année. Les groupes et compagnies générales doivent créer un Département de contrôle interne, définir un processus et une réglementation de recrutement de ses plus hauts dirigeants, et respecter la publication et la transparence de leurs informations financières et commerciales suivant le régime des entreprises cotées en Bourse.

Enjeu et perspectives

Fin novembre 2011, le Vietnam recensait 1.309 entreprises publiques dotées de 1,8 million de milliards de dôngs. Elles absorbaient 70% des investissements publics, 60% des crédits bancaires et 70% des aides publiques au développement.

Les entreprises publiques ont contribué en 2011 à hauteur de 230.000 milliards de dôngs aux coffres d’État et créé 1,2 million d’emploi. Elles représentaient 35% du produit intérieur brut (PIB) vietnamien, et 12% d’entre elles étaient déficitaires, selon le ministère des Finances.

Le Comité de réforme et de développement des entreprises publiques voit plusieurs raisons à ce phénomène, d’abord les mécanismes de gestion peu innovants, ensuite les traitements trop préférentiels pour être motivants, et enfin les méthodes d’évaluation de leurs performances qui peinent à empêcher un emploi inefficace des fonds publics.

L’actuelle croissance économique du pays se base sur un modèle dont le niveau est limité par une faible productivité. Or une bonne restructuration peut aider le Vietnam à échapper à la «trappe du revenu intermédiaire». De plus, le pays dépend considérablement des investissements étrangers pour sa croissance, ce qui cause un déséquilibre macroéconomique.

Le ministère des Finances a donc défini un plan comportant quatre volets, les deux premiers portant sur l’adoption du plan de restructuration par chaque groupe et compagnie générale, et l’élaboration du plan de restructuration des entreprises publiques sous l’autorité locale et ministérielle.

Le 3e volet, entre 2012 et 2015, prévoit de réaliser les objectifs d’achèvement de la restructuration du passif des entreprises publiques et de renforcement de leurs capacités en administration d’entreprise. Dernier point mais non le moindre, la restructuration des entreprises publiques du ressort local, de celles relevant de l’autorité des services et ministères est prévue pour la période 2015-2020.

Le ministère a par ailleurs instauré un plan de restructuration concernant quatre groupes. Le premier réunit les entreprises entièrement à capital étatique (défense, sécurité ou encore infrastructures). Le 2e regroupe celles détenues à plus de 75% par l’État (services publics, produits pour les ethnies minoritaires et populations des régions montagneuses). La restructuration des 2e et 3e groupes aura lieu avant leur actionnarisation.

Le 3e groupe comprend les entreprises dont l’État détient plus de 65% du capital : grandes compagnies qui contribuent largement au budget d’Etat et jouent un rôle majeur dans l’application de nouvelles technologies et dans la régulation du marché domestique. Le 4e groupe réunit les entreprises dont la part de l’État est minoritaire, où leur reconversion en sociétés par actions sera accélérée en vue d’une sortie de l’État de leur capital. - AVI