Meo Vac est un district montagneux de la province de Ha Giang (Nord), qui compte une importante population de Mong. Cette année, ces Mong ont fêté le Nouvel An au même moment que la plupart des autres peuples du monde, c’est-à-dire le 1er janvier 2014.

Ce Têt précoce, organisé par les autorités locales, a vu renaître une tradition pour le moins originale : taper sur les fesses de l’élu(e) de son cœur ! Attention, ça n’a rien de vulgaire ! Loin s’en faut.

Sous un beau soleil printanier, les communes de Khau Vai, de Can Chu Phin et de Lung Pu voient affluer des foules. De nombreux jeunes viennent de Dông Van, un district voisin. Dans leurs tenues traditionnelles multicolores, jeunes gens et jeunes filles jouent à des jeux fokloriques comme le lancer de balle d’étoffe ou le tir à la corde, dansent avec la flûte de pan ou se livrent à des concours de chants alternés.

Doc Viet Thanh, président du comité populaire de la commune de Lung Pu, a indiqué: "Ce sont les autorités de la province et du district qui ont décidé d’organiser cette année un Têt précoce pour les Mong. Dans notre commune, Lung Pu, nous faisons de notre mieux pour que ce Têt soit vraiment joyeux."

En effet, c’est un Têt on ne peut plus joyeux ! Pour la première fois, une vieille tradition originale des Mong a été restaurée. Elle consiste à taper sur les fesses de l’élu(e) de son cœur… 9 fois pour lui exprimer son amour. Cette coutume n’est valable qu’aux premiers jours de l’année.

Lorsque les yeux se sont croisés et que le courant est passé, c’est le garçon qui prendra l’initiative de taper sur les fesses de la fille. Si elle acquiesce, c’est donc à son tour de faire pareil vis-à-vis du garçon. Lui vers elle, elle vers lui… 9 fois sont nécessaires pour que la déclaration d’amour soit officiellement acceptée. Reste à attendre l’intervention d’une entremetteuse pour que le mariage soit enfin organisé.

En fait, rien n’est le fait du hasard. Dans la plupart des cas, les jeunes couples se connaissent déjà. Se taper les fesses lors d’une fête printanière n’est qu’une occasion pour eux de se revoir et de décider, oui ou non, ils tiennent à passer ensemble le reste de leur vie.

Giang Thi Du est une Mong de la commune de Ta Lung a fait savoir: "Cette coutume, j’en ai entendu mes parents et mes frères parler depuis longtemps. C’est super de la voir restaurée. J’espère qu’elle redeviendra une pratique courante lors des rencontres galantes du printemps."

Le souhait de Giang Thi Du est partagé par Nguyen Chi Thuong, président du comité populaire du district de Meo Vac. "Cette année, les autorités du district ont demandé aux services compétents de faire appel aux experts pour pouvoir restaurer cette tradition chère aux Mong. Désormais, à chaque fête printanière, les jeunes Mong pourront se taper les fesses comme l’ont fait leurs ancêtres," a-t-il indiqué.

Le soleil a disparu derrière les montagnes, mais la joie brille encore sur le visage des jeunes Mong… et des touristes, tous comblés d’avoir pu assister à l’une des fêtes les plus originales qu’ils n’aient jamais vues. –VNA